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Face aux défis persistants de mobilisation des ressources domestiques et de lutte contre les flux financiers illicites, la Guinée renforce progressivement son dispositif de transparence fiscale. C’est ce que révèle l’édition 2025 du Rapport d’étape sur la transparence fiscale en Afrique, publié par le Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales (Forum mondial) en partenariat avec le Forum sur l’administration fiscale africaine (ATAF).
Alors que l’Afrique enregistre des progrès notables dans la mise en œuvre des normes internationales de transparence, la Guinée, membre de l’Initiative Afrique depuis plusieurs années, affiche des avancées concrètes, bien que le rythme reste en-deçà de la moyenne continentale.
En 2024, la Guinée a participé à l’enquête annuelle du Forum mondial et confirmé son engagement à renforcer l’échange de renseignements à des fins fiscales (EOI). À cet effet, le pays a :
Créé une unité dédiée à l’EOI ;
Désigné une autorité compétente pour les échanges d’informations ;
Noué des partenariats via la Convention multilatérale sur l’assistance administrative mutuelle en matière fiscale (MAAC).
Ces démarches traduisent une volonté politique de structurer un cadre opérationnel apte à recevoir et à envoyer des demandes d’informations fiscales dans un contexte de coopération internationale.
Contrairement à des pays comme le Kenya, la Tunisie ou encore le Bénin, qui ont considérablement augmenté leurs requêtes d’échange de renseignements en 2024, la Guinée reste encore en retrait. Le rapport ne signale en effet aucun volume significatif d’envois ou de réceptions de demandes (EOIR), ce qui suggère une phase de montée en compétence encore inachevée.
Ce faible recours aux mécanismes disponibles constitue un défi majeur, au moment où 23 pays africains ont activement utilisé l’EOIR en 2024, générant à l’échelle du continent près de 400 millions d’euros de recettes fiscales supplémentaires, dont 123 millions via les enquêtes fiscales sur demande, et 276 millions via les échanges automatiques (AEOI) et programmes de divulgation volontaire.
Des obstacles structurels persistants
Selon le rapport, la Guinée partage avec plusieurs pays africains des difficultés structurelles qui freinent une utilisation optimale des outils de transparence :
Absence de stratégie claire pour intégrer l’EOI dans les audits fiscaux ;
Faible culture d’utilisation proactive des canaux d’échange ;
Insuffisance des ressources humaines et techniques qualifiées.
Ces lacunes limitent l’impact potentiel de la transparence fiscale sur la mobilisation des recettes nationales.
La Guinée bénéficie néanmoins de plusieurs appuis dans le cadre du programme Train the Trainer, des formations régionales certifiantes et de l’appui du Forum mondial et de la BAD pour développer ses capacités techniques. Le pays est également éligible à des programmes de sensibilisation sur les actifs numériques, dans la perspective de l’adoption du Crypto-Asset Reporting Framework (CARF) d’ici 2027–2028.
À l’heure où l’Afrique renforce sa souveraineté financière par une coopération accrue, la Guinée est à un tournant. Elle dispose désormais des bases légales et institutionnelles pour s’insérer dans les circuits mondiaux de transparence fiscale. Le défi est désormais d’opérationnaliser pleinement ces outils, de former davantage d’agents spécialisés, et de déployer une stratégie nationale intégrée, orientée vers le recouvrement fiscal et la lutte contre l’évasion.
Dans un continent où au moins 4,2 milliards d’euros de recettes supplémentaires ont été identifiés depuis 2009 grâce aux normes de transparence, la Guinée ne peut rester à la traîne. L’année 2025 devra marquer un tournant stratégique pour transformer l’engagement politique en gains budgétaires concrets.
L’article Transparence fiscale : la Guinée structure ses outils face aux 4,2 milliards d’euros en jeu sur le continent est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.