Wonkifong sous les eaux : mort d’un héros, 61 ménages sinistrés, les autorités appellent à l’action (reportage)

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La sous-préfecture de Wonkifong, relevant de la préfecture de Coyah, a été frappée par des inondations d’une rare violence, dans la nuit du lundi à mardi, 22 juillet 2025.


Parmi les victimes, l’histoire bouleversante d’un jeune de 19 ans, a marqué les esprits. Après avoir sauvé sa mère et sa petite sœur, le jeune garçon a tenté de se mettre à l’abri, mais a été emporté par les flots après l’effondrement d’une planche du toit à laquelle il s’accrochait. Appels à la responsabilité du sous-préfet et du vice-président de la délégation spéciale, à la mobilisation communautaire et à l’interpellation de l’État rythment désormais l’après-crise

En cause, selon le lieutenant Lanciné Camara, sous-préfet de la localité : des constructions anarchiques, l’absence de gestion des déchets, la pression du barrage de Kalé, et une violente chute d’eau en provenance de la montagne de Kendoumaya. Alors qu’un jeune a perdu la vie en tentant de sauver sa famille, le sous-préfet appelle à une réaction urgente des autorités.

« Hier, dès 5h30, j’ai été informé par le Secrétaire général d’une inondation survenue dans notre secteur. Sans tarder, je me suis rendu sur les lieux pour constater la situation. Effectivement, une inondation importante avait touché la zone », rapporte le sous-préfet, encore visiblement marqué par les événements.

Sur place, la mobilisation rapide du président du district de Nasser et de la jeunesse locale a permis de sauver une femme et une adolescente de 15 ans. Mais l’intervention est arrivée trop tard pour un jeune homme de 19 ans, emporté par les eaux.

Le sous-préfet et son équipe se sont ensuite rendus à Kissimodia, une autre localité durement frappée. Là aussi, la situation était critique : plusieurs habitations au moins deux ou trois ont été emportées.

« C’est la première fois que la région connaît une inondation de cette ampleur », affirment les habitants. Selon leurs témoignages, une chute d’eau en provenance de la montagne de Kendoumaya, dans le secteur de Kakoulimaya, aurait débordé, provoquant une montée brutale du niveau de l’eau.

Trois causes majeures identifiées

Le lieutenant Lanciné Camara a dressé trois constats principaux, notamment l’absence de gestion des déchets :  » il n’existe pas de dépotoirs officiels dans la zone. Les ordures sont souvent jetées au bord du marigot, contribuant à obstruer le lit du cours d’eau. Résultat : en cas de forte pluie, l’eau ne circule plus normalement et déborde ».

La pression exercée par le barrage de Kalé : une vidéo présentée par le président du district montre des fuites importantes au niveau du barrage. « L’eau s’en échappe avec force », a souligné le sous-préfet, évoquant une possible contribution à la montée soudaine des eaux.

Les constructions anarchiques : plusieurs habitations sont construites en zones inondables, parfois à quelques mètres seulement du marigot. Certaines sont même édifiées dans des bas-fonds, particulièrement exposés.

Un héros emporté par les eaux

Parmi les drames survenus, l’histoire poignante d’un jeune de 19 ans bouleverse toute la communauté. Après avoir sauvé sa mère et sa petite sœur, il a tenté de se mettre à l’abri. En voulant s’accrocher à une planche du toit, celle-ci a cédé sous son poids. Il a été emporté par les flots, ce qui amène le sous-préfet à lancer un appel à la vigilance. 

« La saison des pluies ne fait que commencer, et nous ne savons pas ce que les prochaines semaines nous réservent. Il faut donc agir vite, sinon d’autres drames se produiront», alerte le sous-préfet, qui dénonce également la vente de terrains en zones à risque pendant la saison sèche, une pratique qui masque le danger jusqu’à l’arrivée des pluies selon lui. 

Face à ces inondations meurtrières qui ont ravagé plusieurs quartiers de Wonkifong, la réaction des autorités locales ne s’est pas fait attendre. Le vice-président de la délégation spéciale, M. Amadou Camara, a pris la parole pour faire le point sur les actions entreprises et appeler à un sursaut national.

« En collaboration avec la commune, nous avons chargé les présidents de districts ainsi que tous les membres du conseil communal de se rendre auprès des sinistrés », a-t-il déclaré. Leur mission poursuit-il :  » aider les familles à sécuriser les biens épargnés, à trouver un logement temporaire et à bénéficier de premiers secours en attendant une réponse étatique plus structurée ».

Bilan humain, zones touchées

 

Canada, un secteur du district de Nasser, où ce jeune homme a perdu la vie, a aussi enregistré 29 familles sinistrées. Aussi, le secteur Mangassimbaya 27 familles sinistrées, et Sangoyah 5, tous relevant du district de Toguiron. Au total donc, 61 ménages sinistrés à travers l’ensemble de la commune. Selon ces responsables locaux, grâce au soutien du directeur de l’hôpital préfectoral et du DPS, des équipes sanitaires ont été dépêchées sur le terrain pour prendre en charge les familles affectées. En parallèle, la commune a commencé à installer des dispositifs de sécurité pour évacuer les habitations situées trop près des marigots et rivières, dans l’optique d’éviter d’autres tragédies.

Mobilisation communautaire et sensibilisation

 

Pour renforcer la prévention, annonce le vice-président de la délégation spéciale, une vaste campagne de sensibilisation est en cours. Selon lui, les présidents de districts ont reçu pour consigne de mobiliser les jeunes, groupements de femmes et leaders communautaires pour relayer les messages de prudence et de solidarité.

« Si ton voisin est malade, ce n’est pas une raison pour rester inactif sous prétexte que tu es en bonne santé. Il faut l’aider à se relever, car demain, cela pourrait être ton tour », a rappelé M. Camara dans un ton à la fois grave et solidaire.

Face à l’ampleur du sinistre, l’autorité locale a lancé un appel pressant à l’État : « Il est urgent de mesurer et de délimiter toutes les zones à risque, marigots, rivières, fleuves afin d’empêcher les constructions anarchiques », a plaidé le vice-président, dénonçant les comportements de certains citoyens fortunés qui remblaient illégalement des zones inondables pour y construire des habitations, au mépris des règles environnementales.

Évacuation immédiate des zones à risque

Dans son intervention, le vice-président communal a également invité la population à quitter sans attendre, les zones dangereuses, estimant que la protection des vies humaines doit passer avant toute autre considération.

« Nous demandons avec insistance aux autorités supérieures de prendre les devants pour mettre fin à cette situation d’ici la période des grandes pluies », a-t-il conclu.

Sâa Robert Koundouno 

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