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En tournée à l’intérieur du pays pour sensibiliser les acteurs de la presse sur le contenu de la future convention collective, le président de la Haute autorité de la communication (HAC), Boubacar Yacine Diallo, a tenu un discours sans détour ce mercredi à Mamou. Face aux journalistes de la région, il a dénoncé avec fermeté les dérives qui minent le secteur, appelant à un sursaut de conscience et à un retour aux fondamentaux du métier.
Au cours de cette rencontre, le président de la HAC a d’abord rappelé la responsabilité qui incombe aux professionnels des médias dans la préservation de la paix et de la stabilité sociale. “Les journalistes ont une grande responsabilité. Si vous voulez qu’il y ait la paix, il y en aura. Si vous voulez qu’il y ait le désordre, il y en aura. Mais dans ce cas, d’autres forces interviendront. Parce que le désordre, lui, il a des gardiens. Si vous créez le désordre, vous créez la violence, il y a des forces qui s’opposent à vous. Et la première force, c’est celle de la loi”, a-t-il prévenu, avant d’ajouter : “Les exécutants de la loi ne ménageront aucun effort pour agir lorsque la loi est violée.”
Tout en mettant en garde contre les conséquences juridiques des fautes professionnelles, Boubacar Yacine Diallo a dit ne pas souhaiter que les journalistes soient confrontés à la rigueur de la loi en raison de leur négligence, de leur incompétence ou de leur malhonnêteté.
Il a ensuite exprimé sa profonde déception face à ce qu’il qualifie de perte de vocation dans la profession. “Beaucoup viennent maintenant dans la profession pour chercher de l’argent. C’est le secteur le plus corrompu aujourd’hui. Pourtant, nous nous arrogeons le droit de dénoncer la corruption.”
Selon lui, ces pratiques sont davantage visibles à Conakry, où certains journalistes affichent un train de vie difficile à justifier. “Allez à Conakry, vous verrez dans quels types de véhicules circulent beaucoup de journalistes. Parfois, ils n’ont même pas de salaire et n’ont aucune autre activité que le journalisme. Et pourtant, ce sont eux qui, chaque jour, accusent les autres de vol ou de détournement. Si nous n’avons pas le courage de sortir ceux qui sont venus chercher de l’argent dans nos rangs, c’est notre profession qui perdra toute crédibilité.”
Pour le président de la HAC, cette perte de légitimité explique en partie les difficultés croissantes d’accès à l’information auxquelles font face les journalistes aujourd’hui. “À notre époque, lorsqu’on annonçait qu’un journaliste était sur le terrain, tout le monde était sur le qui-vive. Mais aujourd’hui, quand un journaliste arrive, on lui dit : ‘Je ne reçois pas ça, vas-y’. Ensuite, on se plaint que les sources sont fermées. Ce ne sont pas les sources d’information qui sont fermées, mais les sources financières. Si tu viens chercher de l’argent, tu n’as ni argent, ni information. Voilà la triste réalité.”
Malgré ce constat alarmant, Boubacar Yacine Diallo garde espoir. Il estime que la Convention collective en cours de finalisation, qui définit les droits et devoirs des patrons de presse et des employés, pourra contribuer à moraliser le secteur et améliorer les conditions de travail des journalistes.
L’article Corruption, dérives, perte de vocation : à Mamou, Boubacar Yacine Diallo sonne l’alerte sur la profession du journalisme en Guinée est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.