Entrepreneuriat : le refuge des jeunes guinéens contre le chômage et la précarité de l’emploi

Face au chômage chronique et à la précarité de l’emploi en Guinée, l’entrepreneuriat se révèle être un abri sûr pour les jeunes en quête d’autonomie financière. Ces dernières années, ils sont nombreux à se lancer dans une dynamique entrepreneuriale. Ils se retrouvent dans tous les secteurs (agriculture, élevage, commerce…), parfois avec peu ou pas de qualification. Mais, face à un marché du travail souvent saturé et formellement rigide, ces initiatives répondent aux aspirations d’une jeunesse ambitieuse et soucieuse de transformer positivement son avenir.

A l’occasion de la célébration de la journée internationale de la jeunesse ce mardi, 12 août 2025, Guineematin.com est allé à la rencontre de certains de ces jeunes qui se démarquent par leurs initiatives entrepreneuriales. Avec un manque de moyens et de soutien financier évident, Tahirou Soumah s’est tracé une voie. Il a abandonné l’école en 10^ème Année. Et plutôt que de baisser les bras, il s’est lancé dans la coiffure. Aujourd’hui, il tient son propre salon à Kipé, un des quartiers huppés de Conakry.

« Je n’ai pas fini mes études, je me suis limité en 10^ème Année, mais j’ai préféré me lancer dans la coiffure. Mon grand frère avait un salon de coiffure, et quand je quittais l’école, il me disait souvent de venir à côté de lui pour apprendre ce métier. Comme l’école n’a pas pu marcher, je me suis lancé dans ça maintenant. Par la grâce de Dieu, je me suis marié dans ça (la coiffure), j’ai trois enfants, et je prends soin de ma petite famille dans ça. Je remercie le bon Dieu », s’est-il réjoui.

Dans la capitale guinéenne, l’entrepreneuriat est bien plus qu’une simple activité économique : c’est une véritable stratégie de résilience et de développement à travers laquelle les jeunes bâtissent leur avenir pour se soustraire de la pauvreté et de la précarité. Encore sur le banc de l’université, Alya Soumah a opté pour la photographie pour se faire un revenu. Ce jeune étudiant a démarré son activité avec sa maigre bourse d’entretien. Et aujourd’hui, il gère un studio photo.

« J’ai commencé cette activité sans soutien. Avant, je n’avais rien. Mais avec pleins de projets en tête, comment les réaliser ? Je n’ai pas de moyen, mais étant étudiant, je me suis dit qu’au lieu de bouffer l’argent de mes pécule (bourse d’entretien), pourquoi ne pas trouver une source de revenue avec cet argent. C’est à travers ma pécule, et avec la collaboration d’un ami de même promotion, on a eu à accumuler nos pécules, et aujourd’hui on a notre studio photo », explique-t-il avec une certaine fierté.

Avec ce modeste studio, Alya Soumah n’a pas encore le sentiment du devoir accompli. Mais, il savoure déjà cette étape franchie. Son ambition est d’innover à travers l’expansion de son studio. Mais le manque de moyen et l’accès difficile au financement freine son élan, sans pour autant entamer sa détermination.

Alya Soumah, étudiant entrepreneur

« On a une seule caméra et un seul ordinateur. Donc, il y a beaucoup d’équipements qui nous manquent. Mais, on n’a pas de moyen ni de soutien, on n’a pas d’agrément pour aller s’endetter à la banque et on n’a personne dans nos familles pour nous aider à très bien moderniser notre entreprise. Cependant, nous avons quand-même l’espoir qu’on va y arriver un jour, car nos conditions de vie d’hier et d’aujourd’hui sont différentes », a-t-il souligné.

Jacqueline Kourouma pour Guineematin.com

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