Siguiri : des jeunes dans la rue contre les sociétés minières chinoises et la pollution des rivières

il y a 7 heures 33
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La tension est montée d’un cran ce lundi 14 juillet 2025 à Siguiri. Dans l’après-midi, plusieurs jeunes sont descendus massivement dans les rues de la commune urbaine pour dénoncer la présence croissante des sociétés minières chinoises, l’exploitation désordonnée de l’or à l’aide de pelles mécaniques  appelées localement ‘’Poclain’’  et la pollution alarmante des cours d’eau, notamment le fleuve Bafing.

Munis de pancartes, de sifflets et scandant des slogans hostiles, les manifestants ont exprimé leur indignation face à ce qu’ils qualifient d’« exploitation abusive » de leurs terres. Ils pointent du doigt les activités minières intensives qui, selon eux, menacent à la fois l’environnement et leur avenir.

Des images largement relayées sur les réseaux sociaux montrent un fleuve Bafing méconnaissable, teinté de rouge, symbole de la dégradation écologique que subit la région. Face à l’inaction des autorités, ces jeunes ont décidé de hausser le ton.

« Cette affaire de Poclain a complètement gâché Siguiri. Avant, c’était au bord du fleuve Niger (Bafing) que nous allions passer de bons moments. Mais aujourd’hui, cela est devenu impossible. Le fleuve Bafing s’est transformé en un fleuve rouge. Nous ne sommes pas sortis pour faire de la politique, mais plutôt pour Siguiri. Nous allons tous passer, mais Siguiri restera et demeurera. Si le président voit ce message, nous le supplions de demander aux utilisateurs de machines Poclain d’arrêter. Tout le monde a vu ce qui s’est passé à Banankoro. Nous ne voulons pas du même sort pour notre préfecture. », a laissé entendre Ày Badra Traoré, un des manifestants.

Le ressentiment est particulièrement fort envers certaines entreprises chinoises, accusées de dévaster les terres agricoles et de polluer les sources d’eau. Pour Brahima Kalil Camara, cultivateur de la localité, la situation est devenue intenable.

« Les dégâts que les Chinois ont causés à Siguiri sont énormes. Nos terres cultivables ne sont plus exploitables, nos rivières sont bouchées, et l’État reste sans réaction. Cette lutte ne date pas d’aujourd’hui. Nos frères l’avaient déjà entamée il y a longtemps. Tout ce que nous demandons au général Mamadi Doumbouya, c’est d’avoir pitié de nous. Il est le seul capable de sortir Siguiri de cette situation. Si, d’ici le 22 juillet, les autorités ne réagissent pas, nous passerons à la vitesse supérieure. Dans deux semaines, nous ne voulons plus voir de Poclain stationnés à Santalaty. À chaque fois qu’on manifeste, ils les déplacent là-bas avant de les faire redescendre. Cette lutte, ce n’est pas pour nous seulement, mais pour nos enfants. Aujourd’hui, la voix des Chinois est plus forte que celle des autochtones. Si cette lutte n’aboutit pas, c’est à cause de certains fils de Siguiri. Mais cette fois, nous n’écouterons personne. Nous nous adressons directement au président Mamadi Doumbouya, dans deux semaines, nous ne voulons plus voir une seule machine Poclain dans Siguiri.  », a-t-il averti.

Même son de cloche chez Ibrahima Kalil Diabaté, qui voit dans cette mobilisation une nécessité pour préserver l’héritage familial et collectif de la ville.

« La lutte que nous menons aujourd’hui, c’est pour Siguiri. Nos ancêtres sont nés ici, nos parents aussi, et nous également. Ils ont su protéger l’héritage laissé par leurs aïeux, et à notre tour, nous devons faire pareil. Nous avons trouvé une terre fertile à Siguiri, sans machines Poclain. Si nous ne luttons pas aujourd’hui, que deviendront nos enfants demain ? Cette lutte doit être menée par tous les fils de Siguiri, car aujourd’hui, nous n’avons plus où cultiver. »

Encadrée par un dispositif sécuritaire, la marche s’est déroulée sans heurts jusqu’en début d’après-midi. Les manifestants ont toutefois prévenu qu’ils poursuivront leur mouvement tant que leurs préoccupations ne seront pas prises en compte.

Alors que la pression monte, l’opinion publique attend de voir si les autorités locales et nationales prendront enfin des mesures fortes pour protéger l’environnement et les droits des communautés riveraines, dans cette zone minière stratégique de la Haute-Guinée.

Pathé Sangaré, correspondant à Kankan

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