«Nous avons acquis 87,5 % de MTN Guinée pour reprendre la main sur notre avenir télécom» (ministre Rose Pola Pricemou)

Célébrée chaque année le 17 mai, cette journée vise à souligner le rôle et l’importance des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le développement économique et social. C’est également une occasion pour les acteurs des télécommunications de sensibiliser le public à l’impact des TIC sur la société, de promouvoir l’accès universel à Internet et aux technologies numériques, et d’encourager les politiques et projets favorisant l’inclusion numérique.

En Guinée, cette journée a été consacrée à des échanges sur les enjeux liés au genre dans la transformation numérique, dans une dynamique inclusive et participative. Le thème retenu cette année par l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) est : «L’égalité des sexes dans la transformation numérique».

Les fondations de la souveraineté numérique

Dans sa communication, la ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie Numérique, Rose Pola Pricemou, a souligné qu’en cette période de refondation, le numérique s’est imposé comme un catalyseur incontournable pour le développement de la Guinée. Elle a affirmé qu’en moins de trois ans, les fondations ont été posées, des actions concrètes ont été menées et les ambitions sont clairement affichées.

«Le secteur des télécommunications et du numérique en Guinée n’est plus ce qu’il était. Il ne sera plus jamais ce qu’il fut. Désormais, nous avons décidé d’être les acteurs de notre souveraineté technologique. Nous ne sommes plus de simples consommateurs de solutions venues d’ailleurs, mais des créateurs, des bâtisseurs, des régulateurs et des accompagnateurs de notre propre destin numérique», a déclaré la ministre.

Des réalisations concrètes pour l’avenir des télécoms

La ministre a ensuite détaillé plusieurs réalisations clés dans ce secteur :

• «Nous avons multiplié par quatre la capacité de notre backbone.
• Nous avons interconnecté notre pays à ses voisins : le Mali, la Côte d’Ivoire et la Sierra Leone.
• Nous finalisons notre Data Center national Tier III à Koloma, un symbole de souveraineté et d’efficacité.
• Nous avons lancé les études pour le second câble sous-marin Amílcar Cabral, afin de sécuriser notre connectivité internationale.
• Nous avons posé la première pierre du Technopark de Sonfonia, futur temple de l’innovation guinéenne.
• Nous avons initié la mise en place du CERT/SOC national et de l’infrastructure PKI pour bâtir la confiance numérique.
• Nous avons connecté 17 universités, 13 écoles, et bientôt des centaines d’établissements à travers le pays.
• Nous avons acquis 87,5 % de MTN Guinée pour reprendre la main sur notre avenir télécom.
• Nous avons formé, via E-Lonny, des centaines de jeunes et de femmes, futurs bâtisseurs de notre souveraineté digitale. Et nous ne comptons pas nous arrêter là», a-t-elle assuré.

L’inclusion, au cœur des débats

Rose Paula Pricemou a rappelé la raison pour laquelle cette journée a été célébrée différemment, en ouvrant un débat stratégique, franc, lucide et porteur d’espoir, autour du thème de l’UIT cette année : «L’égalité des sexes dans la transformation numérique».

«Ce thème est un appel à la vigilance et à l’action. Car l’exclusion numérique est une nouvelle forme d’injustice sociale. Et dans notre pays, nous savons que les femmes, les jeunes, les ruraux et les personnes en situation de vulnérabilité doivent être au cœur de notre action. Cette table ronde est donc plus qu’un événement ; elle est un moment de vérité. Elle portera sur les enjeux du secteur des télécommunications et du numérique en Guinée : bâtir une économie numérique forte avec une meilleure inclusion du genre.»

Selon Rose Paula Pricemou, ce moment d’échange devait permettre de poser les vraies questions :

• Quel rôle les opérateurs veulent-ils jouer dans l’aménagement numérique du territoire ?
• Comment créer les conditions d’une meilleure inclusion des femmes et des jeunes ?
• Quels mécanismes de financement alternatif pour nos projets numériques prioritaires ?
• Comment aligner les actions des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) à notre trajectoire souveraine ?
• Comment faire du numérique un levier direct du programme Simandou 2040 – dans l’agriculture, la logistique, la formation, la santé, l’identité, les services publics ?

Un appel à la collaboration et à la cohésion

Pour conclure, la ministre a insisté auprès des partenaires, innovateurs et décideurs sur le besoin de cohérence, de collaboration et de clarté d’action. «Le temps des silos est révolu. Le MPTEN ne réussira pas seul. Aucun acteur ne réussira seul. Il nous faut bâtir des coalitions stratégiques. Mutualiser les efforts. Valoriser les talents. Renforcer la régulation. Favoriser les modèles économiques durables. Il nous faut créer une économie numérique guinéenne forte, juste, résiliente et tournée vers l’Afrique et le monde. Oui, le numérique est une promesse. Celle d’une Guinée où chaque enfant, fille ou garçon, a accès au savoir. D’une Guinée où les talents ne fuient plus, mais innovent ici. D’une Guinée qui parle au monde depuis ses infrastructures, ses applications, ses idées. D’une Guinée qui se tient debout, connectée, outillée, confiante», a-t-elle affirmé.

Elle a invité les acteurs présents à cette table ronde à débattre, à proposer, voire à critiquer, avec lucidité, mais surtout à construire ensemble un cap clair, pour faire du secteur des télécommunications et du numérique un moteur irréversible de transformation et de dignité.

Mamadou Yaya Barry