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À l’occasion du 67ᵉ anniversaire de l’indépendance de la Guinée, Mme Kaba Madeleine Maka, l’une des premières journalistes de la RTG, est revenue sur le choix historique du 28 septembre 1958.
Dans un entretien accordé à notre rédaction, elle rappelle les circonstances difficiles de cette rupture avec la France et appelle les jeunes à mieux s’informer avant de juger l’héritage du premier président guinéen, Ahmed Sékou Touré.
Interrogée sur les critiques formulées par de nombreux jeunes à l’égard de l’acte posé par le président Ahmed Sékou Touré en 1958, Mme Kaba Madeleine Maka estime que ce jugement manque souvent de profondeur.
« C’est parce qu’ils n’étaient pas informés. Moi, je vous inviterais à revoir un peu. Est-ce que vous vous rappelez dans quelles circonstances la Guinée et les autres pays ont eu l’indépendance ? Vous n’êtes pas sans savoir que c’est à travers un vote historique, le 28 septembre 1958, que la Guinée a choisi de ne pas être dans la communauté française », souligne-t-elle.
Mais ce choix, considéré comme courageux, a eu des conséquences immédiates et lourdes. « La rupture a été brutale, sur tous les plans. Tous les professeurs français, qui étaient majoritairement en Guinée, ont été rappelés. Les infrastructures, le matériel, tout ce qui ne pouvait pas être emporté a été saboté, brûlé, détruit. Il fallait faire table rase », raconte-t-elle.
Face à cette épreuve, la Guinée a traversé ce qu’elle appelle « une traversée du désert », mais sans jamais céder. « Malgré la campagne occidentale pour que la Guinée ne soit pas reconnue, elle est devenue le 82ᵉ membre des Nations Unies. À Lomé, par exemple, où mon père avait été ambassadeur, il n’y avait qu’un seul autre ambassadeur africain : celui du Libéria. Cela montre le chemin parcouru », explique-t-elle.
Elle insiste sur l’importance de ne pas juger sans connaître. « La critique est facile. Mais il faut chercher à s’informer. Beaucoup de dossiers ont été déclassifiés, il faut les lire. Aujourd’hui, avec un simple clic, vous pouvez accéder aux informations », invite-t-elle.
Sans nier les difficultés, Mme Kaba Madeleine Maka reconnaît qu’il y a eu des acquis. « Aucune œuvre humaine n’est parfaite. Il y a eu du bon et du moins bon. Mais la santé s’est améliorée, il y a eu des avancées dans l’éducation. Et sur l’émancipation de la femme, je pense que nous n’étions pas en retard, au contraire », affirme-t-elle.
Pour elle, l’accès croissant des filles à l’école est l’un des progrès les plus notables. « Aujourd’hui, dans les petites classes, vous voyez qu’il y a souvent plus de filles que de garçons. Cela libère les mamans, qui peuvent travailler. Cela contribue aussi au développement du pays », se réjouit-elle.
Elle cite également l’amélioration des soins de santé et la mise en place de la sécurité sociale pour les fonctionnaires et les retraités comme « un acquis très important » qu’il faut préserver.
Au-delà du bilan, son discours est surtout tourné vers l’avenir. Elle exprime son inquiétude face aux divisions internes. « Il y a eu beaucoup de scissions, beaucoup de déchirements. L’ethnocentrisme est vraiment là aujourd’hui, et ça ne nous aide pas », déplore-t-elle.
Elle appelle donc les Guinéens à consolider la paix et à rester unis. « Estimons-nous heureux, parce que des pays voisins ont connu la guerre civile. Nous, nous avons la paix. Il faut la préserver et construire une nation », insiste-t-elle.
Son vœu est clair : « Que le Guinéen et la Guinéenne s’engagent davantage dans la construction du pays, mais dans l’intégrité et le patriotisme. Donnons l’égalité de chances aux hommes et aux femmes pour contribuer au développement de la Guinée. »
Elle adresse aussi un message aux médias, qu’elle juge parfois trop légers. « Dans les médias, certains se distinguent, mais parfois il y a un peu de légèreté. Il faut chercher à se former », lance-t-elle comme un conseil.
En conclusion, Mme Kaba Madeleine Maka salue le chemin parcouru et formule un vœu pour les générations futures. « Je souhaite vraiment la paix, la cohésion nationale, et que nous avancions ensemble en toute intégrité. 67 ans, ce n’est pas 67 jours. Que Dieu nous en donne encore d’autres à vivre ensemble, dans un climat meilleur, avec plus de développement et de progrès », conclut-elle.
Christine Finda Kamano
L’article Madeleine Maka sur l’indépendance de la Guinée : “la critique est facile. Mais il faut chercher à s’informer” est apparu en premier sur Mediaguinee.com.