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À Nongo, dans la commune de Lambanyi, elles sont une soixantaine de femmes à livrer chaque jour une rude bataille, loin des projecteurs. Leur combat ? Le fumage du poisson, un savoir-faire artisanal transmis de génération en génération. Derrière chaque filet fumé vendu sur les marchés se cache un quotidien éprouvant, rythmé par la précarité, les sacrifices et l’épuisement, surtout en cette saison des pluies.
« Nous rencontrons énormément de difficultés pendant l’hivernage. Chaque jour, dès 4 heures du matin, nous partons à Kénien chercher du poisson, malgré les risques », confie Mariame Fofana, porte-parole des femmes fumeuses de poisson de Nongo.
Avec l’humidité, le poisson devient plus rare et les prix s’envolent. « En saison sèche, un carton de Konkoé coûtait 400 000 francs guinéens. Aujourd’hui, il faut débourser 500 000 GNF. À cela s’ajoutent les frais de transport : 20 000 francs par personne pour l’aller-retour, et 5 000 GNF par carton », détaille-t-elle.
Mais ce n’est là qu’un début. Les routes dégradées et les pluies diluviennes compliquent davantage l’approvisionnement. « Lorsqu’il pleut abondamment, les routes deviennent impraticables. Il arrive que les véhicules tombent en panne, notamment dans des zones inondables comme à La Minière ou au rond-point de Hamdallaye. Dans ce cas, nous devons décharger les cartons, négocier un autre chauffeur, ou faire appel à des taxis-motos pour rallier Nongo», explique Mariame Fofana.
Conditions précaires
De retour à Nongo, un autre défi les attend : le fumage du poisson. Ici, pas de fours modernes ni d’abris adaptés. Les installations sont sommaires, et les ressources limitées. Le bois, indispensable pour la cuisson, est difficile à obtenir, notamment le bois de mangrove « kinsi » — traditionnellement prisé pour ce type de travail.
« Quand la pluie mouille notre stock de bois, on doit aller récupérer des résidus dans les ateliers de menuiserie ou collecter des cartons pour allumer le feu. C’est un vrai défi quotidien », reconnaît Mariame Fofana.
Au-delà de l’effort physique, la santé de ces femmes est en jeu. Exposées en permanence à la fumée, elles en subissent les conséquences. « Du matin au soir, nous sommes exposées à la fumée. Cela affecte sérieusement notre santé. On a souvent du mal à respirer, et personne ne se soucie de cela », déplore-t-elle.
Une fois le poisson fumé, ces travailleuses se chargent elles-mêmes de la commercialisation. « Nous acheminons une grande partie chez nos clientes qui sont majoritairement des vendeuses de riz dans des restaurants. Le prix varie entre 20 000 et 150 000 francs guinéens l’unité, selon la taille et la qualité », explique Mariame.
Malgré les difficultés, impossible pour elles d’abandonner cette activité qui constitue leur seul moyen de subsistance. Mais elles espèrent un geste des autorités. « Nous sommes près de 60 femmes à vivre de cette activité à Nongo. Nous lançons un appel au ministère de la Pêche, mais aussi au président Mamadi Doumbouya, afin qu’on nous dote de moyens modernes et de conditions de travail dignes », plaide-t-elle.
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