Cybercriminalité : une menace grandissante pour les économies des pays de l’Afrique de l’Ouest

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Une récente étude typologique menée par le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) révèle que la région ouest-africaine connaît une progression rapide de la cybercriminalité, portée notamment par une connectivité Internet en forte hausse. Cette connectivité, bien que disparate — de 70 % au Cap-Vert à seulement 15 % au Niger —, dépasse en moyenne celle de l’Afrique subsaharienne.

Ce développement s’est accompagné de la prolifération de nouveaux outils numériques de transfert d’argent : services bancaires en ligne et mobiles, paiements électroniques, crypto-monnaies, plateformes de commerce électronique et jeux d’argent en ligne. Toutefois, ces avancées sont contrebalancées par une hausse exponentielle de la cybercriminalité, aux conséquences économiques et sociales lourdes.

Typologies de fraudes

L’étude identifie plusieurs formes de cyberfraudes, parmi lesquelles la fraude à l’avance de frais arrive largement en tête (40 %). Suivent les fraudes liées à l’argent mobile (15 %), les combines de type Ponzi (13 %), le piratage de sites web et de plateformes commerciales (7 %) ainsi que la compromission de courriels professionnels (7 %). Les cas de fraude à la carte bancaire et de financement du terrorisme sont moins fréquents, mais demeurent préoccupants.

Des lacunes juridiques et institutionnelles

« Il existe d’importantes lacunes législatives dans les pays de la région, notamment en ce qui concerne les prérogatives des autorités centrales chargées de la lutte contre la cybercriminalité et les cadres juridiques permettant de détecter, de prouver et de réprimer efficacement le blanchiment de capitaux ou le financement du terrorisme », souligne le rapport.

Si certaines juridictions ont instauré des mécanismes répressifs, les dispositifs préventifs restent globalement insuffisants. Les rares avancées en matière de gestion des preuves électroniques sont encore loin d’être généralisées. De plus, les enquêtes financières parallèles sont rarement menées, en raison de l’insuffisance des équipements techniques, du manque de coordination nationale et de la faiblesse de la coopération régionale et internationale.

Les pays africains les plus touchés

Selon les données de la Commission de l’Union africaine (CUA, 2016), trois pays africains figurent parmi les cinquante les plus touchés par la cybercriminalité : l’Afrique du Sud (11e, avec 434 plaintes), le Nigeria (24e, avec 215 plaintes) et l’Égypte (45e, avec 95 plaintes). En termes de pertes financières, l’Afrique du Sud arrive en tête avec 6,5 millions de dollars, suivie du Nigeria (2,9 millions) et de l’Égypte (523 000 dollars).

Le cas préoccupant de la Guinée

En Guinée, l’étude relève une montée inquiétante des fraudes numériques, notamment via les réseaux sociaux et les services de mobile money. La Direction de la police judiciaire (DPJ) enregistre régulièrement des plaintes liées à ces pratiques.

Les principales typologies observées sont :
Des fraudes à l’avance de frais via Facebook, WhatsApp ou e-mail : promesses d’emploi, héritages fictifs, dons humanitaires, etc.
L’usage frauduleux de cartes SIM pré-activées et de comptes mobile money pour transférer ou dissimuler des fonds.
L’utilisation de cryptoactifs pour blanchir des revenus illicites dans le secteur informel.
Des failles dans les procédures de vérification d’identité lors de l’ouverture de comptes téléphoniques ou bancaires.

Sur le plan juridique, le rapport souligne que la Guinée ne dispose pas encore d’un cadre législatif complet et conforme aux standards internationaux, notamment à la Convention de Budapest. L’absence de coordination entre les institutions clés (Banque centrale, régulateur des télécoms, justice, police) nuit considérablement à l’efficacité de la riposte. De plus, la plateforme nationale de cybersécurité, pourtant prévue dans la stratégie numérique du pays, n’est toujours pas opérationnelle.

En somme, la Guinée fait face aux mêmes menaces que ses voisins, mais manque encore des moyens humains, techniques et juridiques nécessaires pour y répondre efficacement. Le renforcement du cadre légal, le développement des compétences des forces de l’ordre et une vaste campagne de sensibilisation du public s’imposent comme des urgences pour enrayer la progression de ce phénomène aux effets dévastateurs.

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