Baisse des taux directeurs de la BCRG : « les avantages de la mesure risquent d’être limités par la crise de liquidité » (S. Diallo)

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A la Banque Centrale de la République de Guinée, le taux directeur est passé de 10,25% à 9,75%, et le coefficient de réserve obligatoire de 12,25% à 11,75%. C’est ce qui a résulté de la 19ème réunion du comité de politique monétaire de la BCRG le 26 septembre dernier à Conakry.

C’est quoi le taux directeur ? Et le coefficient de réserve obligatoire ? A quoi renvoie leur réduction ? Quels en sont les avantages ? Pour comprendre les contours de cette mesure, nous avons jugé nécessaire de solliciter la lecture d’un économiste. Joint au téléphone, Safayiou Diallo a commencé par répondre à la première question.

« Le taux directeur, c’est le taux d’intérêt de la banque centrale. D’autres peuvent l’appeler aussi le taux de refinancement, c’est-à-dire le taux auquel les banques se refinancent auprès de la banque centrale. Pour faire simple, le taux directeur, c’est le taux auquel les banques empruntent de l’argent à la banque centrale, mais également c’est le taux auquel on rémunère les dépôts des banques auprès de la banque centrale », a-t-il expliqué

La baisse du taux directeur permet de relancer l’économie.

Selon l’économiste, la baisse du taux directeur à la BCRG est très avantageuse. Elle profite surtout aux banques primaires.

« Lorsqu’on diminue le taux directeur, cela voudrait dire que les banques, logiquement, au cas où elles empruntaient de l’argent auprès de la banque centrale, elles le feront à un taux d’intérêt un peu plus bas. Et les agents économiques qui ont besoin de financement vont emprunter de l’argent à un moindre coût. Lorsque ces entreprises vont emprunter à un coût très faible, cela va leur permettre naturellement de faire face au financement de leurs besoins d’investissement et de rembourser l’argent qu’elles ont emprunté sans pour autant subir beaucoup de charges. Ça permet de relancer l’économie », a poursuivi l’économiste.

Crise de liquidité, un frein à l’efficacité de la mesure

Cependant, Safayiou Diallo est pessimiste quant à l’efficacité de la mesure sur le terrain. Il estime que la crise de liquidité ne plaide pas en sa faveur.

« Beaucoup d’économistes comme moi, s’interrogent sur l’efficacité de cette mesure. Pourquoi ? Parce que nous sommes dans un contexte de crise de liquidité. Les banques qui sont implantées en Guinée, ce sont des banques à capitaux étrangers. Elles comptent beaucoup plus sur les faibles dépôts des clients pour distribuer du crédit (…) Mais étant donné qu’aujourd’hui, il y a une crise de confiance entre les différents acteurs économiques, il y a peu d’argent qui est constaté, en tout cas, au niveau des banques. Les gens ont plutôt trouvé des structures parallèles pour pouvoir se prêter de l’argent entre eux, pour pouvoir régler les dettes qu’ils contractent entre eux etc. Du coup, presque les gens ne recourent pas au système bancaire compte tenu du fait que quand ils déposent leur argent à la banque, il y a des risques qu’ils ne puissent pas le récupérer », a rappelé M. Diallo.

Baisse du coefficient de réserve obligatoire pour plus de liquidités

Quant au coefficient de réserve obligatoire, l’économiste dit que c’est une proportion que la banque centrale prélève sur le dépôt du client, qu’elle ne rémunère pas pour les banques et qu’elle ne rembourse jamais aux banques. Elle a aussi ses avantages.

« La baisse du taux de réserve obligatoire est toujours efficace, parce que ça permet aux banques de disposer de plus de liquidités. Lorsqu’elles disposent de plus de liquidités, cela voudrait dire naturellement qu’elles vont participer à distribuer plus de crédits pour les agents économiques ayant besoin de financement. Et ça permet de relancer l’activité économique et la croissance », a affirmé Safayiou Diallo.

Avec l’obtention de la notation B+ récemment, la Guinée doit désormais se tourner vers les fonds au niveau des marchés financiers internationaux afin de laisser le marché monétaire interne respirer un peu. C’est ce que propose l’économiste en conclusion.

Sékou Diatéya

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