Rémunération des artistes : le BGDA modernise et élargit le système qui passe de 3 à 11 lignes identifiées

À l’issue d’une conférence tenue ce mardi 26 août 2025 à la Maison de la presse de Conakry, le ministère de la Culture et le Bureau Guinéen du Droit d’Auteur (BGDA) ont officiellement lancé la campagne nationale de paiement du droit d’auteur. Une réforme ambitieuse est désormais en marche, avec un objectif clair : rendre la gestion des droits plus juste, moderne et transparente.

Sous l’impulsion du ministère de la Culture, ces acteurs veulent une transformation profonde du système de gestion collective, longtemps critiqué pour son opacité et son inefficacité. Présidant ladite rencontre, le chef de cabinet du département dirigé par le Ministre Moussa Moïse Sylla, a présenté cette réforme comme « un changement de paradigme », visant à garantir une rémunération juste et équitable des créateurs.

Poursuivant, Thierno Hamidou Bah, a souligné que le nombre de lignes de droits recouvrés est passé de 2 ou 3 à 11, dont 7 déjà opérationnelles depuis janvier 2025. Ce progrès, a-t-il indiqué, permet de mieux prendre en compte la diversité des exploitations d’œuvres, qu’elles soient physiques ou numériques.

Autre avancée majeure : la dématérialisation complète des opérations. Désormais, tous les paiements se font via virement bancaire ou plateformes mobiles agréées comme Orange Money, Soutra Money ou Kulu. Ce système garantit une traçabilité totale, réduit les risques de fraude et permet de toucher les artistes sur l’ensemble du territoire national.

Selon le Directeur général du BGDA, la nouvelle approche mise également sur la redevabilité. Moussa Fofana a renseigné que des listes provisoires des bénéficiaires sont désormais publiées sur leurs différentes plateformes, et les auteurs sont invités à vérifier leurs informations et la déclaration de leurs œuvres. L’objectif, dira-t-il plus loin, est de rendre les répartitions plus justes, plus précises et conformes aux normes internationales. Mais pour le réussir, l’ancien conseiller au ministère de tutelle compte enclencher des séances de sensibilisation devant faire face aux difficultés auxquelles ils sont confortés.

« Nos difficultés sont liées à la révolution numérique. Des plateformes de gestion des droits, des plateformes d’utilisation, des sites en ligne… tout cela nous oblige à nous adapter à ces nouvelles exigences, y compris avec l’intelligence artificielle. Mais la principale difficulté que nous rencontrons est liée à la piraterie au sens large, qui est le simple fait d’utiliser une œuvre de l’esprit sans le consentement de l’auteur. C’est-à-dire passer par une société de gestion des droits d’auteur, constitue un acte de piraterie (…). C’est pourquoi nous avons lancé une vaste campagne de sensibilisation, de vulgarisation, de partage et de pédagogie à destination de l’ensemble des utilisateurs, afin de réduire les conséquences liées à l’utilisation frauduleuse des œuvres de l’esprit », a martelé M. Fofana.

Dans son intervention, le président de la fédération des comédiens de Guinée a rappelé l’importance de vulgariser ces réformes au sein des associations culturelles et des troupes. Mohamed Damas Soumah a insisté sur le fait que seuls les artistes dont les œuvres sont utilisées via les canaux reconnus par le BGDA peuvent bénéficier des droits. « Ce n’est pas le statut d’artiste qui donne droit à rémunération, mais l’utilisation réelle et mesurable de l’œuvre », a-t-il précisé.

Pour les acteurs culturels, cette réforme représente un levier, un bouclier et une reconnaissance de leur rôle dans la société. Elle offre un cadre clair, modernisé, éthique et équitable pour tous les créateurs, tout en renforçant la place de la culture dans l’économie nationale.

Il faut donc rappeler que les droits concernés par cette réforme incluent :  le droit d’exécution publique (bars, maquis, restaurants); le droit de déambulation sonore; le droit des tonalités d’attente téléphoniques; le droit de communication au public; et le  droit de reproduction mécanique (CD, clés USB).

Sâa Robert Koundouno

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