Mines: Ahmed Kanté plaide pour une régulation rigoureuse du contenu local

il y a 8 heures 26
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Le Groupe de la Banque Mondiale, en collaboration avec le Ministère guinéen de l’Économie et des Finances, a organisé ce mardi la deuxième édition de l’atelier de dissémination du Rapport de Suivi de la Situation Économique de la Guinée. Cette rencontre stratégique, tenue à Conakry, s’est articulée autour du thème : « Mobilisation et gestion des ressources intérieures pour un développement inclusif et durable ».

L’événement a réuni des représentants du gouvernement, des institutions financières, des experts économiques ainsi que des acteurs du secteur privé guinéen, autour d’une analyse approfondie de la conjoncture macroéconomique nationale. Le rapport met en exergue une croissance projetée de 5,7 % en 2024, 6,5 % en 2025 et de 10 % en moyenne entre 2026 et 2027. Cette dynamique est essentiellement tirée par le secteur minier, notamment les retombées attendues du mégaprojet Simandou. Toutefois, malgré cette embellie économique, la pauvreté reste préoccupante, touchant plus de 52 % de la population, en raison de la faiblesse du développement des secteurs non miniers.

Parmi les moments forts de la journée, l’intervention remarquée d’Ahmed Kanté, ancien ministre des Mines et de la Géologie et représentant de la CGE-Gui (Confédération Générale des Entreprises de Guinée), a marqué les esprits. Lors d’un panel consacré au secteur minier, le président de la FEPAMGUI a livré une analyse lucide des défis à relever pour que la croissance économique bénéficie davantage à la population guinéenne.

« Il est paradoxal de constater que malgré une croissance économique alimentée par les ressources minières, la lutte contre la pauvreté piétine. Cela signifie qu’il faut aller au-delà des chiffres, et s’atteler à une transformation structurelle qui implique réellement le secteur privé national », a-t-il souligné.

Ahmed Kanté a insisté sur l’importance du contenu local, qu’il considère comme un levier essentiel de cette transformation. Il a rappelé que la loi guinéenne prévoit que 40 % des investissements dans les grands projets soient attribués aux entreprises locales. Cependant, selon lui, cette disposition doit être appuyée par une régulation stricte et des mécanismes de suivi clairs.

« Durant les deux premières années, il peut y avoir des écarts par rapport à ces 40 %, mais à moyen terme – c’est-à-dire dans un horizon de cinq ans – nous devons les atteindre. Si ce seuil n’est pas respecté, cela expose les projets à des pénalités, et c’est une exigence de souveraineté économique », a-t-il averti.

L’ancien ministre a plaidé pour une implication renforcée des trois piliers concernés : l’État, qui porte la responsabilité politique et réglementaire ; la CGE-Gui, qui représente le secteur privé ; et les porteurs de projets, qui doivent intégrer durablement les entreprises guinéennes dans leurs chaînes de valeur.

Il a également interpellé les investisseurs internationaux sur la nécessité d’accompagner la montée en compétence du tissu entrepreneurial local, condition sine qua non pour atteindre les objectifs de contenu local.

« Si le secteur privé guinéen n’atteint pas un certain niveau de performance, il est de notre devoir de le créer. Les grands investisseurs savent le faire. Il suffit d’une volonté politique et d’une application rigoureuse des textes », a conclu Ahmed Kanté.

Cet atelier a permis de rappeler que la croissance ne sera réellement inclusive que si elle s’ancre dans une vision de développement national, durable et souverain. Le défi majeur reste désormais la mise en œuvre cohérente de ces engagements sur le terrain, afin que l’économie guinéenne devienne un véritable moteur de réduction de la pauvreté.

Ahmadou Hamzah BAH

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