Guinée–Mali : un cadre de concertation permanent pour fluidifier les frontières et doper la coopération sécuritaire

il y a 2 heures 26
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La Guinée et le Mali ont scellé, le 14 août 2025, un accord politique et technique ambitieux pour lever les obstacles à la libre circulation des personnes et des biens et renforcer la coopération transfrontalière en matière de sécurité. À l’issue de trois jours d’échanges à Conakry (12–14 août), le ministre guinéen de la Sécurité et de la Protection civile, Bachir Diallo, et son homologue malien, Mossa Ag Attaher, ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine, ont annoncé la mise en place d’un cadre de concertation permanent réunissant l’ensemble des acteurs concernés (sécurité, douanes, transports, élevage, commerce, collectivités).

Après un diagnostic partagé des blocages sur le corridor Conakry–Bamako, les deux délégations ont établi un état des lieux sans détour des freins qui, de part et d’autre de la frontière, pénalisent les mobilités, le commerce et la sécurité :

Tracasseries routières : perceptions illicites, contrôles redondants, non-reconnaissance de documents légaux, méconnaissance ou non-respect des textes et accords commerciaux.
Transhumance et divagation du bétail, sources de tensions récurrentes.
Conflits intercommunautaires dans les zones frontalières.

Criminalité transnationale organisée :

Immigration irrégulière, traite des êtres humains, contrebande.
Retard de digitalisation aux postes frontaliers, allongeant les délais et favorisant les pratiques informelles.
Exploitation clandestine des mines et carrières, aux conséquences économiques et environnementales notables.

Au-delà des constats, les deux pays actent que la fluidité du corridor routier inter-États Conakry–Bamako est un enjeu stratégique pour les échanges régionaux et la résilience des populations frontalières.

Un paquet de mesures “opérationnelles” pour passer à l’exécution

Le communiqué conjoint détaille une série de recommandations qui, prises ensemble, dessinent une feuille de route immédiatement actionnable :

1) Facilitation du transport et du commerce

Renforcer les Comités nationaux de facilitation des transports et du transit routier inter-États.
Mutualiser les efforts de toutes les structures publiques et privées de la chaîne logistique sur le corridor.
Vulgariser et appliquer les accords existants (sécurité et protection civile, coopération économique et commerciale, transport routier de voyageurs et marchandises).
Former et sensibiliser les acteurs sur les barrières tarifaires et non tarifaires, avec mécanismes d’alerte aux obstacles.
Interconnecter les systèmes douaniers informatiques pour accélérer la transmission électronique des documents de transit.
Mettre en place un cadre d’échanges périodiques entre les structures de lutte contre la fraude douanière.

2) Sécurité et lutte contre les trafics

Opérations conjointes régulières contre toutes les formes de criminalité transnationale organisée le long des frontières.
Redynamiser la coopération sécuritaire (police, gendarmerie, protection civile).
Faciliter la remise simplifiée “Police à Police”.
Renforcer le partage de renseignements entre services.
Sanctionner les agents indélicats pour enrayer les dérives qui minent la confiance et la circulation.

3) Gouvernance frontalière et cohésion

Missions conjointes périodiques
d’information, de sensibilisation et de contrôle sur le corridor.
Commissions mixtes dédiées à la résolution rapide des différends communautaires.
Mise en œuvre des recommandations de la 9e session de la Grande Commission Mixte de Coopération Guinée–Mali.

4) Pastoralisme et ressources naturelles

Application du Protocole d’accord du 7 avril 2022 sur la transhumance inter-États, pour encadrer les mouvements de bétail, prévenir les conflits et limiter les dégâts sur les cultures.

Lutte contre l’exploitation clandestine des mines et carrières, pour réduire l’impact sur l’environnement, sécuriser les revenus publics et tarir les circuits illicites.

Un cadre permanent et une prochaine session à Bamako

La nouveauté majeure tient dans la pérennisation du dialogue : le cadre de concertation permanent, qui associera ministères techniques, forces de défense et de sécurité, administrations douanières et fiscales, opérateurs du transport, organisations professionnelles, éleveurs et collectivités, doit servir de tour de contrôle pour suivre les engagements, lever les blocages et mesurer les résultats.

Les deux parties conviennent de tenir la prochaine session à Bamako, dans un délai compatible avec l’urgence des sujets abordés.

Les enjeux : de la route au renseignement, une même exigence de résultats

Économiques : la réduction des délais et coûts de passage, l’éradication des prélèvements illicites et l’interconnexion numérique des douanes sont attendues pour fluidifier les flux, sécuriser les recettes et améliorer la compétitivité des transporteurs et commerçants.

Sécuritaires : la montée en puissance des opérations conjointes et du renseignement partagé vise à désorganiser les réseaux (traite, contrebande, faux documents) et à assécher les économies criminelles qui prospèrent sur les failles frontalières.

Sociétaux : la gestion apaisée de la transhumance et la médiation locale des litiges communautaires doivent prévenir les conflits, protéger les moyens de subsistance et limiter les cycles de représailles.

Gouvernance : sanctionner les abus, former les agents et standardiser les pratiques aux postes frontaliers sont indispensables pour restaurer la confiance des usagers.

Ce qui change concrètement pour les usagers

À court terme, les transporteurs, commerçants et voyageurs doivent bénéficier :

de contrôles rationalisés (moins nombreux, mieux coordonnés, fondés sur les textes en vigueur) ;
de procédures digitalisées (dossiers de transit envoyés et vérifiés électroniquement) ;
d’un référent clair en cas de litige (commissions mixtes et missions conjointes);
d’un réflexe répressif contre la corruption de terrain et les trafics.

Les points de vigilance

Application effective sur le terrain : le succès dépendra de la capacité à faire descendre les décisions au niveau des postes, avec des objectifs chiffrés et un suivi mensuel.

Interopérabilité numérique :

l’interconnexion des systèmes douaniers exige des investissements, des protocoles de sécurité et des équipes formées.

Coordination interministérielle :

transports, sécurité, élevage, mines et environnement doivent synchroniser leurs interventions.

Communication : informer les usagers des nouvelles règles et des recours disponibles conditionne l’adhésion et la dénonciation des pratiques illégales.

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