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Konimodia, un village côtier de la sous-préfecture de Kaback, préfecture de Forécariah, située à quelques 98 kilomètres de Conakry, fait face à une situation de plus en plus préoccupante : l’avancée inexorable de la mer. Ce phénomène, dû en grande partie, à l’érosion côtière et au changement climatique, cause des dégâts considérables et met en péril les habitations, les terres cultivables et la sécurité des populations locales.
Ismaël Sylla une victime témoigne de sa souffrance et son inquiétude : « ici, à Konimodia, nous ne pouvons plus construire de bâtiments en briques, c’est des maisons de fortune et quand il pleut, il y’a la vague qui draine la mer dans nos maisons. Des fois, nous pouvons passer toute une nuit à sortir de l’eau dans nos maisons. Chaque fois, nous perdons un peu plus de terre, ce qui nous contraint de reculer, en abandonnant tout derrière nous, sans espoir.
Si rien n’est fait, même ici nous allons quitter, vous voyez les domaines agricoles à ciel ouvert qui sont inexploitables, à cause de la mer, donc honnêtement si nous sommes là encore, c’est juste parce que nous n’avons pas où aller, c’est la terre de nos ancêtres », a-t-il souligné.
Depuis plusieurs années, les habitants de Konimodia constatent avec impuissance la disparition progressive de leur littoral. Des maisons se sont déjà effondrées et des terres autrefois fertiles sont aujourd’hui englouties par les eaux.
Boundou Sylla est un autre citoyen désemparé qui tente de nous expliquer leur calvaire : « là où nous sommes, c’est devenu pour nous une souffrance indescriptible, plus que le calvaire. La mer nous a causé vraiment du pétrin.
De là où je suis jusqu’au niveau où il y’avait des habitations c’était plus de 200 mètres. Ici, ce n’est pas une bordure de la mer, c’était plutôt le village. À l’époque si tu prenais un colis sur la tête avant d’arriver au village c’était de la vraie souffrance.
Là où vous voyez la pirogue là, c’était l’endroit où se trouvait notre concession familiale.
Les plus riches refoulent la mer et construisent. Les conséquences, c’est nous qui subissons, nous les plus démunis. Pendant cette période de sécheresse, nous sommes un tout petit peu à l’aise, mais dès que la saison des pluies s’annonce, c’est la souffrance. Toutes nos maisons sont détruites. Par rapport à la nourriture, c’est la mer-là qui nous donne à manger, à travers la pêche, même si le rendement n’est pas aussi comme cela.
Il y’a une société de pêche qui est venue réduire notre rendement. En plus, nous n’avons pas de périmètre rizicole, là où nous trouvons aussi à manger, nous avons des soucis. Nous demandons au président de la République le général Mamadi Doumbouya de nous aider à renforcer les digues de protection et à nous aider également pour favoriser la pêche, seule source de revenus pour nous les citoyens, si non franchement, c’est grave.
Notre localité manque également d’infrastructures scolaires, la seule que nous avions ici a été démolie pour être rénovée par les autorités, mais cela fait, à peu près 3 années, que les ingénieurs ont quitté le chantier, nous ne voyons plus personne. Nos enfants scolarisés peuvent atteindre les 300 élèves, mais ils n’étudient pas, ils sont tous à la maison, par manque de salles de classes. Nous n’avons rien comme infrastructures sociales de base, nous n’avons rien ici, à part ces pirogues. Nous demandons la clémence des autorités à tous les niveaux », a-t-il renchéri.
Il faut rappeler que la situation est d’autant plus dramatique que les moyens de défense contre la mer sont quasiment inexistants. Aucun dispositif de protection durable n’a encore été mis en place. Certaines familles ont déjà été contraintes de se déplacer vers l’intérieur des terres, abandonnant tout derrière elles, selon le constat fait sur le terrain.