Kankan : des enfants transformés en bergers au détriment de leur avenir scolaire

il y a 4 heures 16
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Dans plusieurs localités rurales de la région administrative de Kankan, de nombreux enfants sont privés d’école. Faute d’alternatives, leurs parents les transforment en bouviers. Âgés de 10 à 15 ans, ces enfants passent la plupart de leur temps dans la brousse à surveiller les troupeaux, souvent au péril de leur vie. Ce qui les éloigne de l’école et de la science, rapporte un des correspondants de Guineematin.com basé dans la préfecture.

Mory Sidibé est propriétaire de nombreux troupeaux. Après plusieurs différends avec les éleveurs maliens qui s’occupaient auparavant de ses bœufs, il a fait un choix radical : employer ses propres enfants. Pour lui, ces jeunes bergers représentent une solution à ses problèmes de main-d’œuvre.

Mory Sidibé, éleveur

« J’ai eu des problèmes avec les éleveurs étrangers. Maintenant, ce sont mes enfants qui m’aident. C’est plus simple pour moi. Je ne peux pas payer des millions aux éleveurs maliens pour un travail que mes enfants font mieux », explique-t-il.

À Foussein, Nana Sidibé, également éleveur, partage la même logique. Pour lui, envoyer ses enfants à l’école représenterait un obstacle majeur à ses activités agricoles et pastorales.

Nana Sidibé, éleveur

« Si mes enfants vont à l’école, qui va m’aider ici ? Je ne peux pas tout faire seul. Je n’ai plus confiance aux éleveurs maliens, qui n’ont jamais été honnêtes avec moi. Avec mes enfants, je me sens plus à l’aise et rassuré », déclare-t-il.

Mais sur le terrain, les enfants ne partagent pas toujours cette vision. Diarra Sidibé, son fils, raconte son épuisement et ses aspirations contrariées. « Je suis fatigué de garder les bœufs. J’aimerais apprendre un métier ou retourner à l’école, mais mes parents m’ont confié cette tâche. Ils m’avaient promis de me trouver un métier, mais jusque-là, rien n’a été fait », regrette-t-il.

D’autres, comme Bana Sidibé, trouvent néanmoins un certain réconfort dans ce mode de vie. « J’aime garder les animaux. Je n’ai pas de regret de ne pas aller à l’école. Je me sens utile ici, car les éleveurs maliens n’ont pas été honnêtes avec mes parents », affirme-t-il.

Mais tout le monde n’adhère pas à cette pratique. Djalamady Kaba, éleveur expérimenté basé à Karifamoriah, s’inquiète de l’avenir de ces enfants.

Djalamady Kaba, éleveur

« Si on continue ainsi, ces enfants n’auront aucun avenir. L’élevage, c’est bien, mais l’école est indispensable. C’est pourquoi je préfère payer beaucoup d’argent aux éleveurs maliens pour prendre soin de mes bœufs que de compromettre l’avenir de mes propres enfants », soutient-il.

Alors que l’école reste un droit fondamental, dans plusieurs zones rurales de Kankan, la réalité quotidienne pousse encore de nombreux enfants vers les pâturages, loin des salles de classe. Un choix imposé plus que voulu, qui pourrait compromettre leur avenir.

De Kankan, Souleymane Kato Camara pour Guineematin.com

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