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Depuis près de deux mois, la ville de Kankan vit au rythme de multiples opérations de déguerpissement ciblant des emprises déclarées propriétés de l’État, mais occupées depuis des années par des citoyens se réclamant propriétaires.
La dernière opération en date a eu lieu ce mardi 20 mai 2025, dans une partie du quartier Gare, en plein centre-ville, où les bulldozers sont intervenus sous haute surveillance des forces de défense et de sécurité, sous le regard impuissant des occupants.
Depuis le lancement de ces opérations, un fait majeur retient l’attention de nombreux observateurs : l’absence totale de mesures d’accompagnement en faveur des citoyens déguerpis. De la ruelle Silani Mango au marché Diaka, jusqu’à la Gare, aucune solution de relogement ou de réinsertion n’a été proposée par les autorités. Pourtant, lors de la toute première opération, le gouverneur de la région administrative, le colonel Moussa Condé, avait invité les services de l’urbanisme et de l’habitat à identifier un site d’accueil pour les commerçants concernés, afin de leur permettre de poursuivre leurs activités.
Au lendemain de la démolition au quartier Gare, la douleur et l’amertume sont palpables chez les nombreux citoyens touchés par cette mesure. Désemparés, ils dénoncent le manque d’humanité et l’improvisation dans l’exécution de ces opérations.
À quelques jours de la fête, l’inquiétude monte au sein des familles, désormais privées de lieu d’activité et de source de revenus. Des citoyens, à l’image de Nouhan Keïta, estiment que l’État aurait dû prendre des dispositions avant de lancer une telle opération :
« Ce n’est pas mauvais de récupérer les domaines de l’État, mais il faut le faire avec méthode. Nous n’avons pas été informés à l’avance ; on nous a seulement donné 24 heures pour libérer les lieux. Il y a plus de 1 000 personnes qui se débrouillent ici, au quartier Gare. L’État aurait pu attendre après la fête. Maintenant, on ne sait même pas comment la préparer. L’État est fort, oui, mais il doit avoir pitié de sa population. Nous sommes tous des Guinéens. Avant de lancer une opération de déguerpissement, les autorités auraient dû nous proposer un autre endroit. Quand on est là pour servir les Guinéens, il faut comprendre leur réalité. Aujourd’hui, en voulant aider la ville, ils causent du tort à des milliers de personnes ici à Kankan. »
D’autres, comme Siaka Condé, insistent sur l’attachement qu’ils ont à ces lieux, devenus au fil des années leur cadre de vie et de travail :
« C’est ici que nous sommes nés. Après les études, nous avons hérité des métiers de nos parents. C’est avec ça qu’on nourrit nos familles. Si le président veut nous déguerpir, nous ne nous y opposons pas, mais nous demandons à l’État de nous trouver un endroit où nous pourrons continuer à travailler et à subvenir à nos besoins. »
Face à ces cris de détresse, les regards sont désormais tournés vers les autorités locales et nationales, appelées à prendre des mesures d’accompagnement concrètes, à la hauteur des attentes des populations impactées.
Pathé Sangaré, correspondant à Kankan
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