Bernard Goumou à N’Zérékoré : entre loyauté à Doumbouya et mission d’unificateur régional

L’ancien Premier ministre Dr Bernard Goumou a effectué une visite à N’Zérékoré ce lundi dans le cadre de la campagne référendaire. De l’aérodrome au gouvernorat, en passant par la Place des Martyrs et le Patriarche, l’ancien chef du gouvernement a déroulé une séquence politique minutieusement calibrée. Plus qu’une simple mobilisation, son passage révèle un positionnement clair : s’imposer comme médiateur et bâtisseur d’unité au service du Président Mamadi Doumbouya.

La foule venue l’accueillir à l’aérodrome de N’Zérékoré témoignait de l’importance que conserve Bernard Goumou dans son terroir. Mais au-delà de la ferveur, c’est le signal politique qui domine : l’ancien Premier ministre reste une figure d’influence en Guinée forestière, capable de rallier les énergies autour du projet constitutionnel en cours.

À la Place des Martyrs, Goumou a livré un discours qui tranche avec les discours électoralistes habituels. Ni promesses, ni attaques frontales : un appel à l’humilité, à la réconciliation et à l’unité. « Je ne viens pas promettre, je viens écouter. Je ne viens pas imposer, je viens tendre la main », a-t-il lancé, avant de demander pardon au nom des responsables passés et présents. Ce positionnement de figure morale, plutôt que de chef politique en quête de pouvoir, renforce son image d’homme de consensus.

L’enjeu de sa visite reste néanmoins le référendum du 21 septembre. Pour Bernard Goumou, le vote OUI représente bien plus qu’un choix technique : c’est l’acte politique qui permettra de tourner la page de la transition et de doter la Guinée d’institutions civiles et légitimes. En insistant sur le lien entre ce référendum et l’avenir du pays, il se place comme un relais direct du Général Doumbouya auprès de la population.

L’ancien Premier ministre n’a pas caché sa proximité avec le chef de l’État. Il a transmis à la foule les salutations du Président, insistant sur la confiance que ce dernier place en la région. En mettant en avant cette relation, Goumou se positionne comme l’un des relais essentiels de Doumbouya en Guinée forestière.

La visite au Patriarche de N’Zérékoré a ajouté une dimension symbolique à sa tournée. En se plaçant sous la bénédiction de l’autorité morale, Bernard Goumou a consolidé son ancrage local et envoyé un message clair : sa démarche s’inscrit dans la continuité des valeurs de respect et de cohésion sociale.

La venue de Bernard Goumou à N’Zérékoré n’était pas une simple tournée régionale. Elle s’inscrit dans une logique stratégique : sécuriser la Guinée forestière comme bastion du OUI, conforter son rôle de médiateur politique et maintenir son poids dans l’équilibre national. Dans un contexte de transition prolongée et de débats houleux sur l’avenir institutionnel, Goumou apparaît comme une carte maîtresse, à la fois fidèle à Doumbouya et porteur d’une ambition propre.

Ci-dessous, l’intégralité du discours prononcé à la Place des Martyrs…

Mes chers parents, mes chers frères et sœurs,

Je vous remercie du fond du cœur pour cette mobilisation exceptionnelle et pour cette réception grandiose, depuis l’aéroport jusqu’à la Place des Martyrs.

Vos chants, vos danses, vos prières et vos bénédictions me touchent profondément. J’ai les larmes de joie, parce que cette cohésion et cette chaleur humaine sont le plus beau témoignage de notre unité.

Permettez-moi, avant tout propos, de vous transmettre les salutations fraternelles du Président de la république, Son Excellence le Général Mamadi Doumbouya, Président de la République.

Il m’a chargé de vous dire qu’il vous porte dans son cœur, qu’il sait votre fidélité et votre dignité, et qu’il compte sur vous pour écrire ensemble cette nouvelle page de l’histoire de la Guinée.

Aujourd’hui, je reviens vers vous non pas en Premier ministre, mais en fils du terroir.

Je ne viens pas promettre, je viens écouter.

Je ne viens pas imposer, je viens tendre la main.

Je ne viens pas diviser, je viens partager avec vous l’essentiel : la réconciliation et l’unité.

Avant d’aller plus loin, je veux poser devant vous un geste d’humilité.

Au nom de mes frères qui m’ont précédé, au nom de ceux qui sont aujourd’hui aux affaires, je demande pardon pour tout le mal que nous avons pu faire, parfois par ignorance, parfois par maladresse, dans l’exercice de la gouvernance.

Pardonnez-nous. Continuez à nous donner vos conseils, vos bénédictions et votre sagesse. Car sans vos prières et vos orientations, nous ne sommes rien.

Mes chers parents, je suis ici pour dire haut et fort que notre région doit parler d’une seule voix : la paix, la réconciliation, l’unité.

Nous devons dépasser les considérations d’ethnie, de clan ou d’appartenance.

Nous devons bâtir une région forte, respectée, capable de peser dans la Guinée nouvelle.

Je lance un appel solennel : que chaque fils et chaque fille de la Forêt, cadre, ministre, responsable, soit accueilli ici avec la même chaleur, la même dignité et le même respect.

Car c’est en honorant nos invités que nous faisons grandir notre région.

Dans les prochains jours, vous verrez arriver ici vos ministres ressortissants de la Forêt. Ensemble, nous tiendrons un grand meeting de lancement officiel de la campagne référendaire.

Chacun d’eux, dans sa langue du terroir, vous expliquera le contenu de la nouvelle Constitution et pourquoi il est important de voter OUI.

Mes chers parents, j’ai été Premier ministre. J’ai atteint le plafond de l’acte administratif.

Aujourd’hui, mon ambition est différente : fédérer nos énergies autour du Président Mamadi Doumbouya et de cette nouvelle Constitution qui ouvre une ère de stabilité, de responsabilité et de justice.

Le OUI, ce n’est pas seulement un vote. C’est :

Parents de la Forêt, chers frères et sœurs,

Je tends la main à tous.

Marchons ensemble, unis et réconciliés, pour que notre région soit un exemple de maturité politique et de grandeur.

Le 21 septembre, nous avons rendez-vous avec l’histoire. Voter OUI, c’est :

Que Dieu bénisse la Forêt,

Que Dieu bénisse la Guinée,

Que Dieu bénisse tous les Guinéens.

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