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En Guinée, l’orientation des nouveaux bacheliers 2025 tourne au cauchemar. Des lauréats en sciences mathématiques, qui rêvaient d’intégrer des filières d’ingénierie ou de médecine, se retrouvent orientés… en sciences des arts plastiques. D’autres, brillants en sciences expérimentales, sont brutalement basculés vers des parcours littéraires qu’ils n’ont jamais choisis. Une situation ubuesque, dénoncée par les étudiants et leurs parents, qui parlent d’anarchie organisée et réclament une véritable Démocratie Académique.
Une désorientation programmée ?
Ce dysfonctionnement n’est pas un simple hasard. Il traduit la faillite d’un système d’orientation qui échappe aux principes élémentaires de justice et de mérite. Au lieu de valoriser les aptitudes et les choix exprimés par les bacheliers, l’administration impose arbitrairement des affectations, créant ainsi frustration et découragement.
Il est légitime de s’interroger : comment un pays qui aspire à l’émergence peut-il traiter avec autant de légèreté l’avenir de sa jeunesse ? L’orientation universitaire n’est pas un jeu de hasard. C’est une décision qui engage non seulement l’avenir de l’étudiant, mais aussi celui de la nation, dans un contexte où la Guinée a un besoin urgent d’ingénieurs, de médecins, de scientifiques et de cadres compétents.
Conséquences : découragement et fuite des cerveaux
Le résultat immédiat de cette désorientation est la démotivation des bacheliers et le sentiment d’injustice qui en découle. Beaucoup se retrouvent dans des filières qu’ils n’aiment pas, qu’ils ne comprennent pas, et qu’ils n’embrasseront jamais avec passion. D’autres envisagent l’exil académique, convaincus que leurs rêves n’ont aucune chance de se réaliser dans un système aussi chaotique.
Or, la fuite des cerveaux est un fléau que la Guinée ne peut plus se permettre. Chaque étudiant contraint de quitter le pays par désespoir représente une perte de potentiel, d’énergie et d’avenir pour la nation.
Pour une réforme urgente et transparente
Il est temps que les autorités éducatives guinéennes prennent conscience de l’urgence d’une réforme profonde du système d’orientation. Celle-ci doit reposer sur trois piliers essentiels :
1. Transparence : publication claire des critères et des résultats d’orientation.
2. Mérite et profil académique : respect strict des filières demandées par les étudiants en fonction de leurs notes et aptitudes.
3. Accompagnement et conseils : mise en place d’un véritable service d’orientation et d’information pour guider les bacheliers avant et après leurs choix.
Vers une Démocratie Académique : instaurer un mécanisme de recours
Au-delà des réformes techniques, le monde des étudiants et leurs parents souhaitent vivement que le gouvernement instruise le ministère de l’Enseignement supérieur de créer un mécanisme de recours. Ce dispositif permettrait à ceux et celles qui ne sont pas satisfaits de leurs orientations de contester les décisions, d’obtenir des réexamens de dossiers et de garantir un minimum de justice académique.
Un tel mécanisme consacrerait une véritable Démocratie Académique, où les voix des étudiants et de leurs familles seraient enfin prises en compte dans un processus aussi déterminant pour leur avenir.
Conclusion : l’avenir de la Guinée en jeu
La jeunesse guinéenne est une richesse inestimable. Mais si elle est trahie dès son premier pas vers l’université, c’est l’avenir du pays tout entier qui vacille. L’orientation des bacheliers n’est pas une simple formalité administrative, c’est une question de justice sociale, de dignité et de développement national.
Il appartient désormais aux décideurs d’agir, avant que la frustration ne se transforme en désespoir collectif. La Guinée ne peut se construire en désorientant sa jeunesse. La Guinée doit se bâtir sur une orientation juste, transparente et démocratique.
Mohamed Soumah
Universitaire, Masterant en Droit de l’Environnement, Mine et Développement Durable ; Master en Gouvernance de Projet de Développement en Afrique