Taliby Dabo réplique à ceux qui pressent les autorités de l’interpeller : “si le procureur doit se saisir de mes propos, il doit aussi se saisir…”

Après avoir suscité une vague de réactions en se prononçant, dimanche 24 août à Kankan, lors d’une conférence de presse sur les disparitions de certains activistes en Guinée -notamment celles de Foniké Menguè et de ses compagnons- Taliby Dabo, cadre -suspendu- du RPG Arc-en-ciel (ancien parti au pouvoir), aurait tenu à clarifier sa position dans un nouvel audio viral qui lui est attribué et circule abondamment sur la toile. Il affirme, dans la soirée, être victime d’une campagne visant à l’incriminer et se dit « serein » face aux critiques.

Dans sa réplique, Taliby Dabo -dont la localisation exacte et les circonstances de l’enregistrement de l’audio restent inconnues- insiste sur le fait qu’il n’a jamais révélé ni le lieu, ni l’identité des auteurs présumés de la détention des activistes.

Face à ceux qui invitent les autorités judiciaires à l’interpeller, il rétorque que les mêmes exigences doivent s’appliquer à toutes les parties ayant tenu des déclarations contradictoires sur le sort des disparus.

« Je voudrais ici m’adresser à ceux qui pensent que les autorités doivent prendre des décisions contre moi. Qu’ils réfléchissent bien et sachent qu’il y a eu beaucoup d’autres propos tenus avant moi. Qu’ils sachent que celui qui dit que Foniké Menguè est en vie et un autre qui dit que Foniké Menguè n’est plus en vie, ce sont deux avis contraires. Ces propos contradictoires doivent donc être traités de la même manière. Moi, je dis que les Foniké Menguè sont en vie, qu’ils mangent bien, qu’ils dorment bien, qu’ils s’habillent bien. Un autre dit qu’ils ne sont plus en vie, qu’ils ont été tués, et il incrimine même l’État. Alors, si moi je dois montrer où ils sont, mais l’autre doit aussi nous montrer leur tombe, nous dire quand, où et par qui ils ont été tués. Ceux qui parlent aujourd’hui, s’il vous plaît, soyez honnêtes avec vous-mêmes. Écrivez que toutes les personnes qui ont tenu des propos pour ou contre la disparition ou la détention des Foniké doivent s’expliquer devant les autorités. Là, je pourrais comprendre que vous êtes sincères. S’il vous plaît, demandez au procureur d’arrêter Sékou Koundouno, qui a indiqué clairement comment ils ont été arrêtés, où ils ont été déportés, et même où ils sont détenus. Je pense que vous ferez bien de porter plainte contre lui, et aussi contre d’autres personnes qui ont dit que les Foniké Menguè ne sont plus en vie, qu’ils sont décédés depuis longtemps. Moi, je dis qu’ils sont en vie. L’autre dit qu’ils ne le sont pas. Chacun de nous a tenu des propos. Si le procureur doit se saisir de mes paroles, il doit aussi se saisir des leurs. Alors, ne faites pas du deux poids deux mesures. Soyez honnêtes vis-à-vis de vous-mêmes. Je sais que vous attendiez que Taliby Dabo parle ainsi pour profiter de cette occasion afin de m’incriminer. Mais cela ne me dit absolument rien. Peut-être même que mes propos auraient fait plaisir à leurs familles, ne serait-ce que pour entendre qu’ils sont en vie. »

« Je ne suis pas une autorité administrative, ni une autorité politique. Je suis Taliby Dabo, un citoyen qui parle. D’autres citoyens ont aussi parlé. Si tout le monde devait être en prison parce qu’il a parlé, je crois que le procureur aurait déjà beaucoup de personnes devant les autorités judiciaires. Je reste cohérent dans mes propos, je n’ai jamais dit où ils sont détenus, ni par qui ils ont été arrêtés, ni qui les garde. Je n’ai jamais parlé de ces détails. Je dis seulement que, partout où ils sont, ils doivent être en vie, bien habillés et en bonne santé. C’est un souhait, et je crois que c’est une très bonne chose pour tout le monde d’entendre cela. Maintenant, si vous demandez au procureur de m’interroger sur le contenu de mes propos, vous devez aussi demander à ceux qui ont affirmé que les Foniké Menguè ne sont plus en vie de s’expliquer. Car lorsque vous dites que quelqu’un est mort, vous savez forcément où il a été tué et par qui. Taliby Dabo est serein et sait ce qu’il dit. Si c’est l’État qui continue de garder les Foniké Menguè, je suis sûr qu’ils n’ont aucun problème. Je suis sûr qu’ils sont en bonne santé et qu’ils mangent bien. Nous avons connu des cas similaires. Prenez l’exemple du commandant Aly : tout le monde disait qu’il était décédé. Certains affirmaient qu’il avait disparu. On a entendu toutes sortes de choses. Et après, on l’a vu en bonne santé, bien habillé, très en forme. Ensuite, il y a eu le cas de Michel : certains sont même allés jusqu’à pleurer sa mort. Pourtant, après, on a revu Michel, bien portant et en pleine forme », se défend-il. Réaffirmant les propos qu’il avait tenus précédemment devant la presse.

Pathé Sangaré, correspondant à Kankan

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