Soumabossia : la menace d’un déguerpissement indigne les sinistrés

il y a 3 heures 18
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Suite aux inondations survenues du 30 au 31 juillet 2025, qui ont provoqué des pertes en vies humaines et d’importants dégâts matériels, une délégation composée de cadres du ministère de l’Habitat et de représentants de la commune s’est rendue, ce mercredi 6 août, sur les sites sinistrés. Objectif : collecter des données préliminaires sur les habitations situées dans des zones jugées à risque, en vue d’un éventuel déguerpissement.

Selon les autorités locales, une trentaine de bâtiments ont été cochés. Pour l’heure, aucun délai officiel n’a été communiqué aux occupants. Une situation qui suscite colère et inquiétude parmi les citoyens concernés, certains interpellant directement le président de la Transition, le général Mamadi Doumbouya.

Dans cette maison, quatre membres d’une famille ont perdu la vie suites au inondations du 30 au 31 juillet

« Ce n’est pas le passage de l’eau, c’est celui d’un ferry », critique Adama Touré, un des citoyens dont la concession figure parmi les maisons ciblées. Propriétaire d’un duplex sur place, il exprime son incompréhension :

« Je suis d’accord qu’il faille libérer le passage de l’eau pour notre sécurité. Mais de là à vouloir raser toute une maison… Ce n’est pas un simple marigot, c’est comme s’ils voulaient faire passer un ferry ! »

Il poursuit en affirmant qu’il y a d’autres maisons, situées sur la colline en face de chez lui, qui sont aussi cochées. « Je ne comprends pas. Ma voisine, Mme Kamano – que Dieu ait pitié de son âme – je l’avais prévenue : ici, c’est un marigot. Mais moi, en tant que simple citoyen, que pouvais-je faire ? C’était à l’État de l’empêcher de construire ici. »

M. Touré affirme néanmoins être disposé à collaborer si cela est réellement nécessaire :
« Si on me demande de céder une partie pour le passage de l’eau, je le ferai. Mais raser toute la maison, non. »

Pour Amadou Diallo, un autre habitant du quartier, la décision est difficilement compréhensible.

« Il y a près d’un demi-kilomètre entre le marigot et certaines maisons. Ce n’est pas un fleuve ! Je demande au Président et au gouvernement de comprendre que nous sommes des citoyens guinéens. »

Il dénonce aussi la responsabilité des pouvoirs publics :

« C’est le ministère de l’Habitat qui attribue les terrains. Cet endroit est habité depuis les années 1990. Ils auraient dû mettre des bornes pour éviter les constructions anarchiques. Déguerpir des familles en plein mois d’août, c’est prendre le risque de créer une catastrophe plus grave que les inondations. »

Une situation critique pour les plus vulnérables

Maurice Kolié, malvoyant

La maison de Maurice Kolié est également concernée par la mesure. Malvoyant et sans solution de relogement, il lance un cri de détresse :
« Je ressens un profond désespoir. Ce que j’ai pu construire, je l’ai fait quand j’étais en bonne santé. Aujourd’hui, je demande au gouvernement de suspendre cette décision. Ou, à défaut, de nous reloger. J’habite ici depuis 2001. »

Face à la montée des tensions, les autorités locales annoncent une campagne de sensibilisation afin d’expliquer le bien-fondé de l’opération. Une réunion est prévue le week-end prochain avec les populations concernées. Il leur est demandé de se présenter avec les documents justifiant la propriété de leurs concessions.

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