Repos biologique : la filière bois à bout de souffle

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Sous une pluie fine, ils attendent. À Kénien Combos, l’un des plus grands points de vente de bois de Conakry, vendeurs, chauffeurs et syndicalistes se pressent sous les abris de fortune. Dans moins de deux semaines, la suspension de la coupe imposée par le repos biologique doit prendre fin. Mais l’impatience grandit.

« Nous sommes contents que le repos biologique ait été respecté, même si beaucoup parmi nous ont souffert », glisse Fodé Lamine Youla, vendeur et syndicaliste, sourire accroché malgré l’incertitude. « Sans reboisement, nous manquerons un jour de bois. Mais il faut que la suspension soit levée comme prévu, pour que nos familles respirent à nouveau. »

À Bonfi, dans la commune de Matam, le quotidien est plus rude encore. Derrière son étal, Fatoumata Diouldé Barry, célibataire et diplômée sans emploi, vit de la vente de bois depuis plus de dix ans. «

Depuis l’interdiction, c’est très difficile. Le peu de bois disponible est de mauvaise qualité, et les prix ont doublé. »

À ses côtés, Fatou Sylla, présidente des femmes vendeuses de bois, insiste sur leurs efforts : « Nous avons planté cette année pour reverdir nos forêts. Mais chacun fixe ses prix selon son humeur, et cela nous pénalise, surtout à l’approche de la rentrée scolaire. Plus de 300 femmes travaillent ici, dont beaucoup de veuves. Sans soutien, certaines risquent de basculer vers des activités illicites. »

La colère monte aussi contre les pratiques des agents du secteur. Koumba Diawara interpelle directement le président Mamadi Doumbouya : « Les gardes forestiers nous considèrent comme des vaches à lait. Chaque jour, un nouveau responsable vient réclamer de l’argent. Nous demandons au chef de l’État de nous aider, sinon nos enfants quitteront l’école. »

Même son de cloche chez les transporteurs. Abdoulaye Bangoura, chauffeur, confie son désarroi : « Avant l’interdiction, nous travaillions presque tous les jours. Aujourd’hui, il arrive de passer une journée entière sans client. Nos familles n’en peuvent plus. »

À l’approche de la date fatidique, l’attente se transforme en pression. Entre la nécessité de protéger les forêts et l’urgence de faire vivre des milliers de familles, la filière bois se retrouve à un tournant : reprise encadrée ou incertitude prolongée.

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