Projet Coton- Lansana Kouyaté dément les accusations : « Je n’ai pas vu la couleur de l’argent »

Longtemps cité dans l’affaire du projet coton, le président du Parti de l’Espoir pour le Développement National (PEDN), Lansana Kouyaté, a signé son retour en Guinée après un long séjour à l’étranger. Une absence que de nombreux Guinéens assimilaient à un exil, à l’image de nombreux leaders politiques du pays, par crainte de s’heurter au régime transitoire.

Interrogé sur une éventuelle réouverture de ce dossier judiciaire lié au projet coton, l’ancien Premier ministre sous le régime de Lansana Conté est catégorique :
« Moi !? Non. J’ai dit non. Je vous dis non. Ils n’ont qu’à parler, ils n’ont qu’à reparler, ils n’ont qu’à rereparler. Le projet coton, je vous l’ai déjà expliqué, ça a été jugé. Et ce n’est même pas ça. Mais je n’ai pas vu la couleur de l’argent. Je n’ai pas vu », a-t-il répliqué.
Pour clarifier les faits, Lansana Kouyaté a tenu à souligner qu’il n’a, à aucun moment, été directement impliqué dans la gestion de ce projet.
« C’est une centaine de cotonniers qui sont venus. Je vous rappelle d’abord qu’à l’époque, le coton de Guinée était de la meilleure qualité sur le marché allemand. Je vous le dis. Quand j’ai reçu, en tant que Premier ministre, on est venu me dire que des gens étaient venus de Koundara. Qu’il y avait une centaine de personnes qui étaient là, qui voulaient vous voir pour que vous les aidiez à obtenir 3 milliards 500 millions, si j’ai bonne mémoire. Je leur ai dit : il faut respecter la forme, allez d’abord à la Chambre d’agriculture. Si vous êtes endossés par la Chambre d’agriculture, c’est la Chambre d’agriculture qui va venir ici, où siège le gouvernement, pour nous présenter le dossier. Cela a été fait. Le président de la Chambre d’agriculture, c’était le président Conté lui-même.
Mais il y avait quelqu’un qui agitait : Mathieu Noba. C’est lui qui était là. Il est venu devant le Conseil des ministres, il a présenté le dossier du projet coton. Je leur ai dit : le ministre de l’Économie et des Finances n’est pas là. 3 milliards, c’est quoi ? J’ai dit : le ministre de l’Économie et des Finances n’est pas là. Mais j’ai demandé au ministre… On a fait un tour de table. Le ministre de l’Habitat, Thierno Oumar Bah, a dit qu’il avait des fonds pour telle ou telle action, qu’il n’avait pas utilisés. Les 3 milliards, il pouvait les trouver facilement, mais à condition qu’il soit remboursé. Je lui ai dit : tu ne débloques rien. Tu attends que le ministre de l’Économie et des Finances rentre. Je crois que c’était deux jours après. Doré est rentré. J’ai dit : signez un accord entre vous pour garantir qu’il sera remboursé. Et là, ils ont fait ce travail. Le ministre Bah a avancé les 3 milliards 500. »
Déjà jugée à plusieurs reprises, l’affaire ne semble guère l’inquiéter. D’après lui, les témoins de l’époque sont toujours en vie et peuvent faire l’objet d’une enquête.
« L’équipe qui était venue à la Chambre de l’agriculture, les gens sont à Kankan. Allez là-bas ou qu’on les appelle ici, ils vont venir s’expliquer. Voici : quand ils ont reçu l’argent, j’ai été à Kankan, c’était pour voir comment ça donnait, quel résultat ça donnait. Parce qu’à un moment donné, ils ont dit qu’il y avait des insectes qui attaquaient le coton. Quand ils m’ont demandé, j’ai dit : non, l’État ne pourra rien faire, allez vous adresser à la banque. C’était la First Bank, je crois. Je leur ai dit : allez vous adresser. Nous ne donnons plus rien tant qu’on n’est pas remboursé. C’est ce que je leur ai dit.
Le remboursement a été fait. Au moment où moi je quittais, on ne devait rien. Ces gens-là ont payé. Ils ont payé, ils sont à Kankan, mais on ne leur pose même pas la question. C’est Kouyaté, par-là », a-t-il ajouté à ce sujet, avant de lancer :
« Qui veut noyer son chien, l’accuse de rage. »
Ces propos ont été tenus lors de l’assemblée générale hebdomadaire du parti, le samedi 17 mai dernier, à Ratoma.
Mayi Cissé
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