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L’atelier de validation technique de l’étude sur “les conditions de recrutement et de travail des travailleurs migrants dans le secteur de l’exploitation artisanale des mines en Guinée” s’est tenu ce lundi, 6 octobre 2025 à Conakry.
Cette cérémonie qui réunit acteurs évoluant dans le secteur, la société civile, le syndicat et l’Etat consiste à présenter, amender et valider le rapport produit par le cabinet West African Développement (WAD) sur recommandation du ministère du Travail et de la fonction publique.
Une façon de permettre aux principaux acteurs institutionnels et mandants tripartites intervenant dans le domaine de la migration de travail de disposer d’éléments factuels pouvant orienter et guider la prise de mesures opérationnelles afin d’assurer des conditions de travail conformes à la législation nationale et aux normes internationales pertinentes en vigueur, explique Lancinet Condé, coordonnateur national du projet AGRIDOM, renforcement de la gouvernance de la migration de main d’œuvre dans le secteur de l’agriculture et du travail domestique au compte de l’OIT.
« Comme son nom l’indique, le projet de renforcement de la gouvernance de la migration de main-d’œuvre est un projet qui vise à améliorer la gouvernance de la migration de main-d’œuvre en République de Guinée. Dans leurs enquêtes, deux secteurs prioritaires ont été ciblés à la base dans ce projet, à savoir : le secteur agricole et le secteur domestique. Au cours de la mise en œuvre du projet, ils se sont rendus compte que la Guinée n’est pas seulement un pays de départ, de travailleurs migrants, mais c’est aussi un pays d’accueil de travailleurs migrants. D’où l’idée de soumettre cette étude à l’approbation de toutes les parties prenantes avant sa validation et sa mise en œuvre. Si vous regardez le secteur du travail dans l’orpaillage, la Guinée reçoit pas mal de ressortissants de l’Afrique de l’Ouest qui sont dans le secteur de l’exploitation artisanale de l’or. Donc une étude a été commanditée par le ministère du Travail et de la fonction publique avec l’appui technique de l’OIT à travers le projet AGRIGOM, financé par la coopération suisse. C’est vraiment une étude mixte, qualitative et quantitative, qui nous a permis d’aller vers les travailleurs migrants dans les zones orifères, interviewer ces travailleurs migrants pour connaître leurs réelles conditions de recrutement et de travail.
Un échantillonnage a été ciblé. L’enquête a été réalisée auprès d’environ 600 travailleurs migrants dans ce secteur-là, dont le rapport a été présenté par le cabinet et qui fait l’objet aujourd’hui de revues et de validations techniques par l’ensemble des mandants tripartites, à savoir le gouvernement représenté par les ministères sectoriels et les partenaires sociaux qui sont les organisations des travailleurs et les organisations des employeurs et la société civile naturellement. L’enquête a révélé qu’effectivement qu’il y a beaucoup de migrants dans ce secteur et a permis de confirmer aussi qu’il y a une forte propension de travailleurs migrants en Guinée. En plus, on a pu comprendre que les Burkinabés occupent la première place du nombre de ressortissants étrangers qui travaillent dans le domaine de l’exploitation artisanale de l’or, suivi des Sénégalais et puis viennent les Sierra Léonais et d’autres nationalités de la sous-région ».
Depuis plusieurs années, l’Union Nationale des Orpailleurs de Guinée (UNOG) oeuvre dans le secteur. Raison pour laquelle elle n’est pas restée marge de ces travaux de validation du document qui leur a été présenté. Bien que cette étude ne met pas terme aux manquements constatatés par le passé mais ce membre bureau exécutif de cette organisation se dit convaincu que cela marque un pas vers la réglementation du secteur en Guinée.
« La validation de cette étude ne traite pas toutes les questions qui minent ce secteur en termes de travail migrant. Parce qu’aujourd’hui, il y a une communauté de travail migrant qui vient des pays limitrophes comme le Burkina, le Mali et le Sénégal et ailleurs. L’exploitation artisanale des mines est dédiée aux Guinéens. Les étrangers ne doivent pas être à ce niveau. Si les étrangers veulent travailler en Guinée dans les mines, il faut qu’ils créent une mine qu’on appelle semi-industrielle ou bien industrielle. Mais l’artisanat est dédié uniquement aux Guinéens. Donc, les étrangers qui viennent travailler dans le secteur artisanal violent la loi. Mais il y a la complaisance de certaines lois de la CEDEAO qui disent qu’il faut laisser les membres de la CEDEAO de circuler librement. Mais on ne peut pas les accorder quand même la carte blanche aussi de travailler comme les Guinéens. Pour que les migrants puissent travailler dans l’artisanat, il faudrait que les Guinéens soient leur parrain. Donc, la validation de cette étude peut faire un pas en avant dans la bonne direction », espère Cheick Bandian Kourouma.
Le Syndicat national pour la promotion et la protection des travailleurs migrants est animé par la même ambition. Il se donne comme vocation, défense des intérêts des travailleurs migrants conformément aux dispositions légales. Sa secrétaire générale estime que le rapport en cours de validation a permis de mettre au grand jour les conditions de recrutement et de travail des travailleurs migrants dans le secteur de l’exploitation artisanale des mines en Guinée qui,jusque-là n’était pas totalement à leur porté en tant que syndicat. D’où ce sentiment de satisfaction de dame Onipogui Makoura.
« Je suis satisfaite parce que l’enquête a pris en compte de beaucoup de nos préoccupations à savoir : l’effectif des migrants par zone et par pays, l’effectif des hommes, des femmes et des enfants. Cela nous aide beaucoup dans notre enquête, nous aussi, en tant que syndicat. Selon les explications, on a vu que l’enquête a montré que ce qu’ils ont reçus et ce qui se passent réellement sur le terrain ne sont pas pareils. Tel que l’exploitation des femmes sur ces sites. Le travail des enfants sur ces sites. La protection sociale de ces migrants sur ces sites. Nous, nous avons déjà notre cartographie, mais ça va beaucoup nous aider. Ça va corriger peut-être ce que nous n’avons pas vu et vice-versa. Nous, on a des données qui ne sont pas dans leur enquête. Ça va nous aider à compléter les enquêtes et ça serait vraiment un instrument pour nous pour mieux travailler sur le terrain. Les étrangers qui sont là sont venus pour travailler. Quand on dit que c’est réservé uniquement aux Guinéens, ça veut dire que c’est eux qui doivent être les patrons. Donc nous, quand on vient dans les mines, on voit les conditions de travail de ces étrangers. Le patron, c’est le Guinéen, il recrute les étrangers, ils doivent leur donner un contrat de travail. Ils doivent avoir une prise en charge en cas de maladie, eux et leurs familles. Mais ce sont des choses qui ne sont pas effectives sur le terrain. Ils peuvent prendre le migrant, le faire travailler sans contrat, ça veut dire qu’ils peuvent arrêter le contrat dès qu’ils en ont marre. Et la prise en charge maladie, ils ne le font pas. Le migrant, il met un peu d’argent de côté, il est venu chercher une vie meilleure, chercher un peu d’argent pour retourner dans son pays. Il tombe malade, le patron ne le prend pas en charge, il est obligé de dépenser tout l’argent qu’il a mis de côté. Même pour se retourner dans son pays, il est obligé de demander l’aumône ou ses compatriotes cotisent pour le faire retourner. Ce n’est pas quelque chose de bien » a laissé entendre la syndicaliste.
C’est pour corriger toutes ces défaillances que le ministère du Travail et de la fonction publique a décidé de prendre les choses en main en commanditant ce rapport.
Representant le département à cet atelier, la Directrice nationale adjointe du Travail et des lois sociales a salué la qualité du travail qui a abouti à ce résultat. Parlant de l’avenir, Madame Joséphine Kolé rassure que des dispositions sont en train d’être prises dans ce sens.
« La validation de cette étude va apporter beaucoup de changement dans notre département parce que les conditions de travail de ces travailleurs migrants seront prises en compte. Avec le projet Simandou, nous allons accueillir beaucoup des travailleurs migrants c’est pour cette raison que nous avons décidé de mettre en place des lois pour règlementer ce secteur », a-t-elle conclu.
Lors de cette atelier, les acteurs tripartites ont chacun eu droit à la parole pour faire leurs observations et éventuellement formuler des recommandations qui seront inclus dans le rapport document.
Saidou Lébêré
L’article Migrants et exploitation artisanale des mines en Guinée : les acteurs du secteur entendent harmoniser leurs idées est apparu en premier sur Mediaguinee.com.