Manque de liquidité en Guinée : les kiosques Orange Money au bord de l’asphyxie à Conakry

il y a 2 heures 13
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Depuis plusieurs semaines, un manque de liquidité frappe durement les banques primaires en Guinée. Et, les conséquences se font sentir dans plusieurs secteurs d’activités comme le commerce et les transferts d’argent. Dans la capitale Conakry, les kiosques Orange Money subissent de plein fouet cette crise. Les retraits y sont désormais plafonnés, rendant difficile pour les citoyens la possibilité de retirer les montants qu’ils souhaitent de leurs comptes.

Interrogés par un reporter de Guineematin.com ce jeudi, 14 août 2025, des gérants de points de vente (PDV) Orange Money n’ont pas caché leur amertume. Ils alertent sur un risque d’asphyxie totale si rien n’est fait rapidement. Tous pointent la nécessité d’une intervention urgente des autorités, en particulier celles de la Banque centrale, pour éviter un effondrement du système.

Aboubacar Baudier Camara, PDV Orange Money

« Comme vous le constatez, actuellement, nous sommes confrontés à une situation que nous-mêmes ne maîtrisons pas. Le manque de liquidités nous affecte à plus d’un titre. Nous travaillons avec des distributeurs qui, eux-mêmes, dépendent directement des banques. Quand il y a une crise au niveau des banques, cela affecte les distributeurs, et automatiquement, cela nous impacte aussi. Depuis deux à trois mois, nous n’arrivons pas à avoir suffisamment de liquidité. Par exemple, quand nous demandons 5 millions à notre distributeur, il ne nous donne parfois que 2 millions, voire 1 million. Et quand nous posons des questions, ils nous renvoient vers la Banque centrale, qui n’a toujours pas de réponse pour nous soulager. Nous avons même tenu une réunion pour former un comité devant rencontrer la Banque centrale et obtenir des informations sur la source du problème. Pour gérer, nous favorisons les dépôts, car plus nous en avons, plus nous gagnons en liquidité. Mais lorsque les clients demandent de gros montants, nous les scindons : pour une demande d’un million, nous proposons parfois 300 000 ou 500 000 francs, afin de satisfaire plusieurs clients à la fois. Nous avons instauré un plafonnement : par exemple, pour une demande de 500 000 francs, nous ne donnons que 200 000 ; pour 1 million, nous donnons 500 000, si nous avons les moyens. Sinon, nous renvoyons vers d’autres points de vente. Cette situation nous affecte énormément. Moins de transactions signifie moins de commissions : quelqu’un qui gagnait 100 000 francs par jour se retrouve aujourd’hui avec 25 000, alors qu’il doit nourrir sa famille, payer son loyer et les taxes. J’en appelle solennellement aux autorités monétaires, particulièrement à la Banque centrale, pour agir rapidement. La monnaie électronique est devenue incontournable en Guinée. Si cette crise persiste, c’est tout le secteur qui risque de s’effondrer », a dit Aboubacar Baudier Canara, PDV Orange Money et chargé de communication de Samer Guinée. 

Abondant dans le même sens, Ousmane Soumah, PDV Orange Money, insiste sur le fait qu’ils ne peuvent plus satisfaire les clients, et cela à des conséquences sur leurs commissions.

Ousmane Soumah, PDV Orange Money

« Nous sommes vraiment en manque de liquidité. Même lorsqu’un client demande un million, nous ne pouvons pas répondre favorablement. Les fournisseurs que nous appelons nous disent qu’ils n’ont pas de liquidité. Parfois, un client peut venir déposer 2 ou 3 millions, mais cela reste rare. Nous vivons de cette activité, nous sommes des pères de famille. Si la situation continue ainsi, ce sera invivable. Nous demandons à l’État de nous venir en aide », a-t-il lancé.

Aboubacar Fodé Soumah, PDV Orange Money, précise que son gain à beaucoup baissé. Il lance un appel à l’État.

Aboubacar Fodé Soumah, PDV Orange Money

« Nous souffrons beaucoup. Avant, je travaillais avec 20 à 30 millions de francs. Aujourd’hui, tout est bloqué : la banque est bloquée, les gros retraits ne sont plus possibles. Nous ne faisons plus que de petits retraits de 10 000, 20 000, 30 000 ou 50 000 francs. Ici, au rond-point, nous nous sommes organisés entre PDV : si un client veut 5 millions, je lui donne ce que j’ai (par exemple 1 million), puis je l’envoie chez un autre PDV pour compléter, et ainsi de suite. Ce n’est pas que nous n’avons pas les fonds : ils sont dans nos comptes, mais bloqués. Tout le monde vient pour retirer, personne ne dépose. Résultat, nos recettes ont chuté : au lieu de générer 40 000 ou 100 000 francs par jour, nous peinons à atteindre 10 000 francs. Nous demandons à l’État d’intervenir, surtout que de nombreux fonctionnaires et militaires sont payés via Orange Money ou PK. Si nous n’avons pas l’argent pour effectuer ces paiements, c’est comme si nous bloquions tout le système », a-t-il souligné.

Ismael Diallo pour Guineematin.com 

Tél : 624 69 33 33

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