« À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » (Par Souleymane Souza Konaté)

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Qui n’a pas déjà entendu cette célèbre maxime tirée du Cid de Corneille ?

L’élection présidentielle annoncée pour le 28 décembre 2025 rappelle tristement ce passage d’une œuvre de tragi-comédie gravée dans les annales de l’histoire. De l’amont à l’aval, tout le processus n’a pas été ouvert à une compétition franche et loyale. Tous les prétendants sérieux au fauteuil présidentiel ont été écartés au profit du chef de l’État, candidat à sa propre succession. Aucun de ceux susceptibles de lui faire de l’ombre ou jugés menaçants n’a été retenu ni autorisé à concourir.

Dans ce vide ainsi créé, l’on se vante d’être le meilleur et le plus populaire. Il est trop facile d’éliminer tout le monde et de se proclamer vainqueur. Il est tout aussi vain de se croire fort lorsqu’on n’a pas à se mesurer à plus puissant que soi. Certes, l’indifférence apparente de la population et sa résignation nourrissent un sentiment de toute-puissance souvent exprimé avec arrogance. Mais il ne faudrait pas confondre une colère froide avec une attitude civique ou une adhésion inconditionnelle. Comme le dit l’adage, il faut se méfier du volcan qui sommeille et des eaux trop calmes : le réveil est toujours fatal.

Ce n’est certainement pas l’UFDG et son président, El hadj Cellou Dalein Diallo, qui pourraient être impressionnés par des démonstrations folkloriques de force, faites de meetings déserts et de cortèges constitués de longues files de véhicules plutôt que de militants réellement mobilisés. On comprend que les dissidents du parti cherchent à faire leurs preuves afin d’assurer leur survie politique dans un groupe où ils apparaissent encore comme des intrus suspects. Mais ils peinent à convaincre quant à leur contribution à une victoire acquise d’avance.

Ils n’ont pas contribué à l’avènement du régime auquel ils furent farouchement opposés et n’apportent aujourd’hui rien de concret à sa cause sur le terrain, où l’on constate clairement leur absence d’assises solides et d’audience. Ils se contentent de symboles, se félicitant de ne pas être conspués par des populations qui ont fait le choix du mépris en attendant leur revanche. Faute d’entraîner avec eux la base d’un parti qui a définitivement tourné la page, ils brandissent le ralliement de quelques cadres, frappés par la limite d’âge ou usés par le militantisme, comme des trophées. Une addition de personnes dont le dénominateur commun est de ne représenter qu’elles-mêmes et de ne servir que leurs propres intérêts. Comme dirait l’autre : des bergers sans troupeaux.

Heureusement, l’hyper-candidat ne compte pas sur ces tonneaux politiques et électoraux vides pour se maintenir au pouvoir. Il continue de parier sur ses propres forces, celles qui lui ont permis d’entrer au palais sans attendre d’être porté par les urnes ni de bénéficier du soutien de responsables politiques dépendants de ses largesses et séduits par le sortilège du décret. Chacun cherche davantage sa part du gâteau qu’à exprimer une conviction ou à démontrer une réelle capacité d’action. Même des comédiens comme Mamadou Thug ont compris que, s’ils ne peuvent vivre de leur art, ils peuvent se reconvertir en démagogues et hommes de cour pour arrondir leurs fins de mois. Il est, hélas, plus facile de flatter le pouvoir que de vivre honnêtement de son métier.

El hadj Cellou Dalein Diallo a d’ores et déjà gagné son duel à distance avec la junte. L’élection ne changera rien à la nature originelle du régime ni à la perception du vainqueur, déclaré et connu d’avance. Le pouvoir ne sera pas jugé plus démocratique, et l’ancien nouveau chef de l’État ne sera ni plus légitime ni plus fréquentable qu’avant cette formalité électorale. On peine d’ailleurs à comprendre comment on peut lui prêter toutes les qualités et le présenter comme le choix du peuple, tout en l’empêchant d’aller à la rencontre de ce même peuple durant la campagne électorale. Que peut craindre un homme que l’on dit si aimé et populaire pour s’entourer d’un dispositif sécuritaire aussi démesuré et surréaliste ?

Mamadi Doumbouya sera encore déclaré président. Mais tant que l’ombre de Cellou Dalein Diallo continuera de planer sur le pays et que celui-ci ne sera pas rétabli dans ses droits, en tant que véritable choix du peuple, il ne pourra dormir tranquille dans son palais. Il vivra avec l’insécurité permanente d’un « élu » par défaut. La confiance sincère et la libre adhésion du peuple dont bénéficient l’UFDG et son président constituent l’unique source de légitimité et le meilleur rempart.

Souleymane SOUZA KONATÉ

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