Lola : des femmes de Kebeyakoré, torse nu, pour dénoncer des violences policières exercée

il y a 3 heures 15
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Une trentaine de femmes, venues du district de Kebeyakoré, dans la sous-préfecture de Guéasso, ont marché torse nu au centre-ville de Lola, en direction du bloc administratif de la préfecture. La manifestation, tenue hier, lundi 18 août 2025, visait à dénoncer ce qu’elles qualifient d’exactions policières et d’injustice faites aux citoyens de Kebeyakoré. Selon elles, ces violences font suite au litige entre éleveurs et agriculteurs dans ce district, rapporte la rédaction de Guineematin.com basée dans la capitale de la région forestière.

Elles sont nombreuses à être sorties, venues du district de Kebeyakoré, pancartes en mains, torses découverts, chantant des slogans de colère et de douleur pour dénoncer des actes de violences et d’injustices dont elles se disent être victimes. C’est la commune urbaine de Lola qui a servi de cadre au mouvement de colère de ces femmes.

Christine Loua, leur porte-parole, a apporté des précisions sur le sens de ce mouvement d’humeur.

Christine Loua, porte-parole des femmes marcheuses

« Cette manifestation a une origine profonde. Depuis longtemps, nous sommes victimes de destruction de nos champs par les bœufs. Nous nous sommes toujours plaints auprès des autorités, mais il n’y a jamais eu de justice. La dernière fois, le chef du secteur de Kebeyakoré et son adjoint ont été convoqués à la gendarmerie de Lola. Et le jour suivant (le 29 juillet 2025), ils ont été directement transférés à la maison centrale de N’Zérékoré. Depuis lors, nous avons mené des démarches, mais rien n’a abouti. Dans la nuit du samedi, 16 août 2025, nous sommes restés couchés, dans les bandes de 22 heures 40 minutes, nous avons entendu des coups de fusil. Il y a un pick-up qui a débarqué dans le village pour nous attaquer. Nous ne savions pas pourquoi. Le village était terrifié, les gens ont fui dans la brousse et d’autres y sont toujours. Hier dimanche, toutes les femmes du village de Kebeyakoré s’étaient réunies pour venir voir le patriarche de Lola pour lui demander pourquoi nous sommes victimes. Les bœufs sont là, ils détruisent les champs, personne n’en parle. Beaucoup de choses se passent là-bas, il y a des femmes qui ont été attaquées, certains sont paralysés. Il n’y a jamais eu justice. En plus du fait que nos responsables sont en prison, un pick-up est venu, rempli de policiers, pour attaquer le village. Et quand nous avons été chez le patriarche, ils ont demandé aux autorités de la sécurité, le commissaire central a avoué qu’il a reçu un mandat du juge de paix de Lola pour aller arrêter les gens qui ont été convoqués. Et c’est ce qu’ils ont fait nuitamment. Ils ont fait comprendre que ces gens qu’on devait arrêter avaient été convoqués, mais qu’ils n’avaient pas répondu. Ces personnes sont au nombre de trois (3) et qui ne sont même pas au village. Depuis qu’elles ont reçu la convocation, elles ont pris la fuite. Et la population ne savait rien. Mais quand même, si quelqu’un n’a pas répondu à une convocation, ce n’est pas dans la nuit qu’il faut venir l’arrêter. Dans la même nuit, les femmes du village étaient en train de faire des sacrifices, et elles ont été attaquées. Ils ont tiré à balle réelle et lancé des gaz lacrymogènes. On a envoyé ces preuves au préfet pour en demander les raisons », a-t-elle expliqué.

À en croire la porte-parole des femmes, cette irruption nocturne des agents de la police a fait des victimes et des portés disparus. « Au moment où je vous parle, il y a quinze (15) personnes qui sont hospitalisées à l’hôpital préfectoral de Lola. Elles sont sous perfusion parce qu’elles ont été traumatisées par les gaz lacrymogènes », ajoute-t-elle.

Venues rencontrer le préfet de Lola à cet effet, la porte-parole des femmes marcheuses a d’abord demandé la libération de leurs responsables du village avant de demander le départ des éleveurs et de leurs troupeaux, tout en réclamant justice dans cette affaire. « À l’issue de notre rencontre avec le préfet, il a d’abord demandé pardon à la population de Kebeyakoré. Il a aussi demandé de rester tranquille, et que justice sera faite dans cette affaire. Mais, nous ne sommes pas encore satisfaites, parce notre requête suite à la doléance du préfet, il a dit qu’ils vont convoquer une réunion où les représentants du village seront là. Nous avons dit que bien avant cette réunion, il faut d’abord libérer nos responsables du village qui sont en prison. Cela veut dire que nous ne sommes pas encore satisfaites. Au cas contraire, nous allons toujours marcher. On marche non seulement pour la libération de nos responsables emprisonnés, pour le départ des bœufs de notre localité, mais aussi pour que justice soit rendue dans cette affaire », a-t-elle exprimé.

Agnès Doré, victime

Même explication faite par Agnès Doré, victime de l’attaque imputée aux forces de sécurité. « Ce jour, nous sommes restés couchés, les gens sont venus nous attaquer au moment où nous avons dormi. C’était aux environs de 22 heures 40 minutes. C’est leur bruit qui m’a réveillée. Ils ont cassé notre porte pour entrer dans la maison. Il y a une caisse d’argent qu’ils ont emportée. Cette caisse est une forme de tontine (épargne) où les gens, au nombre de 120 personnes, mettent leur argent. Nous avons commencé ça depuis deux (2) ans. Et il était prévu que nous continuions jusqu’au bout de cinq (5) ans. Je ne connais pas maintenant le montant total qui était dans la caisse. C’est mon mari qui est le responsable de la caisse. Ils l’ont mis en prison. Là où je suis, je suis vraiment inquiète. Je demande la libération de nos maris et que justice soit rendue dans cette affaire ».

Martine Doré, une des victimes

Martine Doré, une autre victime, raconte. « Ce jour-là (le samedi 16 août, ndlr), le pick-up est venu. Ils ont cassé la porte pour entrer dans la maison, prendre de l’argent, commettre des dégâts. Ils ont frappé mon mari. Et depuis ce jour, mon mari est porté disparu, je ne le vois plus. Je n’ai pas non plus de ses nouvelles. Je veux voir mon mari et je réclame justice », a dit la dame, visiblement abattue.

Joint par téléphone pour avoir sa version, puisqu’il est accusé d’avoir ordonné la descente des agents de la police de Lola par le biais d’un mandat, le juge de paix de Lola n’a pas donné suite. « Je ne confirme rien. Moi, je n’ai pas l’habitude de parler aux journalistes », a-t-il dit.

De retour de Lola, Jean David Loua pour Guineematin.com

Tél. : (+224) 620.58.60.02

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