PLACEZ VOS PRODUITS ICI
CONTACTEZ [email protected]
Cher M. Aboubacar Sidiki Camara,
Politologue – nous dit-on – et DGA de l’AGETIPE, votre sortie contre Dr Faya Millimouno aurait pu être une contribution au débat d’idées. Malheureusement, elle s’apparente davantage à un devoir de fidélité maladroitement rendu à un pouvoir qui n’a jamais demandé autant de zèle rhétorique pour se sentir soutenu.
Vous accusez Dr Millimouno de communautarisme. Quel scoop ! Depuis l’indépendance, tout parti politique guinéen commence par être « régional ». L’histoire récente ne manque pas d’exemples. Même les plus grands partis actuels ont émergé d’un fief avant de tenter de s’élargir. Pourquoi faire de l’origine forestière du Bloc Libéral un péché originel, sinon par manque d’arguments neufs ?
Vous parlez d’« amateurisme politique », sans doute parce qu’un homme qui ose exprimer une opinion divergente dans une transition militaire vous semble insensé. Mais dans une démocratie – oui, même en transition – le désaccord n’est pas un crime. Il est vital. Et si le Bloc Libéral a, selon vous, manqué de données pour étayer ses propos, peut-être faudrait-il exiger du pouvoir plus de transparence pour permettre aux partis d’opposition d’accéder à ces fameuses données que vous évoquez avec tant d’assurance.
Quant à votre rappel sur les critères du découpage électoral, il aurait été éclairant… s’il n’avait pas été si scolaire. Oui, la géographie, l’accessibilité, les infrastructures sont des critères. Nous les connaissons. Mais voyez-vous, M. Camara, ce que réclame Dr Millimouno, c’est justement une application équitable et documentée de ces critères. Est-ce trop demander ?
Et puis cette phrase sur « l’esprit partisan qui étouffe l’intelligence »… Elle aurait été percutante si elle n’était pas elle-même étouffée par votre propre esprit partisan, manifestement trop prompt à voir dans toute critique un sabotage.
Vous affirmez que « la jeunesse guinéenne n’est plus manipulable ». Nous en convenons. Elle lit, elle observe, elle compare. Et elle sait distinguer une prise de position courageuse d’un communiqué aligné, convenu, récité. Vous l’invitez à adhérer à la « dynamique du CNRD », mais elle demande des preuves, pas des slogans. Elle veut du pain, pas des pamphlets. Des routes, pas des répartitions de kits sans logique claire. De l’avenir, pas du bavardage.
Dr Faya Millimouno n’est pas parfait. Il ne cherche d’ailleurs pas à l’être. Mais il a le mérite rare, dans ce contexte, de parler là où d’autres se taisent. Et il est plus rassurant d’avoir des opposants qui parlent, que des courtisans qui s’exécutent.
En somme, cher politologue, ce que vous appelez « posture confuse », c’est peut-être tout simplement du courage politique. Et ce que vous présentez comme un défaut de compréhension des mécanismes électoraux n’est, à bien y regarder, que le refus d’un silence complice.
Moustapha Soumah
Président du CNJ Bloc Libéral