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Autrefois fleuron de l’activité halieutique dans la région de Boké, le port de pêche “Nènè”, situé dans la commune rurale de Kamsar, traverse aujourd’hui une crise sans précédent. Sur place, pêcheurs, mareyeuses et gérants de chambres froides font face à un manque criant de glace (vendue jusqu’à 30 000 francs), une instabilité de l’électricité, un coût exorbitant des factures d’EDG, atteignant jusqu’à 100 millions de francs guinéens par mois pour certains frigoristes, mais aussi une rareté du matériel de pêche et un impact des grands navires industriels sur les ressources halieutiques.
Au micro de Guineematin.com, ils ont exprimé leur profond désarroi face à une situation devenue intenable. Leur plus grande peur, c’est de voir ce port disparaître. Et avec lui, toute une économie dont dépendent des milliers de familles.

« Nous sommes ici, jusqu’à Boké et Gaoual, ils viennent chercher du poisson ici pour nourrir leurs familles. Mais nous avons un gros problème. Nous demandons aux autorités de nous aider à obtenir des moteurs. En plus, le plus gros souci, c’est l’électricité. On ne peut pas conserver les poissons sans glace. Actuellement, même les frigos sont fermés, parce que les factures sont trop élevées. Nous demandons aux autorités de nous aider à réduire les coûts, sinon, on ne pourra plus pêcher ici, au Port Nènè. Tu peux aller pêcher du poisson, revenir, mais il n’y a pas de glace. C’est notre travail. Par mois, les frigoristes peuvent payer jusqu’à 80 millions, certains jusqu’à 100 millions de francs guinéens. Il faut que les autorités revoient cela. Nous sommes allés au ministère de la Pêche pour demander de l’aide, mais jusqu’à présent, rien. Trouver de la glace est devenu très difficile. Le prix est monté à 15 000, voire 20 000 francs, et ce n’est pas bon pour nous. Nous demandons aussi aux autorités de nous aider à obtenir du matériel de pêche. Nous n’en avons pas : pas de filets, pas de moteurs », a dit Fodé Malick Mansaré, chef de port adjoint.
De son côté, Bobaly Soumah, conseiller au port Nènè, accuse les bateaux industriels étrangers d’être à l’origine de la raréfaction du poisson.

« Nous demandons aux autorités d’intervenir. Il faut demander aux grands bateaux de quitter ces eaux. Ce sont eux qui ont tout détruit. Avant, les sociétés qui venaient ici donnaient des pirogues, des filets, des moteurs, et de l’essence. Tu partais pêcher, tu revenais leur vendre le poisson. Maintenant, ces mêmes sociétés ont tout détruit. On pensait que le bateau qu’on appelle Tinki Tonkon allait nous aider, mais il a fini par abîmer la mer. En Guinée, tu paies une licence, et quand tu pars en Guinée-Bissau, tu dois encore payer une autre licence. Tous les pêcheurs d’ici vont là-bas, mais quand tu arrives, ils te confisquent le poisson et te collent une grosse amende. Tu dois informer ton patron, et s’il ne peut pas t’aider, on t’envoie en prison », a-t-il indiqué.
Du côté des vendeuses de poisson, le désespoir est palpable. Pour Assiatou Diallo, le manque de glace et l’absence de marché pèsent lourdement.

« On souffre beaucoup. On a de grandes difficultés à trouver de la glace. En plus, il n’y a pas de marché : tu peux avoir du poisson, mais pour le vendre, c’est un problème. Il n’y a pas d’argent. Parfois, on paie la glace à 25 000 ou même 30 000 francs. Quand tu vas voir les sociétés, elles te disent que le courant est cher, c’est pour cela que la glace coûte aussi cher. Aujourd’hui, on veut vraiment qu’on nous aide à avoir de la glace », a-t-elle lancé.
Abondant dans le même sens, Kadiatou Camara, vendeuse de poisson, dénonce la rareté de la glace qui coûte jusqu’à 30.000 francs.

« On travaille ici pour nourrir nos enfants, mais c’est très difficile. On ne trouve pas de glace. Une seule glace est vendue à 25 000 francs. Tu achètes du poisson à 22 000 francs, tu ajoutes la glace, tu pars revendre pour espérer un bénéfice, mais c’est très peu. Nous demandons aux autorités de nous aider à faciliter l’accès à la glace, ou à mettre des frigos à notre disposition pour conserver nos poissons sans avoir à acheter de la glace. Actuellement, avoir de la glace est un vrai problème. Hier même, nos poissons ont pourri. Vous voyez ce gros poisson là ? Il a passé la nuit sans glace, il est presque gâté. Donc, il n’y a presque pas d’intérêt maintenant. Les frigoristes nous ont dit que la facture d’EDG est trop élevée. Ceux qui achètent la glace chez eux nous la revendent jusqu’à 30 000 francs », a déploré Kadiatou Camara.
Du côté des frigoristes, Abdoulaye Camara, gestionnaire d’un frigo appartenant à des investisseurs chinois, se montre lui aussi préoccupé. Il affirme que les coûts de facture d’EDG rendent l’activité intenable.

« La glace qu’on vend ici, c’est la population qui en bénéficie. Avant, on la vendait à 8 000 ou 10 000 francs. Avant, la facture d’EDG était de 10 millions. Aujourd’hui, c’est 92 millions. Même si on vend la glace à 15 000 ou 20 000 francs, on ne va pas s’en sortir. Et ça impacte la population. Ce n’est pas la faute des Chinois. Demain, ils peuvent fermer ici et rentrer chez eux si ça continue. La population de Port Nènè souffre beaucoup. Le courant est trop cher, et en plus, il n’est pas stable : ça vient, ça part. Ça endommage les appareils. S’ils ne baissent pas les factures, nous allons fermer. Et si on ferme, c’est la population qui va souffrir », a-t-il indiqué.
Ismael Diallo pour Guineematin.com
Tél : 624693333
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