La Guinée doit se doter d’un service de médecine nucléaire [Par Dr Barry Ibrahima Sory, Dakar]

Nôtre pays fait face à une transition épidémiologique marquée par une augmentation des maladies chroniques, notamment les maladies endocriniennes, le cancer, les affections cardiovasculaires. Dans ce contexte, l’absence d’un service de médecine nucléaire constitue un retard majeur pour le système de santé national.

La médecine nucléaire, discipline alliant diagnostic et thérapie, repose sur l’utilisation de substances radioactives à faibles doses appelées radiopharmaceutiques. Elle permet une imagerie fonctionnelle de haute précision, indispensable pour détecter certaines maladies bien avant qu’elles ne soient visibles avec l’imagerie radiologique classique.
De nos jour c’est un outil indispensable pour le diagnostic précoce:
Surtout dans le domaine de l’oncologie, par exemple, la scintigraphie osseuse et le PET-scan sont devenus des examens incontournables pour dépister les métastases et évaluer l’efficacité des traitements. En cardiologie, la scintigraphie myocardique permet d’identifier les zones du cœur souffrant d’un déficit de perfusion. En endocrinologie, la scintigraphie thyroïdienne aide à diagnostiquer et orienter le traitement des hyperthyroïdies et des cancers thyroïdiens.

Au-delà du diagnostic, la médecine nucléaire propose également des traitements efficaces et ciblés. L’administration d’iode radioactif (I-131) reste le traitement de référence des cancers différenciés de la thyroïde. Plus récemment, de nouvelles thérapies métaboliques comme la radiothérapie interne vectorisée (RIV) ouvrent des perspectives pour les cancers de la prostate ou les tumeurs neuroendocrines.
Aujourd’hui, il s’agit pour nous d’un enjeu de souveraineté sanitaire.
Actuellement, les patients guinéens nécessitant un examen ou un traitement de médecine nucléaire doivent se rendre au Sénégal, en Côte d’Ivoire ou au Maroc. Cette situation entraîne des coûts financiers élevés, des retards diagnostiques et une injustice sociale puisque seuls ceux qui en ont les moyens peuvent bénéficier de ces soins.
La création d’un service de médecine nucléaire en Guinée représenterait un pas décisif vers la souveraineté sanitaire. Elle permettrait de renforcer la prise en charge des cancers, d’améliorer le suivi des maladies chroniques, et de réduire l’exode médical.
Un appel aux autorités et partenaires
L’implantation d’un tel service nécessite des investissements en équipements lourds (gamma-caméras, TEP-scan, cyclotron) et une formation spécialisée du personnel médical et paramédical. Toutefois, l’expérience des pays voisins montre que ce défi est possible avec l’appui de l’État, des partenaires techniques et financiers et des organisations internationales.
Aujourd’hui nous avons déjà des jeunes spécialistes formés dans ce domaine et qui sont dans la sous-région.

Dr Barry Ibrahima Sory
Résidant en Endocrinologie Diabétologie et maladie métaboliques à Dakar.

L’article La Guinée doit se doter d’un service de médecine nucléaire [Par Dr Barry Ibrahima Sory, Dakar] est apparu en premier sur Mediaguinee.com.