L’ère des chapiteaux: symptôme d’un déficit structurel en infrastructures en Guinée (Par Alpha Mady)

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Les événements s’enchaînent à Conakry, des plus modestes aux plus prestigieux, créant une dynamique positive pour le pays dirigé par Mamadi Doumbouya. Des initiatives qui, certes, mettent la lumière sur la Guinée, mais qui s’accompagnent souvent de budgets pharaoniques. Des sommes considérables sont injectées dans un secteur très lucratif pour ses promoteurs, mais lourdement préjudiciable pour les finances publiques, notamment lorsqu’il s’agit d’évènements parrainés par l’État.

Depuis 2022, Conakry est régulièrement le point de ralliement de la sous-région ou du continent, en accueillant une multitude d’évènements internationaux. À côté de ces grands rendez-vous émergent de nombreux évènements nationaux de grande envergure, qui nécessitent, eux aussi, des espaces adaptés.

Sauf qu’à l’exception des cérémonies d’inauguration réalisées directement sur les sites concernés, les chapiteaux et tentes aménagées sont devenus presque les seuls lieux disponibles pour accueillir tout type de cérémonie à Conakry. Ce qui devait être une solution temporaire s’est installée comme une véritable norme. Résultat : un secteur en pleine explosion, très coûteux en logistique, poussant certains opérateurs à louer du matériel — et même de la main-d’œuvre — à l’étranger.

Au-delà de l’encombrement visuel qu’ils provoquent lorsqu’ils demeurent plusieurs jours au même endroit, ces chapiteaux — et tout le business qui gravite autour — représentent soit une charge financière excessive pour les évènements étatiques, soit un manque à gagner colossal pour l’État. Comment ?

Tout simplement parce que de nombreux pays ont compris l’importance d’investir dans des infrastructures polyvalentes, capables de servir plusieurs secteurs. Dans un tel modèle, les chapiteaux redeviennent ce qu’ils auraient toujours dû être : des solutions d’appoint, des exceptions et non la règle.

L’exemple du Rwanda, avec sa Kigali Arena, illustre parfaitement cette vision. Un complexe qui ressemble d’abord à un palais des sports — une salle couverte pouvant accueillir des dizaines de disciplines — mais qui est entièrement modulable : salle de spectacles, conférences, cérémonies, évènements culturels ou économiques.

Une telle infrastructure permettrait de résoudre deux problèmes majeurs :

1. Le déficit criant en infrastructures sportives, empêchant la Guinée d’accueillir de grandes compétitions en salle (basket, handball, volley, futsal, etc.) ;

2. L’absence d’un espace moderne pour les grands évènements, concerts ou shows internationaux.

Avec, en prime, une source de revenus stable et durable pour l’État grâce à la location de ces espaces.

Pour nous, les chapiteaux sont utiles, mais uniquement comme mesure temporaire face au manque d’infrastructures. Ils sont coûteux et contribuent à normaliser une situation qui, en réalité, ne devrait jamais être normale.

Alpha Mady TOURÉ, Journaliste

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