Kankan : des boulangers accusent un administrateur du marché d’agression et réclament justice

il y a 3 heures 17
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À Kankan, la crise du pain continue d’alimenter tensions et incompréhensions. Depuis plusieurs semaines, boulangers, autorités locales et consommateurs se livrent une bataille silencieuse faite de pénuries, de méfiances et de colère. Le dernier épisode a pris une tournure violente.

Une nuit d’agressions et de pertes

Dans la nuit du vendredi 18 au samedi 19 septembre 2025, plusieurs boulangers affirment avoir été victimes d’agressions physiques et verbales. Ils accusent Djènè Madi, administrateur du marché Sogbè, d’avoir mené une descente musclée contre eux, accompagné d’hommes armés et de policiers.

Réunis le lendemain chez leur responsable à Missira, ils ont raconté leur mésaventure.

« Djènè Madi est arrivé avec un pick-up. Il a menacé certains d’entre nous, envoyé d’autres en prison et détruit nos produits. Nous faisons le pain à crédit pour approvisionner la population dès l’aube. Mais ils ont tout saccagé. Certains de nos collègues ont même disparu », témoigne Aly Badra Traoré, président du collectif des boulangers de Kankan.

Selon lui, douze boulangers ont été arrêtés puis conduits au commissariat de Missiran avant d’être libérés, grâce à une médiation du maire.

Des boulangers pris entre dettes et survie

La destruction de leur production représente une lourde perte pour ces artisans qui travaillent généralement à crédit.

« Les gens qui travaillent avec moi préfèrent aller en prison plutôt que d’affronter leurs créanciers. Nous avons tout perdu. Je vais saisir le président de la chambre de commerce, car je n’ai pas les moyens de compenser ces pertes. Nous demandons simplement que justice soit rendue », insiste Aly Badra Traoré, entouré de ses collègues abattus.

La version de Djènè Madi

Accusé par les boulangers, l’administrateur du marché Sogbè reconnaît avoir dirigé l’opération mais assure avoir agi sur instruction communale.

« Ces boulangers ont trahi la population. La commune leur avait demandé de produire deux types de miche : une à 3 000 GNF et une autre à 5 000. Mais ils refusaient de fabriquer la miche à 3 000 et forçaient les clients à acheter celle de 5 000. Certains ont catégoriquement refusé de se conformer. C’est pour cela que nous avons procédé à leur interpellation, avec l’appui de la police », explique-t-il, avant de préciser que les boulangers concernés ont ensuite présenté leurs excuses.

Un climat social fragilisé

Cet incident illustre les difficultés économiques de Kankan et le malaise grandissant entre autorités locales et acteurs économiques. La population, déjà éprouvée par la vie chère, subit directement les répercussions de la crise du pain, denrée de première nécessité.

À la veille du référendum constitutionnel du 21 septembre, cette affaire vient accentuer les tensions sociales dans la ville.

« Nous n’apprenons pas leur travail aux autorités. Nous leur exposons juste ce que nous avons vécu. C’est à elles de décider de la suite », conclut le président des boulangers.

Pour l’heure, la mairie de Kankan n’a pas encore réagi officiellement.

Karifa Doumbouya, correspondant à Kankan

612 512 279

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