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Alors que la saison des pluies a débuté en Guinée avec de fortes précipitations, provoquant déjà des inondations dans certaines localités comme Coyah, notre rédaction est allée à la rencontre des spécialistes du climat pour en savoir davantage.
Dans un entretien accordé à notre rédaction ce vendredi 4 juillet 2025, le Directeur Général de l’Agence Nationale de la Météorologie a fait le point sur la situation pluviométrique de l’année en cours.
Dr René Tato Loua a également identifié les principales zones à risque, notamment la Basse-Côte, et a insisté sur l’importance de suivre les alertes météorologiques.
Lisez l’intégralité de l’entretien :
Mosaiqueguinee.com : Dr, vous êtes le DG de l’Agence Nationale de la Météorologie (ANM), dites-nous comment se présente la saison des pluies cette année ?
Dr René : Cette année, conformément à la répartition spatiale, Il faut se dire que, par endroits, nous avons des pluviométries excédentaires, et aussi des pluviométries légèrement déficitaires prévues. Alors, en ce qui concerne le démarrage de la saison des pluies, nous savons déjà que nous sommes en pleine saison. Dans la partie sud-est du pays, la saison a commencé tôt, c’est-à-dire en région forestière. Par contre, dans la partie sud-ouest, la saison a commencé tardivement, comme c’est le cas en Basse-Côte. Ce n’est qu’au mois de juin qu’on a commencé à recevoir la pluie, tandis que la région forestière avait déjà enregistré des quantités importantes de précipitations.
Du point de vue comportemental, il faut dire que, conformément à la distribution pluviométrique, la zone côtière, la Basse-Côte connaît une saison moins longue, mais avec des intensités de pluie très importantes. C’est ce que vous avez constaté durant ces derniers jours.
On reçoit un système pluvio-orageux qui entraîne des quantités de précipitations très considérables. À cela s’ajoute l’installation de la mousson ouest-africaine. Donc, les effets conjugués de ces deux conditions font qu’en Basse-Côte, nous constatons des pluies très intenses, susceptibles d’occasionner des cas d’inondations.
Avez-vous constaté plus d’anomalies cette année par rapport aux années précédentes ?
Non ! C’est en fin d’année qu’on peut faire le bilan, puisque nous sommes en pleine saison des pluies. Quand on fait des prévisions, on attend la fin de l’année pour faire un bilan et comparer aux années précédentes, afin d’en tirer une conclusion.
Quelles sont les zones à risque ?
Il y a plusieurs risques liés aux phénomènes météorologiques. Mais en ce qui concerne les pluies diluviennes, c’est-à-dire les cas d’inondation, les zones à risque, selon la cartographie dont nous disposons sont principalement la Basse-Côte, qui est la zone côtière. Il faut savoir que c’est une zone de basse altitude, avec la mer à proximité. Donc, quand la pluie coïncide avec la marée haute, cela aggrave la situation et peut provoquer des inondations. La Basse-Côte est donc une zone à risque d’inondations. Et même à l’intérieur de cette région, il y a des zones bien précises, comme les bordures de mer et les bas quartiers.
Maintenant, en Haute-Guinée, dans le bassin du Niger, comme à Siguiri, par exemple, on observe aussi une exposition au risque d’inondation. Dans la région forestière également, certains endroits comme la ville de N’zérékoré sont exposés aux inondations.
Cela signifie que le changement climatique a un impact sur l’intensité de la pluviométrie ?
Oui, cela a un impact, parce que ça modifie le comportement de la saison. C’est pourquoi il est important de suivre les bulletins météo, car seule la météo surveille en continu cette situation. Elle permet de comprendre quel comportement suivra tel ou tel phénomène.
Est-ce que vous disposez des outils nécessaires pour faire des prévisions ?
Il faut noter qu’avant et maintenant, ce n’est pas la même chose. Les choses se modernisent. La météo est en pleine innovation et modernisation. Ce qui fait que, ces deux dernières années, nos prévisions sont devenues très efficaces et précises. Cela veut dire que nous disposons d’outils, même si ce n’est pas encore suffisant. Mais les outils dont nous disposons sont de qualité. Nous sommes en train d’automatiser les équipements. Actuellement, nous installons des stations automatiques à travers le pays. Et au niveau central, nous utilisons des technologies de pointe.
Ce qu’il faut aussi retenir, en matière de diffusion des bulletins que nous élaborons, c’est que la Météorologie de Guinée, pour la première fois dans son histoire, a récemment développé un site web qui permet d’émettre des alertes très rapidement, pour informer la population et les décideurs, afin qu’ils prennent des dispositions pour la sécurité des personnes et de leurs biens.
Ce site est très consulté. L’accès est gratuit. Vous pouvez y voir toutes les informations. Par exemple, la situation vécue ces trois derniers jours, ou cette dernière semaine : nous avons émis des alertes très précises, et la dernière a expiré hier à 18h. Ce qui était prévu s’est bien produit : hier jeudi, en soirée, la situation s’est calmée jusqu’à ce matin. Cela montre que nous travaillons actuellement avec une précision vraiment remarquable.
Quelles sont vos prévisions pour les jours à venir ?
Pour chaque jour, il faut suivre la RTG. Nous faisons des prévisions qui y sont diffusées. En plus de cela, nous émettons aussi des alertes quand la situation l’exige.
On peut dire qu’il va pleuvoir, mais cette pluie ne causera pas forcément de dégâts. Par contre, si on sent que cette pluie peut provoquer des dégâts, comme des inondations, c’est à ce moment qu’on émet une alerte qui vient renforcer les prévisions quotidiennes. Cela permet à la population et aux services chargés de la gestion des catastrophes de prendre les dispositions nécessaires.
Donc, pour le moment, on ne peut pas dire qu’il y a une alerte particulière. Nous analysons la situation avant qu’elle n’arrive. Nous surveillons le temps 24h/24, et dès qu’on sent qu’un phénomène peut survenir, on alerte immédiatement.
Qu’il pleuve ou non, il y a un bulletin quotidien qui couvre tout le territoire national, et qui informe sur la pluie, la température, etc. Même au niveau de la mer, nous fournissons chaque jour des informations utiles aux pêcheurs et à tous les pratiquants de la mer via des services usagers.
Que recommandez-vous aux citoyens, notamment ceux qui vivent dans les zones à risque comme Conakry, où l’on constate souvent des inondations ?
D’abord, il faut être très prudent pendant les périodes de fortes pluies, surtout pour ceux qui habitent les zones inondables.
Les infrastructures dans ces zones doivent être adaptées. Quand on construit dans une zone inondable, il faut prendre en compte plusieurs paramètres liés à la nature, comme les informations météorologiques, pour construire des habitations bien adaptées. Car notre climat change, et notre environnement subit les conséquences du changement climatique, dont l’homme est en partie responsable.
Sollicitez -vous un accompagnement de la part de l’Etat ou des partenaires ?
Oui à plus d’un titre ce service a nécessairement besoin d’être accompagné par l’Etat et les partenaires d’aide au développement vu son importance et sa transversalité.
Entretien réalisé par Hadja Kadé Barry