Crise de liquidités : qui dit vrai, Bah Oury ou Karamo Kaba ?

il y a 8 heures 24
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Alors que les Guinéens s’interrogent sur la persistance d’un manque de liquidités dans le pays, deux voix majeures du pouvoir tiennent des discours divergents sur la réalité et la gravité de la situation.

La tension autour de la pénurie de cash continue de monter en Guinée. Tandis que les citoyens peinent à accéder à leurs fonds et que les opérateurs économiques alertent sur une paralysie progressive des transactions, deux figures clés de l’exécutif guinéen semblent ne pas accorder leurs violons : Il s’agit du Premier ministre Amadou Oury Bah et du Gouverneur de la Banque centrale, Karamo Kaba.

À l’occasion de la présentation, ce mercredi 2 juillet 2025 à Conakry, du rapport du FMI sur les perspectives économiques régionales de l’Afrique subsaharienne, Karamo Kaba a tenu à relativiser les inquiétudes grandissantes. Pour lui, parler de crise serait excessif. « Il y a un problème d’excès d’usage de cash en Guinée. Celui qui est bancarisé ou qui utilise Orange Money, PayCard, Kulu ou Soutra Money vit normalement », a-t-il déclaré, rejetant l’idée d’une crise structurelle au profit d’un simple déséquilibre conjoncturel.

S’il a concédé un retard dans les commandes de billets, il a surtout promis un retour à la normale d’ici septembre : « En août, on va recevoir beaucoup de billets. Et en septembre, beaucoup, beaucoup, beaucoup de billets », a-t-il assuré. « Si c’était vraiment grave, je ne serais pas là », a-t-il ajouté.

Un ton résolument optimiste que ne partage visiblement pas le Premier ministre Bah Oury, qui, dix jours plus tôt, le 20 juin, évoquait très clairement une « crise de liquidité » lors d’une réunion stratégique au ministère des Affaires étrangères.

Devant les responsables des Bureaux de stratégie et de développement (BSD) et des hauts cadres de l’administration, il admettait sans détour : « Nous faisons tous face à cette difficulté liée au manque de liquidités, quel que soit le type de règlement concerné», a-t-il admis tout en annonçant des mesures concrètes dont la cessation à partir de fin juin tout paiement en espèces à la Primature . «Aucune prime, aucun salaire ne sera distribué en espèces. Tous les paiements se feront par virement bancaire », a-t-il tranché.

En parallèle, il a demandé à toutes les institutions, y compris les forces de défense et de sécurité, de revoir leurs mécanismes de décaissement. Pour Bah Oury, la question monétaire est au cœur de la stabilité économique actuelle. « Cela coûte extrêmement cher de demander à la Banque centrale d’imprimer des billets chaque mois, et cela affaiblit dangereusement notre économie », a-t-il alerté.

Au-delà de l’urgence, le chef du gouvernement appelle à une réflexion de fond : « Nous sommes dans une phase de basculement. […] Une monnaie fiduciaire très importante pourrait ne pas satisfaire les besoins de cette économie. Il faut réfléchir et changer de méthode. »

Un diagnostic qu’il compte approfondir avec les opérateurs économiques. Des concertations sont annoncées dans les prochains jours pour trouver des solutions concrètes à ce qu’il qualifie lui-même de « crise de liquidité qui affecte tout le monde ».

Entre le discours rassurant de Karamo Kaba et l’approche pragmatique de Bah Oury, un contraste saisissant se dessine au sommet de l’État. Si l’un mise sur la patience et la modernisation numérique, l’autre alerte sur la nécessité d’un changement immédiat dans les habitudes financières de l’administration et du pays tout entier. Mais dans l’attente, c’est bien la population qui continue de subir les effets d’une rareté du cash qui, elle, ne fait aucun doute.

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