Boubacar Yacine Diallo à la presse de Kankan : “pas d’insultes, pas de calomnies, dites la vérité”

À l’occasion de la pose de la première pierre du siège régional de la Haute Autorité de la Communication (HAC) à Kankan, ce samedi 31 mai 2025, le président de l’institution, Boubacar Yacine Diallo, a délivré un message fort en faveur d’une presse éthique, professionnelle et proche des populations.

Devant les autorités locales, les notables, les hommes de médias et de nombreux citoyens, il a présenté les ambitions de son institution pour renforcer l’encadrement et la promotion du journalisme dans les régions. L’édification de ce siège régional s’inscrit dans une vision de décentralisation du service public de régulation des médias.

« Les raisons fondamentales de l’édification de sièges régionaux ont été largement évoquées par mes prédécesseurs. Mes collègues et moi avons décidé de faire partager l’expérience du service de monitoring de Conakry au profit de tous les autres qui sont installés depuis longtemps à l’intérieur du pays. Nous avons décidé de permettre aux citoyens de ne plus aller jusqu’à Conakry pour se plaindre lorsqu’ils ont été victimes d’un journaliste ou d’une entreprise de presse. Nous avons donc décidé d’installer dans les régions administratives ces sièges, qui seront des tribunaux, non pas pour prononcer des peines de prison, mais pour conseiller les journalistes, les former, les recycler, et bien sûr, pour protéger ceux qui feront correctement leur travail et sanctionner ceux qui ne le feront pas bien, ceux qui violeront l’éthique, la déontologie et les lois en vigueur. Ce siège donc vous appartient, population de Kankan, population de la Haute-Guinée. »

Insistant sur la puissance de la presse, « qui peut construire tout comme elle peut détruire », le président de la HAC a exprimé son souhait de voir émerger à Kankan une presse libre et responsable. Il a appelé les journalistes à faire preuve de professionnalisme et à incarner l’excellence.

« Vous savez, la presse peut construire tout comme elle peut détruire. Et je prie Dieu que celle de Kankan soit une presse libre, responsable, une presse qui construit. Une presse qui sait que sa liberté ne peut être entière et totale si elle n’est pas accompagnée de responsabilité. Je voudrais donc inviter les journalistes de Kankan à plus de professionnalisme, plus de responsabilité, pour qu’ils soient cités en exemple toutes les fois que nous procéderons à des confrontations ou, pour être plus clair, à des comparaisons. Nous avons reçu des plaintes de citoyens de Kankan, que nous avons réglées à l’amiable. C’est aussi le rôle de la HAC. Contrairement à ce que l’on peut penser, nous ne faisons pas que sanctionner, nous réglons à l’amiable, nous conseillons les journalistes. »

Boubacar Yacine Diallo a également profité de cette cérémonie pour annoncer les conclusions du dernier forum des médias tenu à Conakry. Deux outils y ont été adoptés en faveur des journalistes :

« Je voudrais vous dire que le forum qui vient de se tenir à Conakry a sorti deux outils en faveur des journalistes. Le premier, c’est l’instance d’autorégulation, ou plus exactement l’organe de l’autorégulation. Cet organe va installer en son sein le tribunal des pairs. Désormais, les journalistes vont juger les journalistes, comme les imams entre eux se jugent, choisissent et désignent un imam. Nous allons aussi récompenser les journalistes qui feront bien leur travail, pour montrer que le bon exemple doit être récompensé. Le deuxième instrument, c’est la convention collective. Les journalistes guinéens sont mal payés, et quand ils le sont, ils ne reçoivent pas toujours leurs salaires. Nous avons demandé aux patrons de presse de ne pas faire des journalistes des mendiants, ni des personnes corrompues. La convention collective viendra régler cette question. Le statut du journaliste, tel que défini dans la loi, sera repris dans cette convention collective : des salaires seront fixés, des avantages seront aménagés pour les journalistes. Mais je voudrais aussi vous dire que cette convention collective interdira aux journalistes d’être à la fois employés et employeurs. Donc le choix sera clair : ou vous êtes patron, ou vous êtes journaliste. Et nous allons également veiller à ce que des entreprises de presse soient créées, parce que c’est justement faute d’entreprises de presse que les journalistes ne sont pas payés, ou parfois mal payés. Je voudrais donc inviter les journalistes à tout faire pour obtenir la carte de journaliste professionnel. Mes collègues et moi avons décidé de la rendre gratuite, parce que nous avons constaté que certains bons journalistes ne l’avaient pas, tout simplement parce qu’ils ne pouvaient pas la payer. À partir du 1er juillet, tout journaliste non détenteur de la carte ne pourra plus couvrir les manifestations publiques. Les autorités seront saisies à cet effet, les organisateurs de manifestations publiques également. Je voudrais vous inviter à éviter les injures, les diffamations, les calomnies. Dites la vérité. Ce qu’on demande à un journaliste, c’est d’être objectif et honnête. Je suis sûr que vous serez justes, que vous serez honnêtes. »

Il est important de rappeler que le délai de réalisation de ce siège est prévu pour douze mois.

Pathé Sangaré, correspondant à Kankan

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