Bongolon/Boffa : les mareyeuses entre pénurie de poissons et manque d’eau

il y a 19 heures 31
PLACEZ VOS PRODUITS ICI

CONTACTEZ [email protected]

Sous le soleil écrasant de Douprou, entre les étals du grand marché hebdomadaire et le port artisanal de Bongolon, situé dans la commune rurale de cette localité, située à 66 kilomètres du centre-ville de Boffa, une femme s’affaire. Elle s’appelle Hawa Sylla, 48 ans, mère de cinq enfants.

Chaque jour, elle parcourt plus de 15 kilomètres à pied pour se rendre aux différents ports. Les trajets sont éprouvants, surtout pendant la saison des pluies, où les routes sont boueuses, ou en saison sèche, la poussière est omniprésente.

Arrivée aux ports comme Bongolon ou Campamadi, elle fait face à une forte concurrence et doit parfois attendre des heures que les pêcheurs déchargent leur poisson. Souvent, les produits sont déjà réservés à des grossistes ou vendus à des prix trop élevés pour elle. Il lui arrive alors de rentrer les mains vides. Cette difficulté d’accès à la matière première affecte non seulement sa production, mais aussi ses revenus et sa capacité à subvenir aux besoins de sa famille.

Joindre les deux bouts reste un défi quotidien

« Je ne suis pas allée à l’école, mais j’ai compris que si on attend tout de l’État ou des hommes, on va mourir sans satisfaire ses besoins. C’est pour toutes ces raisons que je me lève tôt et me couche tard. Le prix du poisson a augmenté, il manque parfois de bois pour le fumage. Mon mari et mes enfants comptent sur moi : vêtements, nourriture… Vraiment, c’est difficile. Mais seul le courage me sauve. Parfois, je suis obligée de prendre une partie du capital de mon commerce pour que ma famille ne dorme pas le ventre vide. Je ne veux pas que mes enfants vivent ce que j’ai vécu. Je veux qu’ils aient des choix. C’est ça, la dignité, l’autonomie. Parfois, je reste des heures sur les ports sans rien obtenir.

Les pêcheurs favorisent ceux qui ont des relations ou peuvent payer des avances. Nous, les petites vendeuses, devons nous battre. Le poisson se vend vite et les pertes sont fréquentes. Sans compter le favoritisme, qui complique encore l’accès aux meilleures prises. Certains jours, on rentre bredouille, pendant que les enfants attendent à la maison », confie Hawa Sylla.

Malgré tout, Sayon Touré, une autre mareyeuse, ne baisse pas les bras. Elle lance un appel aux autorités locales et à l’État pour l’installation d’un forage : « Notre plus grande difficulté ici, c’est l’eau. Nous souffrons pour en avoir. Parfois, nous achetons un bidon à 5 000 francs guinéens chez les conducteurs de tricycles. Aujourd’hui, nos maris ne travaillent pas, toutes les charges reposent sur nos épaules. Nous demandons l’aide de l’État et des personnes de bonne volonté pour nous aider à avoir un forage. »

Le chef de port de Bongolon, David Daco Touré, confirme ces difficultés : « On a de vrais problèmes ici. Depuis des mois, l’eau douce se fait rare. Pour laver le poisson ou répondre aux besoins des mareyeuses, c’est très compliqué. L’hygiène en prend un coup, et cela affecte la qualité des produits. Souvent, les pêcheurs préfèrent vendre à des acheteurs venus de loin ou à des grossistes ayant plus de moyens. Les femmes d’ici, surtout celles sans lien direct avec les pêcheurs, n’ont pas accès aux poissons les plus frais. Elles attendent parfois des heures et repartent les mains vides. »

Le poisson est bien plus qu’une simple ressource : c’est un pilier économique pour de nombreuses familles, en particulier pour les femmes. Mais sans accès régulier au poisson et sans eau potable, c’est tout un mode de vie qui se trouve aujourd’hui en péril.

Lire l'article en entier