PLACEZ VOS PRODUITS ICI
CONTACTEZ [email protected]
La Fédération internationale pour les droits humains(FIDH), l’Association des victimes, parents et amis du 28 septembre 2009 (AVIPA) et l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme et du citoyen (OGDH) ont commémoré ce dimanche 28 septembre le 16ème anniversaire du massacre du 28 septembre 2009 à Conakry. Au cours de la conférence de presse que les trois organisations ont co animé à la maison de la presse, la présidente de l’AVIPA est intervenue sur la situation des victimes.
Selon Asmaou Diallo, celles-ci continuent de réclamer justice, vérité et réparation 16 ans après les faits et malgré la tenue d’un premier procès entre 2022 et 2024 qui a débouché sur la condamnation de huit responsables militaires et politiques, dont l’ancien chef de la junte d’alors, le capitaine Moussa Dadis Camara pour crimes contre l’humanité
« Nous devons le reconnaître, ce procès a constitué une avancée historique. Pour la première fois, en Guinée, des responsables de haut niveau ont été jugés pour des crimes aussi graves. C’est une victoire partielle, une victoire obtenue grâce à la détermination sans faille des victimes, au courage des survivantes, et à l’engagement constant de la société civile et de nos partenaires internationaux. Mais cette victoire est incomplète », a affirmé la présidente de l’AVIPA.
Asmaou Diallo parle de victoire incomplète, car elle reste marquée par de sérieuses insuffisances, poursuit-elle.
« Sur plus de 730 victimes constituées parties civiles et plus de 450 victimes auditionnées par les juges, seules 334 ont été mentionnées dans la décision de justice. Cela signifie que des centaines de victimes, pourtant reconnues dans la procédure, ont été invisibilisées dans le jugement final. Ce fait est douloureux, incompréhensible et injuste. Il montre à quel point le chemin vers une justice complète est encore long », s’est-elle montrée quelque peu pessimiste.
Comme l’OGDH, l’AVIPA n’est pas en phase avec la grâce accordée au capitaine Moussa Dadis Camara, en mars 2025. Cette décision continue d’être vécue comme un véritable choc par les victimes.
« C’est une décision politique, prise en pleine procédure d’appel, qui envoie un signal d’impunité et remet en cause la crédibilité même du processus judiciaire. À cela s’ajoute le décret présidentiel sur l’indemnisation, censé être une avancée majeure, mais qui a exclu de nombreuses victimes et créé des divisions et frustrations profondes. Nous le disons avec clarté : un travail inachevé en matière de justice ne guérit pas les blessures, il les aggrave. L’impunité ne réconcilie pas un peuple, elle entretient la colère, le désespoir et l’instabilité », a déclaré Asmaou Diallo.
Face à ces différentes situations, l’organisation de Dame Diallo lance trois appels solennels. D’abord aux autorités guinéennes :
« Organisez sans délai le procès en appel. Il est urgent que la justice aille au bout de son travail, de manière transparente et équitable. Revoyez le processus de réparation afin qu’il soit inclusif, définitif et juste. Chaque victime reconnue doit bénéficier de ses droits, sans discrimination. Protégez les victimes, les témoins et les défenseurs des droits humains. Leur sécurité est une condition essentielle pour que la justice suive son cours »
Ensuite à la communauté internationale :
« Les Nations Unies, l’Union africaine, l’Union européenne, la Cour pénale internationale et les partenaires bilatéraux : Continuez à exercer une pression constante pour que la Guinée respecte ses engagements en matière de justice et de droits humains. Ne laissez pas ce procès historique devenir un symbole d’échec, mais au contraire, un exemple de persévérance et de solidarité internationale contre l’impunité »
Le troisième appel de l’AVIPA est adressé aux victimes et à leurs familles :
« L’AVIPA reste à vos côtés, déterminée à poursuivre le combat pour que vos souffrances soient reconnues, vos droits respectés et vos vies réparées. Gardons l’espoir, la justice est longue, difficile, mais elle est inévitable quand elle repose sur la vérité et la détermination des victimes. Aujourd’hui, nous rappelons que la vérité, la justice et la réparation ne sont pas négociables », a conclu Asmaou Diallo.
Sékou Diatéya