An 67 du “Non” à de Gaulle : “aujourd’hui, il y a une entreprise de falsification : on est en train d’inverser les rôles et de réécrire l’histoire” (PDG-RDA)

À l’occasion de la journée commémorative du 28 septembre 1958, le Parti Démocratique de Guinée – Rassemblement Démocratique Africain (PDG-RDA) a organisé ce dimanche, aux cases Belle-Vue de Dixinn, une cérémonie de souvenir et de réflexion. L’événement a réuni des compagnons de lutte, des militants et des sympathisants, venus rendre hommage aux héros de l’indépendance et réaffirmer l’actualité des idéaux du parti.

Pour cette 67e commémoration, Mangamory Bangoura, secrétaire général intérimaire du PDG-RDA, a annoncé : « Le président de la République nous a informés que désormais, la photo de notre camarade Ahmed Sékou Touré sera placée à côté de la sienne, juste à la devanture du camp Almamy Samory Touré », a-t-il déclaré, avant de rappeler la portée historique du double événement.

« Ce jour, 28 septembre 2025, symbolise deux événements d’une portée historique inégalée pour notre République de Guinée : d’une part, la célébration de l’anniversaire du vote du 28 septembre 1958 qui a placé notre pays sur la voie des États libres et souverains, débarrassés de toute oppression et de toute discrimination sociale ; et d’autre part, le renouvellement incarné par le scrutin du 21 septembre 2025, qui s’est déroulé dans un climat de transition, de paix et de quiétude sociale. Cette similitude d’option vise à défendre une seule et unique position : celle de la souveraineté fondamentale et permanente. Elle doit, positivement, inspirer une ouverture d’esprit, un sens d’équité et de solidarité afin de renforcer la cohésion du peuple de Guinée, qui n’a jamais fléchi devant l’histoire. »

Il a également retracé les acquis du régime de Sékou Touré, interrompus après 1984 et que le CNRD s’efforce de faire renaître : « Le référendum du 28 septembre 1958 dans notre pays est la concrétisation des idéaux inscrits dans le programme de société élaboré par le PDG-RDA depuis sa création, le 1er mai 1947. Le mode de gouvernance mis en œuvre intégrait alors tous les secteurs de développement de la vie sociale, économique, politique et culturelle. Dans le domaine social, la prise de conscience du retard a animé l’esprit de nos dirigeants et les a orientés vers les préoccupations majeures suivantes : l’éducation, la santé, la sécurité, la culture, l’environnement et la diplomatie. […] Cet héritage, aussi élogieux qu’orgueilleux, fut interrompu au détriment du peuple de Guinée par le coup d’État du 3 avril 1984, suite à la mort brutale du Responsable suprême de la Révolution, le Président Ahmed Sékou Touré. Quatre décennies d’acquis au prix d’énormes sacrifices furent ainsi anéanties, plongeant la Guinée dans la perte de ses repères. La refondation prônée par le CNRD, dirigé par le Général d’Armée Mamadi Doumbouya, Président de la République, Chef de l’État, représente l’opportunité de restaurer le pouvoir du peuple qui l’a tant désiré. »

Prenant la parole, Dr Ousmane Linsan Bangoura a mis en garde contre ce qu’il considère comme une tentative de falsification de l’histoire : « Aujourd’hui, il y a une entreprise de falsification : on est en train d’inverser les rôles et de réécrire l’histoire. C’est pourquoi nous n’allons pas seulement partager le “non” de 1958, mais aussi relater ce qui s’est passé après. Après ce “non”, la Guinée a subi une tentative d’isolement, notamment par le sabotage de l’économie : de faux francs guinéens furent injectés pour la déstabiliser. Il y a eu des complots, mais aujourd’hui certains affirment que ces complots étaient faux, imaginaires. Nous, membres du PDG-RDA, avons le devoir de rappeler ces réalités. Nos dirigeants se sont battus pour nous, pour l’indépendance de notre pays. Il ne faut pas accepter que leurs œuvres soient jetées dans la boue. Nous devons nous repentir, mais quel jour ? Le 28 septembre.

Notre mission est d’informer objectivement la population sur ce qui s’est réellement passé après 1958, et de leur faire comprendre que la Guinée a subi une guerre de libération. Contrairement à l’Algérie et au Cameroun, ce n’était pas une guerre chaude, mais une guerre froide : économique, politique et culturelle. »

De son côté, Dr Ismaël Condé a insisté sur l’importance de préserver l’héritage du 28 septembre. « Depuis le 3 avril 1984, tout est mis en œuvre pour effacer notre passé. Il est donc primordial de le reconstituer et de le préserver, car ce passé est plus que glorieux.

Chers jeunes et militants du PDG-RDA, nous avons la lourde responsabilité de continuer à défendre l’idéal d’Ahmed Sékou Touré, de Saifoulaye Diallo, de Hadja Mafory Bangoura et de tous les camarades de l’indépendance », confie-t-il.

La voix des femmes a été portée par Kanté Fatoumata Binta Tawel, présidente des femmes du PDG-RDA, qui a rappelé l’importance des figures féminines comme Hadja Mafory Bangoura, Jeanne Martin Cissé et M’balia Camara dans la quête de la liberté.

« C’est le camarade Ahmed Sékou Touré qui a montré que la femme n’est pas l’esclave de l’homme, mais son égale : elle travaille et éduque à ses côtés. Les femmes se sont mobilisées pour protester contre le double paiement de l’impôt annuel imposé par les colons et leurs auxiliaires. Face à leur refus, les chefs de canton emprisonnèrent leurs époux, ce qui déclencha une manifestation des femmes, au cours de laquelle M’balia Camara perdit la vie. Poursuivant la lutte, les femmes obtinrent une augmentation des salaires. Hadja Mafory appela à la vente des biens pour subvenir aux besoins quotidiens. Après 72 jours de lutte, les maris furent libérés et les salaires relevés. »

Entre devoir de mémoire et plaidoyer pour l’unité nationale, cette cérémonie a réaffirmé la volonté du PDG-RDA de défendre l’héritage du 28 septembre 1958. Durant le panel organisé pour la deuxième phase de la célébration, les anciens ont unanimement appelé les jeunes générations à s’approprier cette histoire, non seulement pour la préserver, mais aussi pour inspirer l’avenir politique, économique et social du pays.

Mayi Cissé

623 62 53 65

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