Une croissance minière forte, mais peu inclusive : l’alerte de la Banque mondiale

il y a 13 heures 35
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Le Fonds monétaire international (FMI)  a présenté, ce 2 juillet 2025, son rapport sur les perspectives économiques régionales de l’Afrique subsaharienne. Cette présentation a été faite devant un parterre d’institutions nationales, de partenaires techniques et financiers. À l’occasion de cette rencontre, Issa Diaw, Représentant Résident de la Banque mondiale en Guinée, a mis en exergue les défis auxquels fait face la région. Il a ensuite formulé des recommandations fortes pour transformer la croissance économique en développement durable et équitable.

Le rapport présenté, intitulé « Une reprise interrompue », alerte sur l’environnement économique fragile dans lequel évoluent les pays d’Afrique subsaharienne. Selon Issa Diaw, la région traverse « une incertitude politique croissante », accentuée par des tensions géopolitiques, des chocs climatiques, la baisse des financements extérieurs et une volatilité accrue sur les marchés mondiaux.

« Nous faisons face à des défis majeurs tels que la baisse des investissements, la faible productivité, la pauvreté généralisée et la qualité sous-optimale des services publics », a souligné M. Diaw, appelant à des réformes structurelles ambitieuses.

La Guinée : une croissance forte mais inégalement partagée

Faisant un zoom sur la Guinée, le représentant de la Banque mondiale a reconnu une performance économique impressionnante, avec une croissance moyenne de 6,5 % entre 2016 et 2024, principalement tirée par le secteur minier. Mais cette croissance, prévient-il, « n’a pas été aussi inclusive qu’espéré ». Il déplore que les fruits de cette expansion n’aient pas profité à la majorité des Guinéens, en raison de la faible dynamique dans les secteurs non miniers, seuls capables de créer massivement des emplois.

Le projet Simandou, appelé à devenir l’un des plus grands sites d’exploitation de minerai de fer au monde, constitue selon lui un double enjeu : un moteur potentiel pour l’économie mais aussi un facteur de déséquilibre si aucune réforme structurelle n’est entreprise.

«Simandou pourrait aussi représenter une opportunité de transformer significativement l’économie guinéenne si des mesures macro-fiscales appropriées et des réformes sectorielles sont mises en œuvre », a insisté le représentant de la Banque mondiale.

Des priorités stratégiques pour un développement inclusif

Pour construire une économie plus résiliente et inclusive, Issa Diaw a identifié plusieurs axes d’action. Il a d’abord insisté sur la nécessité de renforcer la stabilité macro-budgétaire et la viabilité de la dette, en poursuivant des politiques économiques prudentes et en maîtrisant le recours aux emprunts domestiques.

Parallèlement, il a appelé à améliorer la mobilisation et la gestion des recettes intérieures, notamment en modernisant l’administration fiscale, en renforçant les mécanismes de contrôle et en optimisant la gestion des investissements publics.

Dans le même esprit, il a jugé essentiel d’élargir l’accès aux services d’infrastructure clés, notamment l’électricité, les routes de qualité et le numérique, pour réduire les inégalités d’accès aux marchés et stimuler la productivité des entreprises.

En outre, le représentant de la Banque mondiale a plaidé pour un investissement accru dans le capital humain, avec un accent particulier sur l’éducation, la santé et la protection sociale, tout en veillant à réduire les écarts persistants entre hommes et femmes dans ces domaines.

À cela s’ajoute l’impératif d’améliorer le climat des affaires, à travers un dialogue constructif avec le secteur privé, un meilleur cadre réglementaire et le règlement des arriérés dus par l’État aux entreprises.

De plus, M. Diaw a mis en avant la priorité d’accroître la productivité agricole et de sécuriser la production, en soutenant les réformes et les investissements dans la gestion de l’eau, la recherche agricole et les services de vulgarisation.

Enfin, il a insisté sur la nécessité de protéger l’économie guinéenne contre le changement climatique, en mettant en œuvre des mesures d’adaptation et en facilitant l’accès aux financements verts pour les entreprises et les collectivités.

Issa Diaw a réaffirmé l’engagement du Groupe de la Banque mondiale à accompagner la Guinée dans la concrétisation de ces réformes. À travers ses projets d’investissement, son soutien aux politiques publiques et son partage d’expertise, la Banque mondiale entend contribuer à l’émergence d’une économie guinéenne plus robuste, plus inclusive et tournée vers l’avenir.

« Les défis sont importants, mais les solutions sont à portée de main », a-t-il conclu.

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