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De plus en plus, dans les discussions publiques, sur les réseaux sociaux ou au détour d’une conversation, revient un constat amer : les parents guinéens auraient « démissionné » de leur rôle d’éducateurs. Une affirmation parfois exprimée avec brutalité, mais qui met en lumière un enjeu de société majeur : la place des parents dans l’éducation de leurs enfants, dans un pays en pleine mutation sociale, économique et culturelle.
Traditionnellement, en Guinée comme dans de nombreuses sociétés africaines, l’éducation d’un enfant relevait d’une responsabilité collective : parents, aînés, voisins et institutions religieuses contribuaient à sa formation. L’enfant appartenait à la communauté.
Aujourd’hui, ce modèle s’effrite. Dans les zones urbaines notamment, les familles se restreignent, les deux parents travaillent souvent, les rythmes de vie s’accélèrent et les enfants sont exposés très tôt à des environnements extérieurs.
Faute de temps, de repères ou d’outils, certains parents délèguent de plus en plus leur rôle éducatif à l’école, aux réseaux sociaux ou à des figures peu encadrées. Ce n’est pas toujours une volonté de « démissionner », mais souvent la conséquence d’un décalage entre les attentes envers les parents et les réalités socio-économiques auxquelles ils font face.
Des conséquences visibles
Les effets de ce désengagement se manifestent par des comportements d’incivilité, la banalisation de la violence verbale et physique, un affaiblissement de la culture de l’effort et la perte de valeurs essentielles comme le respect, la solidarité ou l’honnêteté. Ces dérives, observées à l’école, dans les quartiers ou les transports publics, traduisent une crise dans la transmission des repères.
Le système éducatif guinéen, déjà fragilisé par de lourds défis structurels, ne peut remplacer à lui seul le rôle fondamental de la famille. L’école instruit, mais elle ne peut, à elle seule, éduquer. Sans un socle familial solide, les perspectives de développement personnel et social des enfants s’amenuisent.
Plutôt que de culpabiliser les parents, il est urgent d’ouvrir un débat constructif sur la parentalité en Guinée. Comment accompagner les familles ? Comment restaurer le dialogue intergénérationnel ? Quelle place accorder aux communautés, aux leaders religieux, aux associations de quartier et aux médias?
Des initiatives existent, souvent locales et discrètes, mais elles restent insuffisantes. Une politique publique structurée, appuyée par des campagnes de sensibilisation, des formations adaptées et un renforcement des valeurs dans le système scolaire, pourrait inverser la tendance.
Éduquer un enfant ne se limite pas à le nourrir et à le scolariser. C’est lui transmettre des repères, des limites, un sens du devoir et du vivre-ensemble. Cette mission incombe d’abord aux parents, mais doit être partagée avec l’école, la société et les pouvoirs publics.
La Guinée, riche de son capital humain, ne peut se permettre de sacrifier une génération faute d’encadrement adapté. Agir reste possible, à condition d’admettre lucidement les réalités et de s’engager collectivement à replacer la famille au cœur du projet éducatif national — une étape indispensable vers une société plus civique et harmonieuse.
L’article Enfants livrés à eux-mêmes : quand la responsabilité parentale perd ses repères ! est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.