Un nouveau port stratégique à Kouffin:  une nouvelle étape vers la souveraineté minière de la Guinée

L’idée de doter la Guinée d’un port en eaux profondes, souvent évoquée ces dernières années, semble entrer dans une phase concrète. Selon le site spécialisé portsetcorridors.com, le gouvernement prévoit la construction d’un nouveau port dans le district de Kouffin, situé dans la sous-préfecture minière de Kamsar.

Destinée à accueillir des navires de 100 000 à 200 000 tonnes de port en lourd (tpl), cette infrastructure stratégique vise à renforcer les capacités logistiques du pays dans le secteur minier. Les études de faisabilité seront financées à hauteur de 2 millions de dollars par la Banque africaine de développement (BAD), indique le confrère. Et d’ajouter : “le ministre du Plan et de la Coopération internationale, Ismaël Nabé, précise que ces études permettront de déterminer le mode de financement à privilégier, entre partenariat public-privé ou financement direct”.

De la rente à la transformation structurelle

Ce projet s’inscrit dans une dynamique plus large de transformation structurelle du secteur minier guinéen, longtemps considéré comme une simple rente. Ces dernières années, le gouvernement a multiplié les initiatives pour reprendre la main sur ses ressources et optimiser les retombées économiques.

Parmi les mesures déjà prises, parallèlement aux projet et programme Simamdou, on peut citer la mise en place du Bureau d’Evaluation Quantité et Qualité (BEQQ), dirigé par Moussa Nimaga, qui contrôle désormais en haute mer la quantité et la qualité des minerais exportés. Une révolution dans la transparence et la traçabilité des flux.

Autre réalisation notable, la construction de la cité ANAIM de Kolabounyi, un complexe destiné à améliorer les conditions de vie des travailleurs du secteur minier. Egalement, la décision de rapatriement des fonds issus de la vente des produits miniers, imposé aux compagnies afin de sécuriser une partie des recettes à l’intérieur du pays.

Sans oublier le prix de référence minimum qui a été instauré en mai 2022, pour lutter contre les pratiques d’évasion fiscale et d’optimisation fiscale des sociétés minières.

Enfin, le gouvernement a récemment créé la Guitram (Guinéenne des Transports Maritimes), une société d’État placée sous la tutelle du ministère des Transports. Son objectif : assurer le transport de 50 % des exportations de bauxite du pays, conformément au Code minier, qui prescrit que la moitié des flux de bauxite soit opérée par une entreprise guinéenne. Une étape décisive vers la constitution d’une flotte maritime nationale, renforçant la souveraineté économique du pays.

La construction de ce port en eaux profondes à Kouffin apparaît ainsi comme une pièce maîtresse dans cette stratégie de reconquête des chaînes de valeur et de maîtrise des infrastructures essentielles liées au secteur extractif. Surtout que le volume d’exportation du minerais de base de l’aluminium passe de près de 20 millions de tonnes il a une dizaine d’années, à environ 200 millions tonnes cette années, selon certaines prévisons.