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La Coalition nationale des professionnels de santé (CONAPROS) a levé le voile, ce jeudi 17 avril 2025, sur les défaillances du système sanitaire guinéen. À travers un rapport d’étude présenté à la presse lors d’une conférence à Conakry, cette organisation de la société civile dresse un état des lieux alarmant du secteur, interpelle les autorités au plus haut niveau et propose des pistes concrètes pour améliorer la gouvernance.
Basée sur les perceptions des professionnels de santé eux-mêmes, l’étude met en lumière un manque criant d’infrastructures, une inefficacité administrative généralisée, et l’abandon du personnel soignant, souvent livré à lui-même. Dans un langage direct, la CONAPROS alerte sur l’urgence d’une réforme structurelle.
“Quand vous voyez ce qui se passe au sein de notre système de santé, vous n’avez même pas besoin d’être spécialiste pour comprendre qu’ici il y a un problème. Il y a aujourd’hui la signature des agréments depuis près de deux ans. C’est l’un des maux qui sont au sein de notre système de santé. 65% de nos populations viennent fréquenter les structures privées”, a déclaré Moussa Cissé, membre de la coalition.
Ces chiffres révélateurs, selon la CONAPROS, traduisent une perte de confiance généralisée dans les structures publiques. Un signal fort, estime-t-elle, que les autorités doivent prendre au sérieux. L’organisation critique notamment une tendance à “détruire” plutôt qu’à construire, dans la gestion actuelle du ministère de la Santé.
“Si les décideurs du ministère de la Santé pensent que c’est pour abattre ces structures privées qu’il est bien pour pouvoir assainir notre système de santé, ça fait qu’il faut réfléchir davantage. Pour aller trouver des résultats pour montrer au président de la République que je travaille, ça ne passe pas forcément par casser ou bien par cesser. Il est très facile de casser mais construire est très difficile”, a-t-il ajouté.
Le rapport n’épargne pas non plus l’administration centrale, accusée de bloquer l’élan des cadres techniques, souvent ignorés dans leurs recommandations et découragés dans leurs efforts.
“Quand ils travaillent, le résultat de leurs travaux ne sont jamais pris en compte. Ça c’est le mot des cadres. Vous avez du personnel au niveau des concentrés dans les structures de santé. Les personnels disent qu’ils sont harcelés.”
L’harcèlement psychologique du personnel soignant est dénoncé comme l’un des freins majeurs au bon fonctionnement du système. L’insuffisance criante de moyens matériels est également pointée du doigt, rendant tout diagnostic ou traitement de qualité pratiquement impossible.
“Quand vous venez voir un personnel de santé et qu’il vous pose un diagnostic, s’il n’a pas les moyens de diagnostiquer cette maladie, qu’est-ce que vous voulez que le personnel vous fasse ? […] C’est comme si vous étiez en train de cuisiner, mais vous n’avez même pas de marmite”, illustre Moussa Cissé.
Selon la CONAPROS, au lieu d’être soutenus, les agents de santé sont “acculés, persécutés, voire envoyés en prison”. Elle appelle à un changement de paradigme, soulignant la nécessité de placer ces professionnels dans des conditions dignes, pour leur permettre de remplir efficacement leur mission.
Avec ce rapport, la Coalition espère provoquer une véritable prise de conscience. Elle plaide pour une refondation en profondeur du système de santé guinéen, convaincue que seule une volonté politique forte et une mobilisation collective pourront répondre aux attentes croissantes des populations.
L’article Système de santé guinéen : une ONG tire la sonnette d’alarme est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.