Sinko (Beyla) : le village de Soumailaso manque de tout

il y a 16 heures 37
PLACEZ VOS PRODUITS ICI

CONTACTEZ [email protected]

Au sud de la Guinée, à plus de 100 kilomètres de la sous-préfecture de Sinko (dans la préfecture de Beyla), se cache Soumailaso, un petit village situé à la frontière entre la Guinée et la Côte d’Ivoire. Cependant, l’absence de l’État se fait sentir, notamment dans l’accès aux soins de santé, de l’éducation, et le manque d’infrastructures routières, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Soumailaso incarne parfaitement l’isolement rural. Malgré cette situation, la population vit en parfaite harmonie. Cependant, l’État y est presque absent, rendant l’accès aux services de santé un véritable parcours du combattant. Ses habitants doivent se rendre à Touba, une localité ivoirienne distante de 20 kilomètres pour se soigner. Ce qui engendre parfois des coûts très élevés.

Mariame Keita, habitante de Soumailaso

« Nous n’avons pas de médecin ni d’hôpital ici. Quand nous tombons malades, nous partons sur le territoire ivoirien pour nos soins. Cela nous coûte énormément cher, parce que nous sommes des étrangers. Une fois, mon petit-fils est tombé malade. Par peur de devoir payer beaucoup d’argent en Côte d’Ivoire, nous avons décidé de l’envoyer à Sinko. À cause de la distance et du mauvais état de la route, l’enfant a rendu l’âme en cours de route », confie Mariame Keïta, habitante de Soumailaso.

Sur le plan éducatif, la situation à Soumailaso, reste préoccupante. Depuis l’accession de la Guinée à l’indépendance, la scolarisation des jeunes enfants n’a guère progressé et demeure un défi difficile à relever.

Lanciné Bakayoko, agriculteur à Soumailaso

« Nous n’avons presque rien chez nous ici. Même pour envoyer nos enfants à l’école, nous sommes obligés d’aller à plusieurs kilomètres. Les enfants qui n’ont pas encore l’âge de se séparer de leurs mères ne peuvent donc pas aller à l’école, car il est compliqué de parcourir chaque matin 30 à 40 kilomètres pour les y déposer. Cela a fait que la plupart de nos enfants ne vont plus à l’école. Sinon, notre souhait est de les scolariser », explique Lanciné Bakayoko, agriculteur.

Selon Lanciné Bakayoko, la majorité de la population de ce village est constituée d’agriculteurs, mais ceux-ci peinent à approvisionner le marché guinéen. Les produits issus des activités agricoles sont souvent acheminés vers le territoire ivoirien pour être écoulés, en raison d’un manque d’infrastructures routières adaptées.

« Sinko est situé à 105 kilomètres d’ici et la route n’est pas du tout praticable. C’est pourquoi nous préférons revendre nos produits agricoles à Touba, une localité ivoirienne qui se trouve à 20 kilomètres de chez nous. Nous voulons bien ravitailler le marché guinéen, mais il n’y a pas de route », s’indigne-t-il.

Par ailleurs, les transactions commerciales sont majoritairement effectuées en francs CFA, en plus du trafic de produits agricoles vers les villes ivoiriennes.

Mory Keita, commerçant à Soumailaso

« Nous faisons nos achats en francs CFA, même les jus et les cigarettes que nous revendons viennent de la Côte d’Ivoire. Le franc guinéen est rarement utilisé là-bas, car nos achats sont faits sur le territoire ivoirien », souligne Mory Keïta, commerçant.

À Soumailaso, vivre dans un bâtiment en tôle est un luxe. Faute de moyens financiers stables, la plupart des habitants résident dans des maisons en banco, recouvertes de paille.

“C’est dans ces maisons que nous passons la nuit, par manque de moyens financiers. Ceux qui ont un peu d’argent construisent des maisons en tôle. Ceux qui construisent des maisons en tôle ici sont soit des ressortissants qui vivent en Côte d’Ivoire, soit dans d’autres pays. Nous vivons dans une pauvreté totale qui ne nous le permet pas. Tout ce que nous gagnons dans l’agriculture est investi pour notre survie”, a martelé Lanciné Bakayoko, agriculteur.

À l’image de Soumailaso, de nombreuses localités guinéennes situées à proximité des frontières partagent des conditions de vie similaires. Il est donc impératif que l’État intervienne pour soutenir ces villages avant qu’ils ne sombrent dans l’oubli.

De retour de Sinko (Beyla), Souleymane Kato CAMARA pour Guineematin.com

The post Sinko (Beyla) : le village de Soumailaso manque de tout first appeared on Guineematin.com.

L’article Sinko (Beyla) : le village de Soumailaso manque de tout est apparu en premier sur Guineematin.com.

Lire l'article en entier