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Depuis sa cellule à la prison de Labé, un détenu s’est fait passer pour un devin auprès d’un entrepreneur domicilié à Sonfonia à Conakry , le manipulant à coups de révélations mystiques et de menaces occultes. Résultat : plus de 110 millions de francs guinéens versés en sacrifices et transferts mobile money. L’enquête menée par l’unité de lutte contre la cybercriminalité à la Direction centrale de la police judiciaire (DPJ) a permis de démanteler un réseau impliquant des complices à l’extérieur… et même à l’intérieur de la prison.
En décembre 2022, AOK, un entrepreneur résidant au quartier Sonfonia, dans la commune urbaine de Ratoma/Conakry, reçoit un appel téléphonique d’un inconnu qui lui dit à l’autre bout du fil qu’il est un grand devin. Ainsi, l’inconnu l’a décrit et lui a donné des informations précises sur sa famille, ses activités, sa vie privée et lui a ensuite révélé qu’il courrait un grand danger s’il ne faisait pas de grands sacrifices pour éviter ce qui allait lui arriver. Les sacrifices proposés étaient les suivants : 10 bœufs, 2 chameaux, 5 moutons à sacrifier et une somme de 25 millions de francs (2 500 USD) à utiliser pour acheter d’autres objets à considérer pour des travaux occultes.
L’inconnu lui a conseillé de ne pas expliquer cette situation à qui que ce soit, même à sa femme, au risque d’être atteint de folie. Il lui conseille d’agir vite car le temps presse. Étonné, bouleversé et effrayé par ces propos inattendus et craignant pour sa vie, il réunit la somme de 25 millions ainsi que la valeur des animaux mentionnés ci-dessus, le tout faisant 110 000 000 FG (11 000 USD). Il demande à l’inconnu, qui n’est autre qu’IKK, de lui indiquer comment il peut lui faire parvenir cette somme dans les plus brefs délais.
Le suspect lui a ainsi donné 5 numéros de téléphone avec des comptes d’argent mobile sur lesquels il lui a demandé de fractionner le dépôt de la somme, à raison de 22 000 000 FG par compte. Après avoir effectué le paiement, le suspect lui a demandé d’aller chercher de l’eau de mer à minuit, de verser cette eau dans une jarre encore neuve et inutilisée, d’ajouter du lait de vache frais à l’eau et de se laver avec le mélange le lendemain matin après avoir observé un jeûne tout au long du processus. Il lui a demandé de rester à l’écart pendant 3 semaines, après le rituel, sans toucher une femme.
Un mois après avoir effectué le rituel, AOK a reçu un autre appel téléphonique du suspect qui l’informait encore d’un autre rêve, dans lequel ses enfants étaient entourés d’une meute de chiens noirs qui menaçaient de les dévorer et qu’il fallait rapidement conjurer le sort pour éviter que les enfants ne soient victimes de sorcellerie.
Comme pour la première fois, il indique des animaux à sacrifier et une somme de 26 millions (2 600 USD) à payer. Effrayé par cette nouvelle révélation, AOK a refusé d’obtempérer et a affirmé qu’il n’avait plus les moyens de faire face à la nouvelle exigence du devin. Le suspect, après avoir entendu cela, a commencé à menacer AOK par d’autres chiffres et parfois par des intermédiaires.
Inquiet de la situation, AOK a décidé d’informer sa femme, allant à l’encontre de l’avertissement du soi-disant devin. Celle-ci a informé son frère, officier de police judiciaire, qui a conseillé à son beau-frère de déposer immédiatement une plainte auprès de l’unité de lutte contre la cybercriminalité de la direction centrale de la police judiciaire.
Dès réception de la plainte d’AOK, l’Unité de Cybercriminalité de la Direction Centrale de la Police Judiciaire a, sans hésitation, immédiatement entamé des investigations en étudiant l’identification numérique des utilisateurs des différents numéros utilisés pour échanger avec lui. Une réquisition a donc été adressée à l’ARPT aux fins de communiquer l’historique des appels entrants et sortants des numéros suspects ainsi que la géolocalisation des utilisateurs.
Les résultats des investigations numériques ont indiqué que les appels téléphoniques provenaient de Labé, plus précisément du centre de détention. Une mission a été envoyée, sous la direction du procureur de la République, pour réprimander les prévenus opérant à partir de ce centre de détention. Après une demi-journée de perquisitions dans les différentes cellules, 22 téléphones ont été saisis. Après d’intenses investigations, les détenus ont finalement collaboré et dénoncé leurs codétenus impliqués dans l’escroquerie, dont certains avaient déjà retiré les puces des téléphones.
Interrogé par les enquêteurs, IKK, l’auteur principal, mis devant le fait accompli, a reconnu les faits de fraude et d’extorsion par le biais d’un système informatique dont AOK a été victime, et a dénoncé ses complices qui ne sont autres que ELMO, qui jouait le rôle de vendeur de bétail, ELGA qui était chargé de se rendre dans les différents kiosques de mobile money afin d’y retirer les différents montants. Il a également dénoncé FORCE, le gardien de prison qui a non seulement facilité l’acquisition des téléphones portables, mais a également servi d’intermédiaire pour collecter de l’argent au nom du suspect à l’extérieur de la maison de détention, en échange de pots-de-vin. IKK a également dénoncé deux éleveurs et un boucher qui lui ont permis de blanchir le produit de ses actes cybercriminels.
Au terme des investigations, le prévenu et ses complices ont été déférés au parquet de Labé qui a requis l’ouverture d’une information judiciaire pour les délits d’escroquerie, de chantage et d’extorsion de fonds, le tout par le biais d’un système informatique et de blanchiment de capitaux. A ce jour, les prévenus ont tous été renvoyés devant la juridiction de jugement, au tribunal correctionnel de Labé.
Source : rapport GIABA
NB : le titre et le chapeau sont de la redaction de Guinee360
L’article Prison de Labé : depuis sa cellule, un détenu escroque 110 millions GNF à un entrepreneur est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.