Les petits cireurs de Labé : plus qu’un métier, des symboles de courage et d’ambition

il y a 5 heures 31
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En cette période de vacances, de nombreux jeunes venus des quatre coins de la région administrative se retrouvent dans la capitale du Fouta Djallon. Ces jeunes sont en quête d’un métier qui pourrait leur permettre de subvenir à leurs besoins primaires sans l’aide d’un tiers, plutôt que de perdre leur temps dans de stériles discussions, apprend votre quotidien électronique Guinéenews.

Venant de Donghole, Garambé, Poreko, Fady ou d’autres quartiers du centre urbain, ces jeunes se donnent rendez-vous chaque matin au grand marché de Labé. Selon les opportunités qui se présentent, certains font du commerce ambulant (d’objets divers, de chaussures, d’habits, de montres, de lunettes, etc.), tandis que d’autres apprennent un petit métier (mécanique, chaudronnerie, conduite automobile, etc.). Ces pratiques se multiplient à l’occasion de chaque vacances scolaires.

Non loin de ces divers petits métiers, celui de cireur se développe de plus en plus. Généralement pratiqué par des jeunes dont l’âge varie entre 10 et 18 ans, ils circulent en permanence tout au long des artères. Ces petits cireurs sont connus de tous, parfois même dans les lieux administratifs. Un petit sac au dos, des brosses, un pinceau, un mannequin de bois et un casier en bois sur lequel ils donnent des coups de marteau : c’est leur signal spécial pour attirer l’attention des éventuels clients, parfois à tue-tête : « Cirage ! ».

À côté de ces cireurs nomades, certains sont sédentaires et disposent de places attitrées. C’est le cas de Mamadou Alpha Barry, qui a sa place à côté de l’ancienne GTZ, de Samba Diallo au marché du pain, ou encore de la célèbre place de feu Mamadou Pathé Diallo, connu sous le nom de Pathé Italie, à l’ancienne gare routière de Lélouma, selon un constat de la rédaction locale de Guinéenews.

Mais on ne peut parler d’eux sans mentionner le « camp des cireurs » à l’ancien salon du tourisme, en face de l’actuel siège de la garde communale. Tenez-vous bien, ce lieu que nous avons surnommé « camp des cireurs » pour des raisons non fortuites est l’unique endroit de la ville, voire même de la région, où vous pouvez toujours trouver des dizaines de jeunes cireurs issus d’horizons différents et dont les motivations varient également.

« Je suis cireur depuis maintenant trois ans. Je suis natif de Koin, mais c’est ici que j’ai appris ce métier avec nos aînés que vous voyez là. Ces derniers ont aussi appris le métier ici. Personnellement, je ne viens ici que pendant les vacances parce que je suis élève en classe de 10ème année. On vient de finir l’examen du brevet d’études du premier cycle (BEPC). En attendant, je gagne mon quotidien ici dans l’espoir de finir mes études et de devenir ingénieur en génie civil », déclare Thierno Alhassane Diallo, de Dombi.

Mamadou Bhoye Diallo, lui, vient de Nzérékoré pour passer les vacances auprès de la famille à Labé. Au lieu de rester sans rien faire, il préfère s’investir dans ce petit métier. « Je fais la 9ème année à SOS Nzérékoré. Chaque fois que je viens à Labé, j’exerce ce métier avec mes amis. C’est vrai qu’on ne gagne pas beaucoup, mais on subvient à nos besoins. Par exemple, je trouve ici le prix de mes fournitures chaque année. À la longue, j’aimerais mettre en place un grand magasin de cordonnerie », souhaite-t-il.

Par contre, Samba Diouma Kanté, 14 ans, originaire de Dionfo, n’a pas eu la chance d’aller à l’école. Il exerce ce métier pour réaliser des économies qui lui serviront à développer un commerce : « Vous savez, ce n’est pas facile, la vie est devenue très chère chez nous, donc forcément, il faut se battre pour survivre. On fait ce métier parce qu’on est obligé de se débrouiller ainsi jusqu’à ce qu’on trouve autre chose ; pourquoi pas développer un commerce… », clame-t-il.

Ne supportant pas l’oisiveté, Mamadou Cellou Diallo, qui est en 10ème année au collège Hoggo M’Bouro de Labé, s’est employé à combler ses heures creuses : « Après l’école, c’est-à-dire avant les vacances, je viens directement ici pour essayer de gagner mon petit pain. Ma mère et mes petits frères comptent entièrement sur moi. Donc, depuis la fermeture des classes, je suis permanent ici et j’avoue que ça marche très bien ».

« Je demande aux jeunes de faire un petit métier au lieu de tendre la main. Un jeune doit pouvoir subvenir à ses besoins primaires. Il ne faut pas tout mettre à la charge des parents, il faut s’employer à faire quelque chose, même si ce n’est pas le métier de cireur. Il y a beaucoup de métiers qu’ils peuvent faire. Donc je les encourage à redoubler de courage », lance Thierno Alhassane Diallo.

Tous ces jeunes, instruits ou non, ont un point commun : le courage, celui de forcer le respect, de plier leur destin à leur propre volonté. En tout cas, bon nombre des actuels grands commerçants, qui possèdent quantité de villas, de voitures et de comptes bancaires, sont passés par ce chemin. Donc, pourquoi pas ces jeunes cireurs ?

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