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http://Actuguinee.org / [Scission de cinq ministères, spécialisation accrue des portefeuilles, pilotage par la performance : le président de la transition, Mamadi Doumbouya, engage une réforme structurelle inédite de l’appareil d’État. Une transformation qui s’inscrit dans la logique du budget-programme adopté depuis 2022, et qui pourrait signer le retour de technocrates chevronnés comme Moussa Cissé et Elhadj Gando Barry, mais aussi la consécration de profils discrets et rigoureux comme Benoît Kamano].
En signant un décret présidentiel le 30 juin, le Général de Corps d’Armée Mamadi Doumbouya, Président de la Transition, a opéré un redécoupage majeur de la structure gouvernementale guinéenne. Une réforme qui, derrière son apparence administrative, traduit une ambition assumée : moderniser l’appareil d’État pour le rendre plus efficace, plus agile et plus performant.
Derrière cette décision, certains détracteurs dénoncent déjà une manœuvre électoraliste visant à recomposer des équilibres politiques internes. Mais à y regarder de plus près, cette réorganisation s’inscrit dans la continuité d’une transformation engagée depuis 2022 avec l’adoption du budget-programme, un mécanisme qui impose désormais aux ministères de fonctionner avec des objectifs clairs, des résultats mesurables et des budgets alignés sur la performance.
UNE RÉFORME STRUCTURELLE SANS PRÉCÉDENT DEPUIS 2010
Le gouvernement guinéen connaît ainsi l’un des plus grands bouleversements de son architecture depuis plus d’une décennie.
Cinq ministères sont démantelés pour donner naissance à dix nouveaux départements spécialisés :
– Le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage est scindé en deux entités distinctes.
– Le ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures devient le ministère de l’Énergie et celui de l’Hydraulique et des Hydrocarbures.
– Le portefeuille du Commerce, de l’Industrie et des PME est séparé entre un ministère du Commerce et un ministère de l’Industrie et des PME.
– Le ministère de la Jeunesse et des Sports est scindé en deux départements autonomes.
– Le ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat est redéployé entre un ministère de la Culture et de l’Artisanat, et un ministère du Tourisme et de l’Hôtellerie.
Une recomposition qui répond, selon la présidence, à la nécessité de clarifier les responsabilités, d’améliorer la chaîne de décision, et d’accélérer la mise en œuvre des politiques publiques.
ALIGNEMENT AVEC LE BUDGET-PROGRAMME : la clé de lecture stratégique
Depuis janvier 2022, la Guinée s’est engagée dans la mise en œuvre du budget-programme, en conformité avec les standards de la CEDEAO et de l’UEMOA. Ce changement de paradigme oblige l’administration publique à fonctionner selon une logique de performance : chaque ministère est responsable de programmes budgétaires, avec des indicateurs de résultats, des objectifs précis et des engagements de redevabilité.
Dans ce contexte, le redécoupage gouvernemental ne relève pas d’un simple ajustement politique. Il devient un impératif organisationnel, permettant de faire correspondre les structures administratives aux nouvelles exigences du pilotage par la performance.
« On ne peut pas continuer à demander à un seul ministre de porter des secteurs aussi vastes que l’agriculture et l’élevage, ou que le commerce et l’industrie, quand chaque domaine a ses propres défis, ses propres objectifs et ses propres budgets-programmes à exécuter », glisse un haut cadre du ministère du Budget.
VERS LE RETOUR DES TECHNOCRATES… ET LA CONSÉCRATION DE CERTAINS ?
Cette réforme administrative ouvre inévitablement la voie à la recomposition des équipes gouvernementales. Dans les coulisses du pouvoir, les noms de Moussa Cissé, ex-ministre de l’Économie et des Finances, Elhadj Gando Barry, ancien Secrétaire Général du Ministère du Budget, ex-ministre des Travaux Publics et aujourd’hui Directeur Général de l’Électricité de Guinée (EDG), ainsi que Benoît Kamano, actuel Ministre Secrétaire Général du Gouvernement, circulent avec insistance.
Tous incarnent une génération de technocrates aguerris, familiers des arcanes de la réforme publique.
Moussa Cissé , unanimement reconnu pour son intégrité, sa loyauté républicaine et son sens aigu de l’État, a su incarner un leadership discret mais ferme, capable d’asseoir la discipline budgétaire et d’assurer la crédibilité financière du pays.
Elhadj Gando Barry , véritable maître d’œuvre technique de la mise en œuvre du budget-programme sous le leadership de Moussa Cissé, s’est illustré par sa rigueur méthodologique et sa parfaite maîtrise des réformes structurelles. Son parcours, allant de la gestion budgétaire aux infrastructures, puis à la direction de l’EDG, témoigne d’une polyvalence rare et précieuse.
Benoît Kamano , discret mais essentiel dans l’architecture de l’État, voit aujourd’hui son parcours couronné par une consécration pleinement méritée. Il s’est notamment distingué par des réalisations concrètes et visibles : la construction de l’imprimerie du gouvernement, puis la dématérialisation du Journal Officiel de la République, autant d’avancées symboliques d’une administration en pleine modernisation.
Le retour ou la montée en puissance de ces profils, loin de répondre à des calculs politiques, apparaît comme une nécessité fonctionnelle. Car la conduite de cette réforme de fond exige des profils capables d’allier expertise technique, rigueur managériale et sens aigu de l’État.
LES DÉFIS DE LA RÉFORME
Mais le chantier reste colossal.
Assurer la continuité de l’action publique malgré la redéfinition des périmètres ministériels.
Adapter les ressources humaines, les systèmes d’information et les chaînes financières aux nouvelles structures.
Rendre opérationnels les nouveaux ministères tout en maîtrisant l’impact budgétaire de cette expansion administrative.
Former rapidement les agents publics à la logique du budget-programme, encore insuffisamment assimilée dans certains segments de l’administration.
Un ancien haut fonctionnaire du ministère de l’Économie résume : « La vraie réforme commence maintenant. Le découpage, c’est la partie visible. Derrière, il faut revoir les organigrammes, recruter des compétences adaptées, installer de nouveaux outils de suivi et garantir la coordination entre ministères. »
UNE VISION DE LA REFONDATION QUI SE PRÉCISE
Avec cette réorganisation, le Général Mamadi Doumbouya confirme sa volonté de ne pas simplement piloter une transition politique, mais de laisser en héritage un appareil d’État modernisé, apte à relever les défis de la gouvernance contemporaine.
À rebours des accusations de clientélisme ou de recomposition politicienne, cette réforme s’inscrit dans la continuité d’une ambition technocratique déjà amorcée dès la mise en œuvre du budget-programme.
Reste à savoir si la nomination des futurs ministres confirmera cette orientation vers une gouvernance plus technique, plus performante et plus accountable. Et si, dans ce casting à venir, certains retours attendus, comme ceux de Moussa Cissé ou Elhadj Gando Barry, ainsi que la consécration de profils méritants comme Benoît Kamano, viendront incarner cette exigence.
Par CAMARA Abdoulaye Tiranké
L’article La grande réorganisation de Doumbouya, entre vision technocratique et exigence de résultats (Par CAMARA Abdoulaye Tiranké, Juriste et Banquier est apparu en premier sur Actuguinee.org.