“Kassory et les autres”: la passion à l’assaut de la raison (Par Tibou Kamara)

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“La bêtise insiste toujours”, disait Camus. Tout comme les forcenés possédés par une plume maléfique ou piqués par la folie irrémédiable, voire les deux à la fois, ne tiennent jamais longtemps que dans une camisole de force ou bien tenus par une bonne longueur de laisse. On ne va pas s’apitoyer sur leur sort peu enviable ni les plaindre de subir une malédiction liée à de sombres “péchés originels”.
Chacun récolte ce qu’il a semé, et assume l’héritage familial, aussi lourd soit-il.

Certes, la justice est une œuvre humaine, donc imparfaite. Il arrive qu’elle laisse courir des coupables et incarcère des innocents. La société, elle, prise dans le tourbillon des urgences contemporaines, n’a ni le temps ni l’énergie de s’attarder sur chaque cas désespéré ou de jouer les psychanalystes pour âmes en dérive. Chacun peut s’inviter dans le débat public, même si c’est pour y exposer son mal-être, et crier la douleur d’un échec personnel ou d’une tragédie familiale.
Mais lorsque des esprits égarés persistent dans la diffamation et recyclent leurs obsessions, il devient nécessaire de leur rappeler certaines réalités, y compris les parts d’ombre de leur propre lignée, comme récemment. Il n’y aura ni répit ni concession face à la calomnie. Il faut, chaque fois que cela est nécessaire, parler le langage que chacun comprend et retourner aussi les amabilités. C’est une règle élémentaire de courtoisie.
Face à certains procès d’intention, la plume se doit d’être ferme et courtoise, mais sans trembler.
Le courage se prouve au front, pas dans des procès douteux intentés contre des personnalités honorables. L’obsession maladive pour autrui trahit souvent une déchirure intérieure, un tourment que ni la raison ni le temps n’arrivent à apaiser.

Quoi qu’il en soit, la justice ne se nourrit pas de rancunes. Elle ne saurait obéir aux passions ni à la haine qui rongent certains cœurs. L’invective publique et les divagations stériles ne font pas le droit. Si dans le principe, tout le monde est égal devant la loi, dans les faits, les réalités sont souvent plus complexes et moins équitables. Ici et ailleurs existent des facteurs qui peuvent infléchir les trajectoires judiciaires et créer des traitement différenciés. L’État de droit, dont certains « procureurs autoproclamés » évitent soigneusement de questionner la réalité, repose sur des principes intangibles : l’égalité de tous devant la loi mais aussi la présomption d’innocence. Il est toujours plus facile de s’en prendre à ceux qui ne peuvent se défendre que d’affronter les vrais sujets qui dérangent.

Kassory Fofana, il est vrai, a été ministre de l’Économie et des Finances, comme lointain successeur d’un autre dont on ne peut se souvenir que du physique ingrat et de la lourde facture laissée au pays qu’il ne soldera jamais, car rappelé à Dieu qui, lui aussi, demande toujours des comptes. Heureusement.
Kassory, par la suite, fut Premier ministre. Quand on a eu un ministre éphémère et décrié parmi les siens, on peut ne pas pardonner à d’autres d’avoir servi dans cette fonction avec plus d’éclat et de succès.
Kassory est plus coupable encore à leurs yeux d’avoir atteint le sommet de la pyramide. Il faudrait presque s’excuser d’avoir mieux réussi que d’autres, pour apaiser la jalousie de ceux que Dieu a recalés.
C’est le souhait de beaucoup de compatriotes de voir les autres souffrir ou périr, pour bien se sentir ou avoir le sentiment d’exister, de gagner quelque chose aussi.

Il est bon à savoir qu’il n’y a ni peur ni faiblesse chez ceux qui se sont exposés à la lumière, ou sont passés déjà par la case prison, en raison de leurs convictions, de leur engagement républicain et de leur combat démocratique. Ils ne craignent pas l’épreuve, ni ne plient devant l’adversité. Bien sûr, ceux qui n’ont jamais osé descendre dans l’arène, prêchent dans le désert depuis des années loin du pays, dans la morosité et la dépression de l’exil, la frustration et la colère d’être réduits à envier aux autres leur ascension et leur rayonnement, ne le savent pas, ignorants de tout. On est maintenant habitué à l’inversion de charges et de rôles dans un pays d’impostures où, fort heureusement, certaines digues n’ont pas encore cédé à la dépravation morale et à la médiocrité ambiante.
La justice, vraie et authentique, vertueuse et impartiale, la vérité nourrie de faits et argumentée de preuves, triomphera toujours de tous les travers, des imprécations et des interpellations haineuses.

Ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire. Les acteurs ayant acquis une légitimité et les voix autorisées domineront l’actualité et capteront l’intérêt de l’opinion. N’en déplaisent aux grognards éternels, aux âmes aigries qui jalousent un destin auquel ils ne peuvent prétendre.
Kassory et ses soutiens n’attendent ni compassion ni sympathie, surtout pas de la part d’êtres insignifiants et de consciences débridées. Ils ont montré qu’ils savaient se battre seuls. L’avenir en témoignera.

Tibou Kamara

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