Guinée : une étude de la CERREGUI révèle des progrès notables dans la lutte contre les mutilations génitales féminines

il y a 2 heures 18
PLACEZ VOS PRODUITS ICI

CONTACTEZ [email protected]

Comme indiqué dans une de nos précédentes dépêches, un atelier de dissémination des résultats de la recherche sur la « mise à l’échelle des services de prévention et de prise en charge des complications des mutilations génitales féminines dans les centres de soins primaires en Guinée et au Kenya, application en Guinée » s’est tenu ce mercredi 12 novembre 2025, dans un réceptif hôtelier de Conakry. L’événement, organisé par la Cellule de Recherche en Santé de la Reproduction en Guinée (CERREGUI), en collaboration avec le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique et avec l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a réuni plusieurs acteurs du système de santé et de la recherche, a appris Guineematin.com à travers une équipe de reportage.

Un problème de santé publique et une violation des droits humains

Les mutilations génitales féminines (MGF) touchent environ 230 millions de femmes et de filles dans le monde, selon l’OMS. Considérées comme une grave violation des droits humains et une forme extrême de discrimination basée sur le sexe, elles ont également des conséquences sanitaires majeures.

Consciente de l’ampleur du phénomène, l’OMS a développé une approche innovante de communication centrée sur la personne (CCP), destinée aux infirmières et sages-femmes, afin de renforcer leurs compétences en matière de prévention des MGF et d’améliorer le dialogue avec les patientes.

Après des résultats probants lors d’une première phase expérimentale menée en 2020 en Guinée, au Kenya et en Somalie, la Guinée et le Kenya ont été retenus pour la mise à l’échelle de cette approche.

Une étude menée à Conakry et Faranah

En Guinée, la recherche a été conduite dans 51 établissements de soins primaires (16 à Conakry et 35 à Faranah). Au total, 212 agents de santé ont été formés à la communication centrée sur la personne et 1 520 clientes ont été suivies. L’étude s’est appuyée sur un modèle d’évaluation avant et après la mise en œuvre, avec des suivis à trois et neuf mois.

Les prestataires ont reçu des outils adaptés (guides cliniques, affiches, lignes directrices) et ont bénéficié d’un accompagnement technique rigoureux. Les données ont été analysées à l’aide du logiciel Stata 19.

Des résultats encourageants pour les patientes et les prestataires

Les résultats montrent une évolution positive des attitudes face aux MGF. La proportion de personnes défavorables à l’excision est passée de 19,37 % à 44 % à Conakry, et de 28,57 % à 54,85 % à Faranah. Globalement, la part des participantes fortement opposées aux MGF est passée de 38,4 % à 53,2 %. De même, celles qui ne prévoyaient pas de faire exciser leurs filles sont passées de 53,7 % à 73,4 %, particulièrement à Conakry (de 56,8 % à 64 %).

L’application du guide ABCD de la CCP par les prestataires s’est nettement améliorée : le pourcentage de patientes interrogées sur leur statut d’excision est passé de 9 % à 54 %, celles ayant reçu des informations sur les risques des MGF de 13 % à 71,2 %, et celles à qui les prestataires ont expliqué les raisons d’éviter les MGF de 12,5 % à 71,4 %.

La satisfaction des patientes concernant la manière dont les prestataires ont abordé la question des MGF a, elle aussi, augmenté de 24 % à 70,4 %.

Résultats pour les prestataires de santé

Plus de 90 % des prestataires rejettent désormais l’idée qu’une fille non excisée soit une honte pour sa famille. Ils sont également de plus en plus nombreux à refuser l’idée que les MGF soient une obligation religieuse (de 81,2 % à 95,3 % entre le mois 0 et le mois 9). Leur confiance dans leurs connaissances sur les MGF s’est aussi accrue : de 34 % à 72 % après neuf mois de formation.

Enfin, presque tous soutiennent l’intégration des conseils de prévention des MGF lors des visites de routine dans les structures de santé (de 97 % à 100 %).

Face à la presse, le Pr Mamadou Diouldé Baldé, coordinateur de la CERREGUI, est revenu sur le processus ayant conduit à ces résultats.

Pr Mamadou Diouldé Baldé, coordinateur de la CERREGUI

« C’est tout un engagement. Nous avons reçu le mandat du ministère de la Santé pour poursuivre cette activité. C’est la troisième grande étape de recherche que nous menons dans la lutte contre les mutilations génitales féminines, un véritable fléau pour notre pays », a-t-il expliqué.

Il a ajouté que cette étude s’inscrit dans la continuité des efforts visant à comprendre et réduire la pratique des MGF à travers une approche scientifique et communautaire. « Avec l’appui de l’OMS et du ministère, nous avons expérimenté la communication centrée sur la personne auprès des femmes enceintes lors des consultations prénatales, afin de les conseiller et les encourager à éviter l’excision de leurs filles », a précisé le Pr Baldé.

De son côté, Christina Pallitto, responsable des pratiques néfastes à l’OMS (Genève), a salué ces résultats.

Christina Pallitto, responsable pratiques néfastes à OMS Genève

« Les prestataires de santé peuvent être des leaders d’opinion dans la lutte contre les mutilations génitales féminines. Les résultats guinéens sont impressionnants et peuvent inspirer d’autres pays. La recherche peut influencer les politiques, les programmes et les services offerts aux communautés », a-t-elle déclaré.

Ibrahima Sory Abdoulaye Camara, chargé de la planification, de la recherche et de la formation dans le district sanitaire de Dabola, a également réagi.

Ibrahima Sory Abdoulaye Camara, représentant du DPS de Dabola

« Pour un bon développement, la base, c’est la recherche. Nous devons disséminer ces résultats auprès des autorités compétentes afin d’aboutir à l’abandon total de la mutilation génitale chez les jeunes filles », a-t-il plaidé.

Cet atelier marque une étape décisive dans la lutte contre les mutilations génitales féminines en Guinée. En s’appuyant sur des preuves scientifiques et en renforçant les capacités des prestataires de santé, le pays franchit un nouveau pas vers la réduction durable de cette pratique, encore largement répandue malgré les efforts consentis.

L’objectif de la CERREGUI et de ses partenaires est clair : faire des structures de santé de première ligne des espaces de prévention, d’écoute et de soins pour toutes les femmes et filles exposées ou affectées par les MGF.

Kaïn Naboun TRAORÉ et Thierno Hamidou BARRY pour Guineematin.com

Tél. : (+224) 621 144 891

The post Guinée : une étude de la CERREGUI révèle des progrès notables dans la lutte contre les mutilations génitales féminines first appeared on Guineematin.com.

L’article Guinée : une étude de la CERREGUI révèle des progrès notables dans la lutte contre les mutilations génitales féminines est apparu en premier sur Guineematin.com.

Lire l'article en entier