Fermeture d’unités de production d’eaux: « J’appelle à une approche différenciée, lucide et responsable » (Danda)

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L’Expert en charge de l’accompagnement des PME et du développement d’écosystème entrepreneurial Danda Diallo, a réagi suite à la fermeture de plusieurs unités de production d’eau non conformes, par le ministère en charge du commerce et de l’industrie.

Selon lui, l’objectif visé est salutaire mais il faut plutôt formaliser, régulariser et renforcer ces unités de production capables de répondre aux standards de qualité, de créer de l’emploi, et de contribuer durablement à l’économie du pays.

Plus loin, cet expert a préconisé une approche intelligente, de catégorisation, d’accompagnement et de structuration.

« Cette ambition mérite d’être saluée. Elle est légitime. Elle est même nécessaire, en particulier dans un secteur aussi sensible que celui de l’eau et des boissons. Mais encore une fois, c’est l’approche qui interroge profondément. Plutôt que de bâtir une démarche progressive, structurée et différenciée, l’action actuelle du Ministère repose sur une fermeture de 1 724 unités industrielles, sans distinction claire de leurs niveaux de conformité, ni de leur trajectoire d’évolution. Pire encore, la communication institutionnelle choisit de mettre en avant le plus mauvais exemple, celui d’unités visiblement insalubres, pour justifier l’ensemble de l’opération sur les 1 724 unités. C’est une erreur stratégique majeure. Dans la liste de ces 1 724 unités, on retrouve des sociétés d’envergure nationale, telles que Salam, Cristal, et des dizaines d’autres, qui ont investi massivement dans la qualité, modernisé leurs installations, et passent régulièrement par les laboratoires d’analyse du même Ministère pour faire certifier leurs produits avant mise en marché. En les mettant dans le même panier que des unités non déclarées ou manifestement dangereuses, l’État envoie un signal dévastateur : aux yeux de l’opinion publique aujourd’hui, toutes les eaux produites localement sont désormais suspectes. Et cela aura des conséquences graves et durables, car une image collective est en train de s’ancrer — celle d’un secteur défaillant, sans distinction. Cette perception, injuste pour ceux qui font des efforts, affaiblira durablement la confiance dans la production locale, et ouvrira un boulevard aux produits étrangers et à la concurrence des multinationales. Ce que l’on gagne en rigueur à court terme, on risque de le perdre en résilience économique à moyen et long terme. Dans ma lettre ouverte à Madame la Ministre, j’ai proposé une alternative constructive, catégoriser les unités industrielles selon leur niveau de conformité, et accompagner celles qui ont un potentiel réel d’évolution. Nous pourrions ainsi formaliser, régulariser et renforcer entre 200 et 300 unités industrielles solides, capables de répondre aux standards de qualité, de créer de l’emploi, et de contribuer durablement à l’économie du pays. Ce qui frappe, dans cette situation, c’est le silence assourdissant des fédérations, des syndicats d’entreprises, du patronat etc.  Aucune voix ne s’élève pour expliquer, nuancer, ou défendre ceux qui travaillent correctement. Ce silence révèle une grande faiblesse de notre écosystème. L’absence de représentation structurée des entreprises, capables de dialoguer avec l’État sur un pied d’égalité. L’assainissement de l’industrie, comme le commerce, l’agriculture etc. est une exigence légitime. Mais il doit s’appuyer sur une approche intelligente, de catégorisation, d’accompagnement, de structuration. Sinon, il devient un outil de destruction de masse de PME. Et le pays paiera cette confusion très cher. Je réitère ici mon appel à une approche différenciée, lucide, et plus responsable », a-t-il expliqué dans un entretien.

Saidou Barry

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