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La Cour d’appel de Conakry a confirmé, mercredi 28 mai 2025, la peine de deux ans de prison prononcée en première instance contre Aliou Bah, président du Mouvement Démocratique Libéral (MoDel). Il était poursuivi pour “offense” et “diffamation” à l’encontre du chef de l’État, le général Mamadi Doumbouya. Cette décision judiciaire suscite de vives réactions, notamment au sein de la classe politique.
Parmi les voix les plus critiques, celle de Faya Lansana Millimouno, président du Bloc Libéral (BL), qui, dans un entretien accordé à Guinée360.com, a exprimé son indignation. “Je suis très déçu par l’évolution des choses. Après la condamnation d’Aliou en première instance, beaucoup de personnes, y compris moi-même, espéraient que la cour d’appel allait libérer, purement et simplement, Aliou Bah”, a regretté l’ancien ministre.
Faya Millimouno remet en question la base légale même de la poursuite engagée contre le leader du MoDel. “Lorsqu’on parle ‘d’offense au chef de l’État’, c’est quelque chose que la Guinée a copié de la littérature légale française. Depuis longtemps, même en France, on a considéré que ça limitait les droits et libertés des personnes. C’est pourquoi cette loi a été abolie depuis très longtemps. Alors, je trouve cela comme étant simplement une dynamique de confiscation des droits et libertés, dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Je suis vraiment très déçu”, a-t-il dénoncé.
Selon lui, cette condamnation ne serait qu’un maillon d’un dispositif plus large visant à museler les voix critiques dans le pays. “C’est clair parce que les médias d’abord ont été attaqués. Aujourd’hui, vos confrères de Djoma, du groupe Hadafo, d’Espace et de FIM FM sont fermés. Suivie de la disparition forcée de Foniké Mangué, de Billo Bah, de votre confrère Habibe Marouane Camara. Mais également, le jour où on a appris le décret de la dissolution des partis politiques, nous avons compris que nous sommes dans une logique globale d’assaut sur les lois et les libertés en Guinée”, a déploré Faya Millimouno.
Appelant à une mobilisation politique face à cette situation, le leader du Bloc Libéral exhorte l’opposition à organiser une riposte collective. “Il faut que l’ensemble de la classe politique s’organise pour créer une résistance. Parce que si nous nous inscrivons dans la logique de Martin Niemöller, auteur allemand de la Seconde Guerre mondiale, qui disait : ‘Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste’. ‘Un jour, ils sont venus me chercher. Et ce jour-là, il n’y avait pas de communistes.’ Et il n’y avait plus personne pour protester”, a-t-il averti.
Le leader politique insiste : la société guinéenne doit prendre conscience de l’ampleur de la menace. “Ceci dit, il faut que la classe politique guinéenne et la société comprennent qu’hier, c’était Hadafo Media, FIM FM, et Djoma. Hier, c’était Abdul Sacko, Foniké Mangué, Billo Bah, Habibe Marwan Camara, Saadou Nimaga. Aujourd’hui, il y a peut-être d’autres, Aliou Bah, qui vient d’être renvoyé à la Maison Centrale”, a-t-il lancé, dans une mise en garde à peine voilée.
Et de conclure, inquiet : “Demain, ça peut être n’importe qui parmi nous. N’attendons pas à ce que cela continue. Sinon, le jour qu’on viendra à chacun, il n’y aura plus personne pour protester. On aura donc assisté à l’enterrement des droits et libertés pour lesquels tant de Guinéens ont perdu la vie”, a-t-il insisté.
Il faut noter qu’avant de fonder son parti le MoDeL, Aliou Bah était responsable de communication du BL, dirigé par Faya Millimouno.
L’article Faya Millimouno : “Aujourd’hui c’est Aliou Bah, demain ça peut être n’importe qui” est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.