Accueil des pèlerins : l’imam Mohamed Ramadan déplore des pratiques non recommandées par l’islam (Entretien)

il y a 10 heures 54
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Ces derniers temps en Guinée, des cérémonies grandioses sont organisées en l’honneur des pèlerins guinéens à leur retour de la Mecque.

Des rassemblements souvent initiés par leurs proches, avec port d’uniformes, fanfare, chants et danses, sont désormais monnaie courante dans certaines localités du pays.

Des pratiques qui, selon l’imam Mohamed Ramadan Bah, prédicateur islamique, ne sont nullement recommandées par la religion musulmane.

Il s’est exprimé sur le sujet au micro de notre rédaction ce mardi 1er juillet 2025.

Lisez l’intégralité de l’entretien :

Mosaiqueguinee.com : Imam Mohamed Ramadan, bonjour. Un phénomène devient de plus en plus fréquent en Guinée : à leur retour de la Mecque, certains pèlerins sont accueillis dans une ambiance festive avec chants, danses, cortèges, vêtements cousus pour l’occasion, parfois même comme lors d’un mariage. En tant qu’imam, quel est votre regard sur cette pratique ?

Imam Mohamed Ramadan :

Merci pour cette question pertinente. Il faut d’abord rappeler que le pèlerinage à la Mecque est un acte d’adoration très important en islam. Le musulman qui accomplit le Hajj le fait pour chercher la proximité d’Allah, pour effacer ses péchés et gagner des récompenses spirituelles.

Mais ce que nous voyons aujourd’hui, ces fêtes spectaculaires organisées au retour des pèlerins, ne sont pas du tout recommandées par la religion. Organiser des cortèges, faire appel à des caméramans, allumer des sirènes, chanter, danser… tout cela relève de l’ostentation. Et en islam, lorsqu’une adoration est entachée d’ostentation, elle peut être rejetée par Allah. C’est un point très sérieux.

Imam, cela veut-il dire que l’islam ne recommande aucune de ces pratiques ?

Imam Mohamed Ramadan :

L’islam ne recommande rien de tout cela. Le retour du pèlerin doit être un moment de recueillement et d’action de grâce. Coudre des uniformes, rassembler des foules, faire des dépenses excessives… tout cela est inutile et parfois blâmable. Le véritable accueil consiste à faire des invocations pour le pèlerin, à l’encourager à maintenir sa piété, et non à l’exposer dans des célébrations exagérées.

Peut-on considérer ces cérémonies comme une innovation religieuse (bid‘ah) ?

Imam Mohamed Ramadan :

Effectivement. Ce sont des pratiques innovées qui ne reposent sur aucune base dans la Sunna du Prophète (paix et salut sur lui). Ce que nous voyons aujourd’hui découle souvent de l’ignorance religieuse ou de l’influence des coutumes locales, mais ce n’est pas islamique.

Il arrive aussi qu’au retour de la Mecque, certains pèlerins serrent la main de femmes étrangères ou font des accolades. Quel est votre avis là-dessus ?

Imam Mohamed Ramadan :

C’est très grave. En islam, serrer la main d’une femme étrangère ou faire des accolades est formellement interdit. Et voir ces gestes juste après un pèlerinage est encore plus choquant. Cela contredit la pureté spirituelle que le Hajj est censé apporter. Le pèlerin doit revenir avec plus de piété, pas tomber dans des comportements interdits dès son arrivée à l’aéroport.

Et concernant les cadeaux que les pèlerins offrent à leur entourage, est-ce une obligation religieuse ?

Imam Mohamed Ramadan :

Non, offrir des cadeaux n’est pas une obligation. S’il ramène quelque chose, c’est un geste louable, mais s’il ne le fait pas, on ne doit pas le blâmer. Malheureusement, certains disent : « Il est allé à la Mecque, mais il ne nous a même pas rapporté un bonnet ou un tapis ! ». Ce genre de mentalité n’est pas conforme à l’esprit du Hajj. Le pèlerin ne va pas à la Mecque pour remplir ses valises de souvenirs, mais pour chercher la miséricorde d’Allah.

Entretien réalisé par Hadja Kadé Barry

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